Plusieurs hommes politiques guinéens ont été interrogés et retenus toute la journée lundi par les gendarmes, et l'opposition dénonce une nouvelle tentative de la junte au pouvoir pour museler la dissidence.
Fodé Oussou Fofana, Cellou Baldé, Bano Sow, Mamadou Sylla, Dembo Sylla, Pépé Francis, Etienne Soropogui et Bouya Konaté sont poursuivis pour leur participation ou leur soutien aux manifestations anti-junte de la semaine passée, a dit l'un de leurs avocats, Me Salifou Béavogui, près des locaux de gendarmerie de Conakry où ils ont été interrogés.
Ils ont été relâchés dans la soirée, a constaté un correspondant de l'AFP. Ils doivent se représenter jeudi, a dit à la presse un autre avocat, Me Alsény Aïssata Diallo.
La justice a ordonné des poursuites contre les organisateurs des manifestations, contre ceux qui y ont participé, et contre les leaders d'opposition qui ont soutenu l'appel à manifester lancé par le Front national de défense de la Constitution (FNDC).
La contestation a donné lieu à des heurts qui ont fait trois morts jeudi et deux autres vendredi dans plusieurs quartiers de la banlieue de Conakry.
La junte qui a pris le pouvoir en septembre 2021 a interdit toute manifestation et prononcé la dissolution du FNDC, quasiment la dernière organisation à mobiliser sur le terrain. Les grands partis d'opposition avaient apporté leur soutien à la manifestation.
L'opposition accuse la junte de confisquer le pouvoir et de faire taire toute voix discordante à coup d'arrestations de personnalités politiques ou de la société civile, et d'enquêtes judiciaires.
L'Alliance nationale pour l'alternance et la démocratie (Anad), une coalition de partis et d'associations, avait dénoncé dimanche dans un communiqué la convocation des leaders politiques le lendemain devant les gendarmes comme "une illustration parfaite de la volonté (de la junte) et de son gouvernement (d')instrumentaliser la justice pour intimider, museler, arrêter, pour faire taire toutes les voix discordantes".
Le FNDC avait été à l'origine de manifestations en juillet et septembre. Cinq personnes avaient été tuées en juillet, et deux en août. Il appelle à nouveau à manifester le 26 octobre.