Guinée-Bissau: Enquête sur l’Airbus A-340, Nuno Nabiam saisit l’Union Africaine, Embalò panique


Rédigé le Samedi 4 Décembre 2021 à 13:05 | Lu 408 fois | 0 commentaire(s)



Le Premier ministre Nuno Nabiam a alerté sur les menaces de mort proférées contre le député du Mouvement pour l’Alternance Démocratique (Madem-G15), José Carlos Monteiro, par ailleurs Président de la Commission de défense et de sécurité – qui se réfugie actuellement à Lisbonne et le président de l’Autorité nationale de l’Avion Civile qui subissait le même traitement depuis qu’ils ont voulu accéder aux documents de l’avion mystérieux, demande une enquête internationale.


Le Mortal Kombat annoncé par Atlanticactu il y a quelques jours entre le Premier ministre Nuno Nabiam Gomez et le « général » Umaru Embalò, s’est emballé avec les nouvelles proportions prises par l’enquête déclenchée au sujet de l’Airbus A-340 autorisé à atterrir à Bissau par la présidence de la République, le mois d’octobre dernier. L’avion âgé de plus de 26 ans, ancienne propriété de la Kuwait Airways, est dans la catégorie des coucous utilisés par les trafiquants d’armes ou de drogue pour convoyer en aller simple, une cargaison prohibée. Plus inquiétant, depuis 2020, l’Airbus n’a plus de propriétaire officiel selon les documents obtenus par Atlanticactu.

Le Premier ministre Nuno Nabiam tient à son enquête internationale. Ce qui d’ailleurs est à l’origine de la présence à Bissau, d’une société américaine qui est chargée de définir la cargaison transportée par cet Airbus dont le personnel -de nationalité turque – accueillis par Califa Soares Cassamà, le chef de cabinet de Umaru Embalò. D’ailleurs, c’est ce dernier qui après le séjour de plusieurs jours dans un hôtel à Bissau des membres d’équipage du mystérieux Airbus, les reconduira à l’aéroport.

L’avion a quitté Banjul pour Bissau, car les autorités gambiennes actuellement en pleine campagne électorale, avaient refusé la présence dudit aéronef. Pour quelles raisons ? L’enquête lancée par le Premier ministre Nuno Nabiam, risque de faire beaucoup de dégâts.

Depuis le le 29 octobre dernier, date à laquelle l’Airbus a atterri à Bissau dans la grande opacité, avec comme seule autorisation, un coup de fil du chef de cabinet de Umaru Embalò, la tension entre ce dernier et le Premier ministre Nuno Nabiam, va crescendo. Tous les coups sont permis entre les deux hommes, qui s’étaient coalisés pour autoproclamer le « général » président élu en plein processus électoral.

Pour Umaru Embalò, l’avion est la propriété d’investisseurs gambiens désireux d’ouvrir un atelier de maintenance d’aéronefs et qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Pour le camp du Premier ministre, tout indique que l’avion transportait soit des armes soit de la drogue et c'est ce qui est à l’origine de la demande d’enquête internationale lancée par Nuno Nabiam dans un courrier en date du 12 novembre dernier.

Après l’enquête confiée à une société américaine, le Premier ministre Nuno Nabiam saisit officiellement l’Union Africaine. Une décision qui sème la panique chez le « général » qui, habituellement, voyageait toutes les semaines, décide de ranger son jet privé et fait moins d’apparitions publiques. Convoqué à Dakar, Nuno Nabiam dit niet et avertit les soutiens de Umaru Embalò.

Pour de nombreux observateurs de la scène bissau-guinéenne, le Premier ministre Nuno Nabiam qui n’a pas cessé d’avaler des couleuvres depuis son compagnonnage avec le « général », compte terminer le travail. Malgré les demandes pressantes de certains chefs d’état Ouest africains connus pour leur proximité avec Umaru Embalò, le Premier ministre et leader de l’API reste droit dans ses bottes.

« Nuno Nabiam a tout accepté, Umaru Embalò l’a humilié à plusieurs reprises et à chaque fois, il était appelé à Dakar pour arrondir les angles. Mais, cette fois-ci, Embalò a franchi le Rubicon en humiliant publiquement le Premier ministre devant des invités et devant les caméras de télévision, lors de la célébration de la Journée des Forces Armées », renseigne Alcida Da Veiga, un proche de Nuno Nabiam. Et de s’exclamer: « Comment un pseudo président peut-il ignorer la main d’un Premier ministre lors d’une cérémonie officielle et devant des hôtes étrangers ? Umaru Embalò doit savoir que ce pays ne lui appartient pas ».

Pour des proches du « général », « le Premier ministre Nuno Nabiam essaie de nuire à Umaru Embalò parce que l’année dernière, la police judiciaire avait intercepté une importante cargaison de bois qui leur appartenait à lui et au ministre de l’intérieur Botchè Candé. Nuno a toujours cru que c’est Embalò qui était derrière la police judiciaire et c’est pourquoi aujourd’hui, il veut lui faire une mauvaise publicité », confie Serifo Darame, un militant du Madem G-15.

En 2009, selon l’office de l’ONU contre la Drogue et le Crime (ONUDC), des trafiquants sud-américains sont parvenus à acheminer de la cocaïne au Mali, depuis le Venezuela, à bord d’un avion cargo Boeing affrété pour l’occasion. L’avion s’est posé en brousse, sur une piste en terre, et aucune trace de l’équipage et de la cargaison n’a été retrouvée pour le moment. « Il a ensuite voulu décoller et s’est écrasé le 5 novembre ». C’est le syndrome que Nuno Nabiam veut éviter à la Guinée Bissau

Face à cet imbroglio, la commission spécialisée pour la zone de défense et de sécurité du Parlement guinéen, a rapidement ouvert une enquête pour connaître les dessous de la présence de cet avion dans la zone militaire de l’aéroport Oswaldo Vieira. Face au véto de la présidence de communiquer sur l’avion, encore moins de savoir la nature de la cargaison, ladite commission a saisi les autorités de l’aviation civile pour interdire le décollage de Airbus-340.

Par un Memorandum of Understanding (MOU), le Premier ministre Nuno Nabiam requiert à la compagnie américaine Studebaker Defender de mener une enquête afin de déterminer la véritable cargaison de l’avion, qui selon plusieurs sources proches de la Primature, serait des armes. Mais, des armes destinées à qui, quand on sait qu’en Guinée Bissau, seule l’Assemblée nationale peut autoriser l’achat d’armes et en plus, le pays est sous embargo militaire depuis 2012 par le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2048 (2012).

En 2012, l’ONU avait adopté une résolution très ferme envers la Guinée-Bissau, exigeant notamment la restauration de l’ordre constitutionnel, et mettant sous sanctions individuelles les militaires putschistes du 12 avril 2012 dernier. La résolution, adoptée à l’unanimité le 18 mai par le Conseil de sécurité des Nations unies, interdisait toute exportation d’armes vers ce pays.





Cheikh Saadbou DIARRA atlantisactu


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