Originaire de la commune de Diankémakhan dans le département de Goudiry, Mariama Cissé a rejoint le domicile conjugal au village de Seno Kawaye. Elle y vit tranquillement avec ses 6 enfants et sa belle-famille, son époux est en Europe depuis bientôt deux ans. Lasse d’attendre, l’épouse de l’émigré se trouve un amant, qui ne tarde pas à l’engrosser.
Dans la nuit du 23 décembre 2018, elle ressent de vives douleurs abdominales et se dirige vers les latrines, où elle accouche, tue l’enfant, l’enveloppe dans un pagne avant de jeter le corps sans vie dans la fosse septique. Mais la situation se complique car la dame saigne abondamment. Elle se rend au district sanitaire de Diankémakhan pour des soins. Sur place, le médecin chef remarque qu’elle vient d’accoucher. Pressée de questions, elle refuse de passer aux aveux, obligeant du coup le médecin à alerter la Gendarmerie de Goudiry.
Conduite à son domicile, Mariama Cissé conduit les gendarmes vers une fosse septique où ils découvrent un nouveau-né enveloppé dans un pagne, en état de décomposition.
Gardée à vue, la femme mariée a été finalement déférée au parquet de Tambacounda pour le délit d’homicide volontaire, avant d’être inculpée, puis placée sous mandat de dépôt.
nterrogée par le magistrat instructeur, elle déclare que dans la nuit des faits, elle souffrait de douleurs abdominales accompagnées de saignements. Elle ajoute qu’elle est allée dans les toilettes où elle a presque aussitôt accouché d’un bébé. S’étant levée brusquement, le cordon ombilical s’est, selon ses dires, coupé tout seul. Elle soutient que le bébé n’était pas vivant, ce qui l’a poussée à envelopper le corps dans un pagne, et à le jeter dans le trou des latrines avant d’appeler au secours. Elle explique qu’elle était enceinte des œuvres d’un individu de passage au village. A la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Tambacounda, Mariama Cissé maintient ses déclarations et persiste à dire que l’enfant était mort né.
Le Parquet est formel. L’accusée a posé un acte qu’elle a mûri. D’ailleurs, le substitut du procureur pense que l’objectif était de se débarrasser de cet enfant qui n’était pas le bienvenu. Alors que son mari, en Europe, l’a abandonnée depuis 2 ans, Mariama est tombée enceinte des œuvres de son copain. Le Parquet a donc requis les travaux forcés à perpétuité en évoquant les articles 285 et 287 du code pénal. La défense assurée par Me Boubine Touré a soulevé des exceptions de nullité de la procédure. Elle a sollicité une peine bienveillante. Après avoir joint les exceptions de la défense au fond, la chambre a mis l’affaire en délibéré pour le 23 janvier prochain.