Une manœuvre d'intimidation, puis des frappes aériennes. C'est la stratégie de l'opération franco-tchadienne qui a repoussé, ce dimanche 3 janvier en fin d'après-midi, une colonne de pickups d'un groupe armé en provenance de Libye. Après un décollage de la base militaire française de N'Djamena, des Mirage 2000, des avions de chasse de la Force Barkhane, ont effectué des survols de dissuasion de la colonne de pickups avant de procéder à des tirs de missiles air-sol.
« La colonne avait été repérée depuis au moins 48 heures, a précisé le porte-parole de l'état-major français, le colonel Patrik Steige. L'armée de l'air tchadienne avait déjà procédé à des frappes pour les stopper », en vain !
« La colonne avait été repérée depuis au moins 48 heures, a précisé le porte-parole de l'état-major français, le colonel Patrik Steige. L'armée de l'air tchadienne avait déjà procédé à des frappes pour les stopper », en vain !
Colonne «repérée», «neutralisée», «mise hors d'état de nuire»
A la demande des autorités tchadiennes, l'intervention française entre le Tibesti et l'Ennedi (dans l'extrême nord du pays) semble avoir été décisive pour reprendre le dessus. «Cette colonne a été repérée, neutralisée et mise hors d'état de nuire par nos Forces aériennes appuyées par l'opération Barkhane », s'est gargarisé le colonel Azem Bermendoa Agouna, porte-parole de l'Armée tchadienne dans un communiqué.
«Cette intervention en réponse à la demande des autorités tchadiennes a permis d'entraver cette progression hostile et de disperser la colonne», complète un autre communiqué du ministère français de la Défense. A l'AFP, Youssouf Hamid, le porte-parole de l'Union des forces de la résistance (UFR), un groupe rebelle que N'Djamena combat dans le Borkou-Ennedi-Tibesti, des régions de l'extrême-nord du Tchad, a dénoncé une
ingérence de la France dans les affaires internes du Tchad.
En 2008, le groupe rebelle, dont les éléments sont essentiellement issus de l'ethnie Toubou, a été stoppé aux portes de la capitale tchadienne alors qu'il s'apprête à renverser le régime d'Idriss Deby, de l'ethnie Zaghawa. A la tête de cette opération de renversement du pouvoir central, Timane Erdimi, neveu du chef de l'Etat tchadien.
Le groupe rebelle envisageait-il de marcher sur N'Djamena pour prendre le Palais Rose, le siège du pouvoir? La progression du groupe rebelle en provenance de Libye, est-elle annonciatrice d'une amplification de la menace dans le Nord? Dans tous les cas, en participant à cette opération conjointe, Paris est venue à la rescousse d'Idriss Deby, son allié dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Tchad, le «nouveau Mali»?
Une coopération sur le plan sécuritaire salué par Emmanuel Macron lors de sa visite en décembre au Tchad. Néanmoins, ce partenariat est en ligne de mire des rebelles de l'UFR. En leur nom, Youssouf Hamid a qualifié la France de « force hostile au peuple tchadien». «On progresse toujours, on est prêt à tout ce qui est devant nous, tout ce qui va se placer devant nous», se targue le porte-parole des rebelles.
Si les déclarations incendiaires du séditieux sont à ranger dans la rhétorique d'une guerre psychologique, le risque est grand de voir cette région devenir un « nouveau Mali» aux portes de l'Afrique centrale. Active au Sahel et dans la lutte contre Boko Haram aux frontières Nigeria et du Cameroun, l'armée tchadienne, en restructuration, doit aussi se frotter à des rebelles tchadiens venus de Libye et l'extrême-nord du Tchad.