Au Sud
Les principales avancées, vendredi, se sont faites dans le Sud divisé en trois fronts. Une poussée vers le nord qui s’est traduite au petit matin par la prise de la centrale nucléaire de Zaporijia par les Russes. Les combats de la nuit, aux abords de la plus grande centrale d’Europe, ont fait craindre une catastrophe. Notamment après un début d’incendie dans un laboratoire et un bâtiment de formation, provoqué par des tirs de chars russes. Il a finalement été maîtrisé sans qu’aucune fuite Âradioactive ne soit constatée.
A l’ouest, après s’être emparés de la ville de Kherson jeudi, les Russes sont entrés dans Mykolaïv ce vendredi avant d’être repoussés par les forces ukrainiennes. La ville se trouve au bord du Boug méridional, un fleuve qui bloque le passage des troupes de Vladimir Poutine vers Odessa et leur objectif à terme de contrôler l’ensemble des côtes ukrainiennes sur la mer Noire. C’est a priori ce qui a poussé des unités russes à progresser ce vendredi jusqu’à Voznessensk, le premier point de passage du fleuve à 90 km au nord, se heurtant là aussi à une importante résistance.
Du côté de la mer d’Azov, à l’est, il ne manque qu’un seul port aux Russes pour devenir maîtres de toute la côte qui relierait de la Crimée à Rostov-sur-le-Don. Leur emprise sur Marioupol se resserre. Les troupes progressent doucement mais sûrement dans la périphérie de la ville. Les bombardements ont été ininterrompus pendant plus de quarante heures pour pousser les autorités à capituler.
A Kharkiv
C’est la même stratégie que l’on observe à Kharkiv, la deuxième ville du pays. Jusque-là , les Russes avaient opté pour une offensive terrestre par le nord-est, soutenue par des tirs de saturation sur l’ensemble de l’agglomération. Ce qui leur aurait permis de conquérir près de la moitié de la ville selon l’expert Âmilitaire Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine. Mais depuis ce jeudi, au moins trois groupes de bataillons tactiques tentent de contourner la ville vers le sud. Cela Ân’augure rien de bon pour les habitants puisque cet encerclement devrait s’accompagner de toujours plus de bombardements vers des infrastructures civiles en vue de pousser les autorités locales à la reddition.
A Kyiv
La capitale vit toujours un calme relatif. Son maire, Vitali Klitschko, a fait le point vendredi matin : «Les systèmes de défense aériens fonctionnent, a-t-il assuré alors que des missiles russes ont été interceptés par des batteries S-300. La ville continue de préparer sa Âdéfense. Il y a de plus en plus de checkpoints, de blocs de béton et d’obstacles antichars dans les rues.» C’est en périphérie de la ville que les combats font rage. Les Russes ont tenté vendredi matin une nouvelle percée à Boutcha et Irpin au nord-ouest. Mais globalement les troupes russes avancent très peu. Elles continuent de bombarder sans relâche Jytomyr, à 150 km à l’ouest, pour déborder la résistance ukrainienne.
L’armée russe tente aussi de consolider ses deux axes d’appui au nord-est et à l’est de la capitale : Tchernihiv et Soumy. Là aussi la lutte est âpre : la résistance est forte et donc la pression russe d’autant plus violente. ÂL’armée russe bombarde «méthodiquement les quartiers du sud-est et du sud-ouest de Tchernihiv», selon l’administrateur de la Ârégion Viatcheslav Chaus. Jeudi après-midi, deux écoles et une zone résidentielle ont été visées faisant au moins 47 victimes civiles et des dizaines de blessés. Les autorités locales parlent d’une situation «critique» à Soumy et d’un «enfer» à Okhtyrka, plus au sud.
A l’Est
La situation reste confuse sur le front de l’Est, dans le Donbass. Selon l’Etat-major ukrainien, deux groupes de bataillons tactiques vont «probablement essayer d’avancer en direction d’Izioum» depuis le nord de Louhansk. La ville est déjà lourdement bombardée, et selon l’Institute for the Study of War, l’objectif probable à terme serait «d’attaquer Dnipropetrovsk et Zaporijia par le nord» et ainsi d’enfermer et de bloquer toute retraite des forces ukrainiennes engagées sur les fronts de Donetsk et Louhansk, les deux républiques pro-russes autoproclamées. Une hypothèse appuyée par Michel Goya qui évoque la «présence possible de forces russes à Poltava», à mi-chemin entre Kharkiv et le fleuve Dniepr.