Quand le verdict de son procès sera connu, le 1er février prochain, Mor Talla Sène devrait sans nul doute retourner à son statut de célibataire, lui qui a osé abuser de la petite-sœur de sa femme. Attrait hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, le bonhomme de 27 ans a nié avoir touché ne serait-ce qu’un cheveu de sa présumée victime.
A. Ndiaye, élève en classe de 1ère au Lycée Seydina Limamoulaye de Guédiawaye, a comparu hier devant la barre du tribunal de grande instance de Dakar statuant en flagrant délit, poursuivant son beau-frère d’avoir abusé d’elle, après l’avoir hypnotisée. Habillée d’un pull noir et d’un pagne traditionnel, la jeune fille n’a pas pu retenir ses larmes au moment de revenir sur sa malheureuse mésaventure avec l’époux de sa grande-sœur.
À l’en croire, les faits se sont déroulés au mois d’octobre dernier. Ce jour-là, elle est allée rendre visite à sa sœur. Ne trouvant pas celle-ci à la maison, elle décide de rentrer, mais son beau-frère Mor Talla Sène l’invite à une discussion. Ainsi, elle prend place et prête l’oreille à quelqu’un qui, croyait-elle, ne lui voulait que du bien. Malheureusement pour elle, Mor Talla n’avait pas la même appréciation de la situation.
«Quand je suis venue, je l’ai trouvé en train d’égrener son chapelet. Au moment où je m’apprêtais à repartir, il a interrompu son activité pour me demander de rester, qu’il avait quelque chose à me dire. Quand il a fini sa prière, il m’a fait savoir que j’ai été maraboutée à travers un mets que j’ai eu à manger et qu’il était en mesure de me guérir. C’est dans ces circonstances qu’il a commencé à réciter des versets avec son chapelet. Après cela, il m’a dit que pour qu’il puisse le faire, il faut que je boive son sperme. Ce que j’ai accepté, mais je ne savais pas ce que je faisais. Alors, il m’a invitée dans sa chambre et m’a ordonné de me déshabiller et de m’allonger sur le lit. Je me suis exécutée, et aussitôt, il m’a pénétrée. Au moment d’éjaculer, il a interrompu son coït pour me demander d’avaler son sperme. Là aussi j’ai obéi. Ainsi, il m’a demandé de rentrer chez moi et de revenir dans trois jours pour prendre l’eau bénite qui devait accompagner le traitement. Quand je suis revenue, il a réitéré le même coup et a une nouvelle fois abusé de moi», a déclaré la jeune fille, les larmes aux yeux, comme pour montrer qu’elle regrettait profondément son impuissance face à la perversité de son beau-frère.
Et quand le juge lui demande pourquoi elle a attendu tout ce temps pour porter plainte, Aïssatou a déclaré qu’elle avait décidé de ne rien dire à sa maman, mais, par la suite, Mor Talla Sène avait offert un téléphone portable à sa petite-sœur et qu’elle a eu peur qu’il lui fasse la même chose.
Interpellé à son tour, le mis en cause a rejeté les accusations d’un revers de main. Il indiquee que sa belle-sœur ne vient presque pas chez lui. «Comment donc pourrais-je abuser d’elle ? La vérité, dans ce dossier, c’est que quand j’épousais sa sœur, des membres de leur famille ne voulaient pas du mariage. Je crois que c’est pour cela qu’ils ont monté ce coup pour me le faire payer», s’est défendu le prévenu.
Plaidant l’affaire, l’avocat de la partie civile a révélé que le père du prévenu, qui a témoigné à la barre et qui se trouve être un retraité de la police, a tenté de torpiller le dossier au moment de l’enquête à la police. La robe noire dira que sa cliente ne cherche pas à battre monnaie, raison pour laquelle il s’est contenté de demander le franc symbolique.
Après que le procureur, maitre des poursuites, a décidé de se passer de ses réquisitoires, l’avocat de la défense a à son tour demandé au tribunal de relaxer purement et simplement son client puisque, dit-il, «l’infraction de viol n’est pas établie». Délibéré le 1er février prochain.
Sidy Djimby NDAO
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