C'est un peu comme la récompense d'une ambition africaine pour Claude Wilfrid Etoka, l'homme d'affaires congolais, à la tête de la Société africaine de recherche pétrolière et distribution (SARPD-Oil) et de la Petroleum Exploration & Production Africa (PEPA). Les deux sociétés ont présenté samedi 10 août à Oyo les caractéristiques d'un important gisement d'hydrocarbures découvert dans la région de la Cuvette. Le fruit de plusieurs années de recherche pétrolière et surtout de l'audace d'avoir cru au potentiel du pays pour Claude Wilfrid Etoka.
Le gisement dénommé Delta de la Cuvette, est un périmètre en onshore couvrant une superficie de 9 392 m2et selon les explications de Mohamed Rahmani, directeur marketing de la SARPD-Oil, il pourrait produire plus d'un milliard de mètres cubes d'hydrocarbures, dont 359 millions de barils de pétrole, soit près 983 000 barils par jour ! Le Congo, qui a récemment intégré le cartel du pétrole, l'OPEP, peut désormais rêver d'une nouvelle ère de prospérité, et cela grâce à un de ses fils, qui a fait un pari sur un avenir finalement révélé payant.
Au-delà des enjeux pour le pays, la découverte de cet important gisement confirme l'engagement de Claude Wilfrid Etoka, «Will » pour ses intimes, en faveur du développement du Continent. Lui qui a toujours cru à l'Afrique, un Continent où il a massivement investi, après une première expérience professionnelle en Suisse et en France, dans les années 1990, où il a démarré ses activités, avec sa société Delta Marine, comme exportateur de pneus usagers en direction du Congo.
Après cette première expérience enrichissante, il s'est orienté vers les activités maritimes, pétrolières et les services. En 2004, la SARPD-Oil voit le jour, avant de connaître un grand envol au point où dix années après, la société de tradingpétrolier est devenue l'une des cinq premières entreprises dans le domaine sur le Continent.
Depuis 2015, SARPD-Oil détient près de 60 % des parts du marché du pétrole raffiné importé au Congo avec un chiffre d'affaires estimé à un 1 milliard de dollars et un bénéfice net d'environ 50 millions de dollars par an.
L'Afrique, une destination importantes pour ses invetissements
S'il a un temps mené ses activités à Genève, place du négoce international des matières premières, Claude Wilfrid Etoka, a décidé de s'établir depuis 2006 à Casablanca au Maroc, où il a installé le siège et le centre marketing de la SARPD. «Le Maroc, situé à mi-chemin nord-sud et est-ouest, est devenu peu à peu un choix d'évidence. J'y ai trouvé un cadre incitatif à travers la convention d'investissement, un système financier en évolution rapide, des infrastructures robustes, et surtout les compétences humaines en marketing à un prix beaucoup plus compétitif qu'à Genève», expliquait-il alors en 2015 à La Tribune, pour justifier son choix.
C'est depuis le royaume chérifien où il s'est «senti intégré rapidement parmi la communauté des businessmen qui ont intégré le réflexe Afrique qui leur a été inculqué par le roi», selon ses propres mots, que l'homme d'affaires congolais a donné une nouvelle dimension à ses activités en Afrique et principalement au Congo. Ainsi, dans le cadre d'une stratégie de diversification de ses activités, Claude Wilfrid Etoka a consenti un investissement colossal de 350 millions de dollars avec des partenaires malaisiens, dans Eco-Oil Energy SA, une société de droit congolais qui a signé une convention de concession d'exploitation agricole avec l'Etat congolais. Le projet de transformation industrielle d'huile de palme, d'une durée de 25 ans renouvelables , dont 8 années d'exécution, porte sur un périmètre de 50 000 ha renouvelables, dont 5 000 destinés à l'exploitation et 45 000 ha à l'export pour le Biodiesel. A la clé, la création de 5 000 emplois dont 90% sont dédiées aux autochtones. Une décision qui confirme l'engagement social du milliardaire congolais qui s'est toujours donné comme ambition de «contribuer substantiellement au développement économique et social de l'Afrique». Un credo qui transparaît dans toutes ses activités et qui lui a valu en 2015 le prix de «Bâtisseur de l'économie africaine» remis par Donald Kaberuka, alors président de la Banque africaine de développement (BAD), lors d'une cérémonie tenue le 30 avril à Abidjan en Côte d'Ivoire.
Dans la même lancée, en août 2015, fut inaugurée à Moléko, la plus grande usine de margarine du Congo Brazzaville, qui tire ses matières premières des exploitations gérées par Eco Oil Energy, un projet qui tenait à cœur à Claude Wilfrid Etoka et qui fut exposé à la COP21 à Paris, parce qu'il comporte selon lui «une dimension de développement durable de par son aspect intégré, et d'investissement socialement responsable en permettant aux populations qui travaillent sur les exploitations et dans l'usine d'obtenir le juste prix pour leur travail».
Cette incursion réussie dans le secteur de la transformation des produits agricoles s'est faite parallèlement à l'intensification des investissements de SARPD dans le domaine pétrolier. C'est ainsi que Claude Wilfrid Etoka s'est engagé, d'abord avec des partenaires, dans l'exploration au Congo avant de monter en puissance grâce à la création, il y a quelques années, de PEPA. Pour ce faire, l'homme d'affaires a du prendre les choses en main à la suite de certaines réticences de ses anciens partenaires dans Pilatus Energy, sur les cendres de laquelle est née PEPA après un contentieux judiciaire qui a finalement tournée, en 2016, en faveur d'Etoka, lequel en a pris le contrôle et a intensifié les investissements pour qu'au final, les deux sociétés dont il est propriétaire, aboutisse au résultat d'aujourd'hui, avec la découverte du gisement du Delta de la cuvette.
Sans l'audace et la ténacité de l'homme d'affaires, le Congo aurait certainement attendu longtemps avant d'espérer profiter de ses ressources naturelles, à un moment où plus que jamais, le pays qui aspire à l'émergence d'ici 2035, en a grandement besoin.
Avec une fortune estimée à 500 millions de dollars en 2016 par le prestigieux magazine américain Forbes, Claude Wilfrid Etoka poursuit donc son ascension dans le monde africain des affaires et fait désormais de SARPD et de PEPA des acteurs majeurs de la recherche pétrolière en Afrique. A presque 50 ans, ce proche du président congolais Denis Sassou Nguesso (ils sont originaires de la même région d'Oyo) continue à croire au potentiel de son pays et du Continent, une ambition que porte à l'international celui qui est depuis le 20 janvier 2018 et jusqu'en 2022 à la tête du Groupement du patronat de la francophonie (GPF).