La Gambie s’accompagne avec le virus. Se promène avec lui la nuit. L’insouciance d’un pays qui ne semble guère être préoccupé par ce monstre qui a mis à genoux l’économie mondiale. Fait se confiner à nouveau des pays à l’instar de la Grande Bretagne. En Gambie, pays anglophone, le masque est relégué au second plan. La population fait un pied de nez aux règles barrières. En cette veille de fin d’année, les rues de la ville s’animent. Les magasins et restaurants restent ouverts. Le train d’une ville qui est habituée à faire la fête.
A voir ces jeunes écoliers, bravant les interdits, marchant sans le masque, on se dit intérieurement que ce pays anglophone, logé dans la gueule du Sénégal, est épargné de la pandémie qui fait trembler le monde. Pourtant au dernier recensement, le pays comptait au total 3800 cas contre 3660 guérissons et 124 décès. A moins de 72 heures de la fin de l’année 2020, c’était déjà la belle ambiance dans les rues de la capitale gambienne. Des couples se forment, d’autres bras dessus, bras dessous, s’en allaient gaillardement flâner, se donnant même dans la rue des bécots.
De folles embrassades vite interrompues par des regards désapprobateurs. La vie d’une jeunesse insouciante qui se croit dans une ville européenne. La déperdition des valeurs… Dans ce décor d’une ville en fête, prête à enterrer la maudite année 2020, il est rare de croiser une personne avec le masque au visage. Seuls quelques policiers dans les rues, assurant la fluidité de la circulation, en portent. Et paradoxalement, ils l’ont sous le menton.
Banjul, ville festive !
En ce début de soirée, la cité dite Sénégambie est investie par des centaines de personnes. Les bars et autres restaurants de la zone dite touristique accueillent leur monde de fêtards. Et contrairement au Sénégal où les boites de nuit ont été fermées, en Gambie, c’est la belle ambiance qui y prévaut nuit et jour. Les filles de joie s’accointent avec de potentiels clients chez qui elles devinent des victimes à plumer.
A la sortie de cet espace propice à la propagation du virus, un taximan nous hèle. Ils sont nombreux à stationner dans le parking de cet hôtel. « On parle du coronavirus, mais je n’y crois pas trop. En plus, cela ne peut nous empêcher de travailler », lance le taximan avant de héler un autre client qui sortait d’un fast-food. A l’intérieur d’un de ces taxis à la portière largement ouverte, on aperçoit deux filles habillées de façon très sexy. Elles discutent avec le propriétaire de la voiture avec qui elles doivent avoir des relations de travail.
Vêtue d’une mini-jupe qui laisse dévoiler une partie de son corps, on discute avec la demoiselle. Face à notre interpellation sur la légèreté qui prévaut dans la ville malgré la présence de la pandémie, Bineta part d’un fou rire avant de nous lancer sèchement « Monsieur, tu as vu quelqu’un porter un masque ici ? Si c’est pour une partie de plaisir, je suis disposée à t’écouter. Cependant si c’est pour nous parler du port du masque, sachez que tu nous indisposes », dit –elle, tirant rageusement sur sa cigarette.
Au niveau des restaurants, on fait peu fi du port du masque. On accède à l’intérieur sans se préoccuper de ce bout d’étoffe. Une fois attablé, une serveuse, toute souriante, nous présente le menu. Elle ne s’embarrasse pas du port du masque encore moins du gel. Interpellée sur les dispositions prises par le restaurant face à la pandémie, on la trouve fort embarrassée. C’est à peine si elle bafouille ses réponses, ne pouvant rien nous dire. Et même dans les restaurants huppés de la ville, il est rare de voir le personnel porter le masque.
A l’intérieur, on assiste à d’incessants va-et-vient. Les gestes barrières ne semblent guère être une préoccupation. Apparemment, le virus ne fait pas flipper. « Coronavirus ? », rigole Musa, un client sorti d’un hôtel. « Cette maladie ne peut pas m’empêcher de vivre. Je me demande pourquoi vous, les Sénégalais, avez si peur de cette maladie », raille-t-il, nous tapotant le dos avant de nous quitter tout guilleret. Ce délaissement est visible dans presque toutes les rues et avenues de la capitale gambienne.
Aucune disposition au niveau des établissements scolaires
Dans les établissements scolaires, les élèves ne portent pas de masque. Donny vient de récupérer son enfant. Son môme et ses camarades entrent tous dans le véhicule de Donny. Ils s’entassent derrière la 4X4 de l’homme. « Je viens chaque jour récupérer mon enfant et ses amis à l’école. Je les dépose chacun à leurs domiciles respectifs. Je ne dis pas que la maladie n’existe pas, mais elle ne nous fatigue pas. Nous continuons à vivre normalement comme avant. Ce virus ne pourra pas nous faire changer de comportement », dit l’homme, la quarantaine.
A l’intérieur de l’établissement, les élèves portent tous l’uniforme. Un règlement qui est respecté dans toutes les écoles gambiennes. Pour le masque, c’est une exception. Il n’est pas appliqué. A l’école islamique de Imam Adda Habee association, toutes les filles portent le voile. C’est l’heure de la descente. Le jeu des enfants fait soulever la poussière. Barbu, un bonnet bien vissé sur la tête, vêtu d’un boubou et d’un pantalon qui lui arrive à la cheville, Chérif Barro est le secrétaire de l’école islamique. « Nous portons le masque. Cependant, il arrive que les enfants ne le mettent pas tout le temps. N’empêche, nous sommes conscients du danger de la pandémie. On les sensibilise également à l’école de la dangerosité du virus », tente-t-il de nous expliquer alors qu’il ne portait pas le masque.
Une des écolières, accompagnée de ses amies, discute du sujet. « On ne nous a pas remis de masques. C’est pourquoi on n’en porte pas », lance la fille.
Barrow face à la pauvreté
Une restauratrice du nom de Suzanne dans la ville de Soma, moins animée, explique pourquoi le président Barrow n’a pas fermé les boutiques et autres restaurants ou bars. « Il n’ose pas fermer les lieux de vente, les hôtels, les bars et autres. Les gens n’ont que ça pour faire vivre leur famille. S’il le fait, il aura des problèmes avec la population », confie-t-elle. N’empêche, elle soutient qu’il faut noter que la maladie a gâché les fêtes comme il se devait.
Guinée Bissau vit
En Guinée Bissau également, la situation est la même. La vie est même plus animée en cette période de fin d’année qu’en Gambie. Au rondpoint d’une grande avenue de la capitale, jeunes et adultes suivent un film retraçant la vie du Christ sur un écran géant. Aux alentours, les vendeurs étalent leurs marchandises sur la chaussée. Le soleil s’éclipsait. Il est presque 19 heures. Les lieux de divertissements de la ville sont investis.
Les véhicules qui font office de transport en commun sont bondés à cette heure. Les taxis bleu blanc circulent en cette période de fête. « C’est la fête chez nous. Nous ne pensons même pas à ce virus », dit une dame. Hommes et femmes ont une chose dans la tête. Enterrer l’année en beauté dans une belle et forte ambiance. « Tu as vu tout ce monde. Malgré la crise et le degré de la pauvreté, ils tiennent à festoyer. Attends demain matin pour voir les marchés et autres lieux », nous souffle à l’oreille notre guide. Et apparemment, il ne s’est pas trompé.
Dans le marché de la capitale, c’est une ambiance foraine. « Je suis là pour chercher des cadeaux qui sont destinés à mes deux enfants », dit une cliente qui discutait le prix d’un jouet. « Il faut rester jusqu’au 31 décembre et tu verras une ambiance folle dans la ville. Personne ne peut empêcher les gens de faire la fête. Bissau, c’est le petit Brésil », indique notre guide, Souleymane Cissé.
On note çà et là , des regroupements sans le respect des gestes barrières et encore moins le port du masque. A Bafata, l’ancienne capitale de la Guinée Bissau, au bar - piscine d’un hôtel, des filles presque nues sont dans des positions équivoques avec leurs copains. Ainsi se préparent les fêtes de fin d’année dans un pays pauvre mais jouissif.
Le Témoin
A voir ces jeunes écoliers, bravant les interdits, marchant sans le masque, on se dit intérieurement que ce pays anglophone, logé dans la gueule du Sénégal, est épargné de la pandémie qui fait trembler le monde. Pourtant au dernier recensement, le pays comptait au total 3800 cas contre 3660 guérissons et 124 décès. A moins de 72 heures de la fin de l’année 2020, c’était déjà la belle ambiance dans les rues de la capitale gambienne. Des couples se forment, d’autres bras dessus, bras dessous, s’en allaient gaillardement flâner, se donnant même dans la rue des bécots.
De folles embrassades vite interrompues par des regards désapprobateurs. La vie d’une jeunesse insouciante qui se croit dans une ville européenne. La déperdition des valeurs… Dans ce décor d’une ville en fête, prête à enterrer la maudite année 2020, il est rare de croiser une personne avec le masque au visage. Seuls quelques policiers dans les rues, assurant la fluidité de la circulation, en portent. Et paradoxalement, ils l’ont sous le menton.
Banjul, ville festive !
En ce début de soirée, la cité dite Sénégambie est investie par des centaines de personnes. Les bars et autres restaurants de la zone dite touristique accueillent leur monde de fêtards. Et contrairement au Sénégal où les boites de nuit ont été fermées, en Gambie, c’est la belle ambiance qui y prévaut nuit et jour. Les filles de joie s’accointent avec de potentiels clients chez qui elles devinent des victimes à plumer.
A la sortie de cet espace propice à la propagation du virus, un taximan nous hèle. Ils sont nombreux à stationner dans le parking de cet hôtel. « On parle du coronavirus, mais je n’y crois pas trop. En plus, cela ne peut nous empêcher de travailler », lance le taximan avant de héler un autre client qui sortait d’un fast-food. A l’intérieur d’un de ces taxis à la portière largement ouverte, on aperçoit deux filles habillées de façon très sexy. Elles discutent avec le propriétaire de la voiture avec qui elles doivent avoir des relations de travail.
Vêtue d’une mini-jupe qui laisse dévoiler une partie de son corps, on discute avec la demoiselle. Face à notre interpellation sur la légèreté qui prévaut dans la ville malgré la présence de la pandémie, Bineta part d’un fou rire avant de nous lancer sèchement « Monsieur, tu as vu quelqu’un porter un masque ici ? Si c’est pour une partie de plaisir, je suis disposée à t’écouter. Cependant si c’est pour nous parler du port du masque, sachez que tu nous indisposes », dit –elle, tirant rageusement sur sa cigarette.
Au niveau des restaurants, on fait peu fi du port du masque. On accède à l’intérieur sans se préoccuper de ce bout d’étoffe. Une fois attablé, une serveuse, toute souriante, nous présente le menu. Elle ne s’embarrasse pas du port du masque encore moins du gel. Interpellée sur les dispositions prises par le restaurant face à la pandémie, on la trouve fort embarrassée. C’est à peine si elle bafouille ses réponses, ne pouvant rien nous dire. Et même dans les restaurants huppés de la ville, il est rare de voir le personnel porter le masque.
A l’intérieur, on assiste à d’incessants va-et-vient. Les gestes barrières ne semblent guère être une préoccupation. Apparemment, le virus ne fait pas flipper. « Coronavirus ? », rigole Musa, un client sorti d’un hôtel. « Cette maladie ne peut pas m’empêcher de vivre. Je me demande pourquoi vous, les Sénégalais, avez si peur de cette maladie », raille-t-il, nous tapotant le dos avant de nous quitter tout guilleret. Ce délaissement est visible dans presque toutes les rues et avenues de la capitale gambienne.
Aucune disposition au niveau des établissements scolaires
Dans les établissements scolaires, les élèves ne portent pas de masque. Donny vient de récupérer son enfant. Son môme et ses camarades entrent tous dans le véhicule de Donny. Ils s’entassent derrière la 4X4 de l’homme. « Je viens chaque jour récupérer mon enfant et ses amis à l’école. Je les dépose chacun à leurs domiciles respectifs. Je ne dis pas que la maladie n’existe pas, mais elle ne nous fatigue pas. Nous continuons à vivre normalement comme avant. Ce virus ne pourra pas nous faire changer de comportement », dit l’homme, la quarantaine.
A l’intérieur de l’établissement, les élèves portent tous l’uniforme. Un règlement qui est respecté dans toutes les écoles gambiennes. Pour le masque, c’est une exception. Il n’est pas appliqué. A l’école islamique de Imam Adda Habee association, toutes les filles portent le voile. C’est l’heure de la descente. Le jeu des enfants fait soulever la poussière. Barbu, un bonnet bien vissé sur la tête, vêtu d’un boubou et d’un pantalon qui lui arrive à la cheville, Chérif Barro est le secrétaire de l’école islamique. « Nous portons le masque. Cependant, il arrive que les enfants ne le mettent pas tout le temps. N’empêche, nous sommes conscients du danger de la pandémie. On les sensibilise également à l’école de la dangerosité du virus », tente-t-il de nous expliquer alors qu’il ne portait pas le masque.
Une des écolières, accompagnée de ses amies, discute du sujet. « On ne nous a pas remis de masques. C’est pourquoi on n’en porte pas », lance la fille.
Barrow face à la pauvreté
Une restauratrice du nom de Suzanne dans la ville de Soma, moins animée, explique pourquoi le président Barrow n’a pas fermé les boutiques et autres restaurants ou bars. « Il n’ose pas fermer les lieux de vente, les hôtels, les bars et autres. Les gens n’ont que ça pour faire vivre leur famille. S’il le fait, il aura des problèmes avec la population », confie-t-elle. N’empêche, elle soutient qu’il faut noter que la maladie a gâché les fêtes comme il se devait.
Guinée Bissau vit
En Guinée Bissau également, la situation est la même. La vie est même plus animée en cette période de fin d’année qu’en Gambie. Au rondpoint d’une grande avenue de la capitale, jeunes et adultes suivent un film retraçant la vie du Christ sur un écran géant. Aux alentours, les vendeurs étalent leurs marchandises sur la chaussée. Le soleil s’éclipsait. Il est presque 19 heures. Les lieux de divertissements de la ville sont investis.
Les véhicules qui font office de transport en commun sont bondés à cette heure. Les taxis bleu blanc circulent en cette période de fête. « C’est la fête chez nous. Nous ne pensons même pas à ce virus », dit une dame. Hommes et femmes ont une chose dans la tête. Enterrer l’année en beauté dans une belle et forte ambiance. « Tu as vu tout ce monde. Malgré la crise et le degré de la pauvreté, ils tiennent à festoyer. Attends demain matin pour voir les marchés et autres lieux », nous souffle à l’oreille notre guide. Et apparemment, il ne s’est pas trompé.
Dans le marché de la capitale, c’est une ambiance foraine. « Je suis là pour chercher des cadeaux qui sont destinés à mes deux enfants », dit une cliente qui discutait le prix d’un jouet. « Il faut rester jusqu’au 31 décembre et tu verras une ambiance folle dans la ville. Personne ne peut empêcher les gens de faire la fête. Bissau, c’est le petit Brésil », indique notre guide, Souleymane Cissé.
On note çà et là , des regroupements sans le respect des gestes barrières et encore moins le port du masque. A Bafata, l’ancienne capitale de la Guinée Bissau, au bar - piscine d’un hôtel, des filles presque nues sont dans des positions équivoques avec leurs copains. Ainsi se préparent les fêtes de fin d’année dans un pays pauvre mais jouissif.
Le Témoin