C’est devenu, de nos jours, une formule galvaudée: “ force restera à la loi “. A l’article 6 de la “ Déclaration des droits de l’homme et du citoyen “ , du 26 août1789 , il y est dit ceci : “ la loi est l’expression de la volonté générale […] elle doit être la même pour tous, soit qu‘elle protège, soit qu’elle punisse “
Dans la “ Déclaration universelle des droits de l’homme “ , il est dit, à l’ article 3, que“ tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne“ ; et, à l’article 7 :“ Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi “.
Tout cela semble clair et plein de justice et de justesse, même si, en France, selon René Carré de Malberg (confrontation de la théorie de la formation du droit), avant 1958, “la notion de loi “ était“ donc indépendante de toutes conditions ayant trait au contenu de l’acte législatif[…]“ et qu’ elle“ est une notion qui, quelles que soient les bases rationnelles et foncières du dit concept, est d’ordre formel“ et que sa définition est devenue complexe.
Retenons juste que c’est la loi qui fixe les règles concernant les droits civiques et les garanties accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques. C’est ce droit qui est à l’origine toutes nos difficultés.
En effet, la force a longtemps fait le droit : celui du plus fort. La force demeure l’ultimaratio dans la lutte entre les individus( force physique, force intellectuelle, ruse, habileté …), comme dans la lutte entre les communautés économiques ( La puissance du dollar, puissance des pays riches qui acculent les pays pauvres à l’endettement excessif, à l’ajustement structurel) ou politiques (respect dû aux grandes puissances).
Il convient d’observer qu'au cours de l’histoire, la force a presque toujours fondé le droit. Au reste, Pascal l’aura bien compris: “ ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort, fût juste”.
Spinoza rétorquera :“ chaque individu possède autant de droit qu’il a de puissance “.
Hegel, plus tard, dans une formule sibylline, ne fera qu’abonder dans le même sens que ses prédécesseurs : “ tout ce qui est réel est rationnel “ . Phrase que son disciple, Max Stirner, commentera en ces termes :” celui qui a la force, a le droit “[ …]le tigre qui m’attaque, a raison ; et moi qui l’abats, j’ai aussi raison “ .
Dès lors que le droit se fonde sur la force, et seulement sur elle, sans pouvoir se justifier par la raison, il manque de stabilité, car la force n’est pas toujours du même côté. D’ailleurs Rousseau, dans son Contrat social , le fait observer avec maestria : “ sitôt que c’est la force qui fait le droit , l’effet change avec la cause ; toute force qui surmonte la première, succède à son droit. Sitôt qu’on peut désobéir impunément, on le peut légitimement “ . Autrement dit, tant que le monarque a pour lui la force, il a le droit ; dès que le peuple, par une révolution, montre sa force et surmonte celle du monarque, à son tour, il a le droit.
Quelle tartarinade, donc, que de bander les muscles, de proférer des menaces, parce que l’on croit détenir la force, alors même que cette dernière peut très vite changer de camp !
Dans une formule devenue célèbre Édouard Herriot, homme politique français, avait déclaré que “ la politique est comme l’andouillette : ça doit sentir un peu la merde , mais pas trop “. Aujourd’hui, au pays de la Téranga, tous les Sénégalais savent que nous vivons un temps de crise : les questions électorales sont placées avant les intérêts permanents de notre pays. La démagogie et la politique partisane sont sur le point de nous entraîner vers des abîmes .
“ Il n’ y a point de malheur dont il ne naisse un bien “, a dit Voltaire. Les temps de crise ont souvent fait émerger une forme d’unité nationale : le sens de l’urgence et la nécessité de survivre ont souvent provoqué un sursaut de loyauté chez les citoyens. Aujourd’hui, les Sénégalais sont inquiets voire affolés, parce qu’ils vivent une situation quasi critique : des hommes et des femmes, d’un même peuple, d’une même nation, connus pour leur pacifisme, s’entretuent, simplement, du fait d’une crispation maladive sur des intérêts personnels.
Le Sénégal est, de nos jours, à l’heure de “ vérité “ ; vérité qui , selon Alain Badiou, dans "Éloge de la politique", est “ la capacité d’un collectif humain à s’emparer lui-même de son destin et de sa configuration “. Nous avons besoin des gens capables d’intégrer la nécessité et l’urgence d’une nouvelle possibilité politique.
Incontestablement, nous sommes dans un contexte où la liberté de l’individu, doit plier devant les exigences de la vie en société. Le pays a soif de tranquillité et tous les hommes d’action doivent se ressaisir très vite. Chacun doit valoir par sa profondeur morale.
Dieu nous a dotés de “ pôles de développement “ vitaux pour l’émergence. Des raisons d’espérer existent. Dès lors, toute politique progressive doit s’engager dans ces voies de l’avenir, en ne préconisant, dans la situation que nous traversons, d’autres options que celles qui devraient apporter à notre nation le maximum de chances dans la route du progrès.
Le Président Macky Sall est interpellé, lui, dont les actions parlent pour lui et le laissent au premier rang de l’actualité, tout simplement. Quel Sénégalais honnête et de bonne foi peut nier qu’il est un bâtisseur et qu’il a changé le visage de la capitale ? On peut certes contester ses priorités, mais nul ne peut nier ses résultats. A l’instar de ce qu’avait dit Marx , citant Vico, dans une ligne du Capital , à propos de l’histoire de la technologie,“ est vrai ce qui a été fait “(Editions sociales , p.59), l’on peut dire des réalisations du Président Sall ceci : “ weddi gis bokku ci “ .
Si le Président Senghor a fait de nous (universitaires) des hommes, en nous assurant une bonne formation, le Président Diouf, qui a gouverné avec l’ajustement structurel, nous a donné des raisons d’espérer, le Président Wade, de bons pères de famille, en nous allouant des ressources qui ont permis à certains de financer les études de leurs enfants a l’étranger, le Président Sall, lui, a fait des universitaires d’heureux grand-pères et des retraités soulagés. Sans aucun parti-pris, la communauté universitaire lui est fort reconnaissante. Seulement, l’” on ne finit jamais “, comme l’on peut bien le lire dans “ Les Faux-monnayeurs “ d’André Gide .
Dans une démocratie représentative, qui repose sur le consentement à déléguer le pouvoir que donne le droit de vote à des hommes et à des femmes qui les exerceront en notre nom, nous n’avons point besoin d’individus pour protéger notre République. Nous avons uniquement besoin de lois.
“ La crainte de perdre ce qu’ on a, nous empêche d’avoir ce qu’on est “ , nous dit Saint-Augustin. Le Président Sall est le seul à pouvoir apaiser nos craintes et à nous extirper de cette morosité généralisée. Il le peut ,avec une délicate noblesse, en n’écoutant surtout pas le mouvement.
Ma foi la plus dure est que la question de sa candidature ne doit point être appréciée sous l’angle juridique. Elle est d’ordre moral et linguistique.
Moral, d’abord, parce que le Président est le gardien de la Constitution. Sa parole est donc décisive, en cas de contestation. Il a commandité la révision de la Constitution. Par conséquent, il est le mieux placé pour dire quel sens donner à telle ou telle disposition. Lui-même a dit qu’il en est l’auteur, il en a déterminé l’esprit. Sans aucun doute sa parole, sans être supérieure à la Constitution, a une portée juridique incontestable. Je me garderai de convoquer les nombreuses fois qu’il a eu à dire que la Constitution est verrouillée à deux mandats consécutifs.
De langue, ensuite. Il est dit que << nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs >>. Dans ce segment, le mot-maître est “ consécutifs “ qui signifie, d’après le Robert, “qui se suivent immédiatement dans le temps et l’espace et selon un ordre notionnel “. Comme il l’avait dit :” une autre vie existe, après la présidence“. Puisqu‘il ne s’est pas encore prononcé, nous nous livrons à des paris sur la probabilité.
Une chose reste sûre : un message à la nation, le soir du 3 avril, pour dire aux Sénégalais qu’imbu des valeurs ancestrales et conscient du poids de la charge, il renonce à se porter candidat, le ferait définitivement entrer dans l’Histoire et le peuple lui en serait fort reconnaissant.
À coup sûr, cela désamorcerait bien la polémique et installerait la quiétude.
Toute l’affaire de la justice se résume à ce diptyque : être garante du juste, quand la Vérité lui échappe.
Un lien problématique existe entre Justice et Vérité. Le temps judiciaire est un temps choisi par les juges, lesquels rendent leurs jugements au nom du peuple, a-t-on coutume d’entendre.
Giorgio Agamben, s’intéressant à la vie, s’était interrogé de la sorte : “peut-on suspendre la vie pour la protéger ?". Moi, je dirai : ne devrait-on pas recommander à nos juges de suspendre la justice, afin de la protéger, dans un contexte comme celui-ci ?
A près de dix mois d’une échéance décisive, comme l’élection présidentielle, même dans le cadre d’ affaires qui relèvent strictement du privé, tout jugement rendu, susceptible de constituer un frein, peut entraîner des réactions. À défaut de voir les parties civiles retirer leurs plaintes, au nom de l’intérêt suprême du Sénégal, peut-être qu’une élasticité du temps judiciaire permettrait de calmer les esprits et de ne point faire porter à nos juges des décisions dont les conséquences pourraient être redoutables.
Faudrait-il rappeler qu'en France, le 16 novembre 1959, au matin, la classe politique était en émoi : l’information venait de tomber que, dans la nuit, des inconnus avaient tenté d’assassiner François Mitterrand, sénateur de la Nièvre et ancien ministre. Dans l’indignation et la commisération, un certain Robert Presquet, dans un article à sensation, paru dans l’hebdomadaire d’extrême-droite droite, Rivarol, assura que l’attentat a été monté de toutes pièces et que c’est François Mitterrand qui a comploté.
Lorsque, pendant la campagne présidentielle, les gaullistes avaient voulu exploiter l’affaire de l’Observatoire, afin d’embarrasser Mitterrand, le général De Gaulle refusera et leur rétorquera :” il ne faut pas atteindre dans son honneur, un homme qui peut être un jour président de la République “. C’est cette délicate noblesse que l’on attend de notre président de la République à l’égard de ses opposants. Ces derniers, de leur côté, doivent arrêter de donner l’impression d’être libérés de tout sentiment de déférence envers le président de la République et être amenés à plus de raison et de réalisme. Ce qui doit davantage les motiver, c’est bien la reconstruction-
Si tant est qu’ils disposent d’un programme alternatif-,donc ce qui touche à l’avenir et non à chercher à vouloir régler des comptes. Certes, goûter aux délices enivrantes de la popularité met en appétit ; mais cela ne doit point pousser à croire qu’allumer les cierges, c’est dire la messe. L’on gagnerait davantage à savoir se“ taire “, quand on n’ a rien de déterminant à dire ou savoir quand et comment le dire au moment opportun.
Souhaitons que l’harmonie règne entre tous les Sénégalais et que nous puissions devancer les craquements de l’Histoire. La primauté des passions et de l’intérêt personnel, est génératrice de toutes les catastrophes. Fasse le Ciel que cette période de carême et de ramadan coïncide avec un de ces hasards miraculeux dont notre pays a toujours été riche.
Je terminerai par ce conseil du grand poète persan Saadi : “tirez la leçon des malheurs des autres, afin que les autres n’aient pas à tirer la leçon de vos malheurs “.
Pape Mody Niang,
Universitaire et Citoyen
Dans la “ Déclaration universelle des droits de l’homme “ , il est dit, à l’ article 3, que“ tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne“ ; et, à l’article 7 :“ Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi “.
Tout cela semble clair et plein de justice et de justesse, même si, en France, selon René Carré de Malberg (confrontation de la théorie de la formation du droit), avant 1958, “la notion de loi “ était“ donc indépendante de toutes conditions ayant trait au contenu de l’acte législatif[…]“ et qu’ elle“ est une notion qui, quelles que soient les bases rationnelles et foncières du dit concept, est d’ordre formel“ et que sa définition est devenue complexe.
Retenons juste que c’est la loi qui fixe les règles concernant les droits civiques et les garanties accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques. C’est ce droit qui est à l’origine toutes nos difficultés.
En effet, la force a longtemps fait le droit : celui du plus fort. La force demeure l’ultimaratio dans la lutte entre les individus( force physique, force intellectuelle, ruse, habileté …), comme dans la lutte entre les communautés économiques ( La puissance du dollar, puissance des pays riches qui acculent les pays pauvres à l’endettement excessif, à l’ajustement structurel) ou politiques (respect dû aux grandes puissances).
Il convient d’observer qu'au cours de l’histoire, la force a presque toujours fondé le droit. Au reste, Pascal l’aura bien compris: “ ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort, fût juste”.
Spinoza rétorquera :“ chaque individu possède autant de droit qu’il a de puissance “.
Hegel, plus tard, dans une formule sibylline, ne fera qu’abonder dans le même sens que ses prédécesseurs : “ tout ce qui est réel est rationnel “ . Phrase que son disciple, Max Stirner, commentera en ces termes :” celui qui a la force, a le droit “[ …]le tigre qui m’attaque, a raison ; et moi qui l’abats, j’ai aussi raison “ .
Dès lors que le droit se fonde sur la force, et seulement sur elle, sans pouvoir se justifier par la raison, il manque de stabilité, car la force n’est pas toujours du même côté. D’ailleurs Rousseau, dans son Contrat social , le fait observer avec maestria : “ sitôt que c’est la force qui fait le droit , l’effet change avec la cause ; toute force qui surmonte la première, succède à son droit. Sitôt qu’on peut désobéir impunément, on le peut légitimement “ . Autrement dit, tant que le monarque a pour lui la force, il a le droit ; dès que le peuple, par une révolution, montre sa force et surmonte celle du monarque, à son tour, il a le droit.
Quelle tartarinade, donc, que de bander les muscles, de proférer des menaces, parce que l’on croit détenir la force, alors même que cette dernière peut très vite changer de camp !
Dans une formule devenue célèbre Édouard Herriot, homme politique français, avait déclaré que “ la politique est comme l’andouillette : ça doit sentir un peu la merde , mais pas trop “. Aujourd’hui, au pays de la Téranga, tous les Sénégalais savent que nous vivons un temps de crise : les questions électorales sont placées avant les intérêts permanents de notre pays. La démagogie et la politique partisane sont sur le point de nous entraîner vers des abîmes .
“ Il n’ y a point de malheur dont il ne naisse un bien “, a dit Voltaire. Les temps de crise ont souvent fait émerger une forme d’unité nationale : le sens de l’urgence et la nécessité de survivre ont souvent provoqué un sursaut de loyauté chez les citoyens. Aujourd’hui, les Sénégalais sont inquiets voire affolés, parce qu’ils vivent une situation quasi critique : des hommes et des femmes, d’un même peuple, d’une même nation, connus pour leur pacifisme, s’entretuent, simplement, du fait d’une crispation maladive sur des intérêts personnels.
Le Sénégal est, de nos jours, à l’heure de “ vérité “ ; vérité qui , selon Alain Badiou, dans "Éloge de la politique", est “ la capacité d’un collectif humain à s’emparer lui-même de son destin et de sa configuration “. Nous avons besoin des gens capables d’intégrer la nécessité et l’urgence d’une nouvelle possibilité politique.
Incontestablement, nous sommes dans un contexte où la liberté de l’individu, doit plier devant les exigences de la vie en société. Le pays a soif de tranquillité et tous les hommes d’action doivent se ressaisir très vite. Chacun doit valoir par sa profondeur morale.
Dieu nous a dotés de “ pôles de développement “ vitaux pour l’émergence. Des raisons d’espérer existent. Dès lors, toute politique progressive doit s’engager dans ces voies de l’avenir, en ne préconisant, dans la situation que nous traversons, d’autres options que celles qui devraient apporter à notre nation le maximum de chances dans la route du progrès.
Le Président Macky Sall est interpellé, lui, dont les actions parlent pour lui et le laissent au premier rang de l’actualité, tout simplement. Quel Sénégalais honnête et de bonne foi peut nier qu’il est un bâtisseur et qu’il a changé le visage de la capitale ? On peut certes contester ses priorités, mais nul ne peut nier ses résultats. A l’instar de ce qu’avait dit Marx , citant Vico, dans une ligne du Capital , à propos de l’histoire de la technologie,“ est vrai ce qui a été fait “(Editions sociales , p.59), l’on peut dire des réalisations du Président Sall ceci : “ weddi gis bokku ci “ .
Si le Président Senghor a fait de nous (universitaires) des hommes, en nous assurant une bonne formation, le Président Diouf, qui a gouverné avec l’ajustement structurel, nous a donné des raisons d’espérer, le Président Wade, de bons pères de famille, en nous allouant des ressources qui ont permis à certains de financer les études de leurs enfants a l’étranger, le Président Sall, lui, a fait des universitaires d’heureux grand-pères et des retraités soulagés. Sans aucun parti-pris, la communauté universitaire lui est fort reconnaissante. Seulement, l’” on ne finit jamais “, comme l’on peut bien le lire dans “ Les Faux-monnayeurs “ d’André Gide .
Dans une démocratie représentative, qui repose sur le consentement à déléguer le pouvoir que donne le droit de vote à des hommes et à des femmes qui les exerceront en notre nom, nous n’avons point besoin d’individus pour protéger notre République. Nous avons uniquement besoin de lois.
“ La crainte de perdre ce qu’ on a, nous empêche d’avoir ce qu’on est “ , nous dit Saint-Augustin. Le Président Sall est le seul à pouvoir apaiser nos craintes et à nous extirper de cette morosité généralisée. Il le peut ,avec une délicate noblesse, en n’écoutant surtout pas le mouvement.
Ma foi la plus dure est que la question de sa candidature ne doit point être appréciée sous l’angle juridique. Elle est d’ordre moral et linguistique.
Moral, d’abord, parce que le Président est le gardien de la Constitution. Sa parole est donc décisive, en cas de contestation. Il a commandité la révision de la Constitution. Par conséquent, il est le mieux placé pour dire quel sens donner à telle ou telle disposition. Lui-même a dit qu’il en est l’auteur, il en a déterminé l’esprit. Sans aucun doute sa parole, sans être supérieure à la Constitution, a une portée juridique incontestable. Je me garderai de convoquer les nombreuses fois qu’il a eu à dire que la Constitution est verrouillée à deux mandats consécutifs.
De langue, ensuite. Il est dit que << nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs >>. Dans ce segment, le mot-maître est “ consécutifs “ qui signifie, d’après le Robert, “qui se suivent immédiatement dans le temps et l’espace et selon un ordre notionnel “. Comme il l’avait dit :” une autre vie existe, après la présidence“. Puisqu‘il ne s’est pas encore prononcé, nous nous livrons à des paris sur la probabilité.
Une chose reste sûre : un message à la nation, le soir du 3 avril, pour dire aux Sénégalais qu’imbu des valeurs ancestrales et conscient du poids de la charge, il renonce à se porter candidat, le ferait définitivement entrer dans l’Histoire et le peuple lui en serait fort reconnaissant.
À coup sûr, cela désamorcerait bien la polémique et installerait la quiétude.
Toute l’affaire de la justice se résume à ce diptyque : être garante du juste, quand la Vérité lui échappe.
Un lien problématique existe entre Justice et Vérité. Le temps judiciaire est un temps choisi par les juges, lesquels rendent leurs jugements au nom du peuple, a-t-on coutume d’entendre.
Giorgio Agamben, s’intéressant à la vie, s’était interrogé de la sorte : “peut-on suspendre la vie pour la protéger ?". Moi, je dirai : ne devrait-on pas recommander à nos juges de suspendre la justice, afin de la protéger, dans un contexte comme celui-ci ?
A près de dix mois d’une échéance décisive, comme l’élection présidentielle, même dans le cadre d’ affaires qui relèvent strictement du privé, tout jugement rendu, susceptible de constituer un frein, peut entraîner des réactions. À défaut de voir les parties civiles retirer leurs plaintes, au nom de l’intérêt suprême du Sénégal, peut-être qu’une élasticité du temps judiciaire permettrait de calmer les esprits et de ne point faire porter à nos juges des décisions dont les conséquences pourraient être redoutables.
Faudrait-il rappeler qu'en France, le 16 novembre 1959, au matin, la classe politique était en émoi : l’information venait de tomber que, dans la nuit, des inconnus avaient tenté d’assassiner François Mitterrand, sénateur de la Nièvre et ancien ministre. Dans l’indignation et la commisération, un certain Robert Presquet, dans un article à sensation, paru dans l’hebdomadaire d’extrême-droite droite, Rivarol, assura que l’attentat a été monté de toutes pièces et que c’est François Mitterrand qui a comploté.
Lorsque, pendant la campagne présidentielle, les gaullistes avaient voulu exploiter l’affaire de l’Observatoire, afin d’embarrasser Mitterrand, le général De Gaulle refusera et leur rétorquera :” il ne faut pas atteindre dans son honneur, un homme qui peut être un jour président de la République “. C’est cette délicate noblesse que l’on attend de notre président de la République à l’égard de ses opposants. Ces derniers, de leur côté, doivent arrêter de donner l’impression d’être libérés de tout sentiment de déférence envers le président de la République et être amenés à plus de raison et de réalisme. Ce qui doit davantage les motiver, c’est bien la reconstruction-
Si tant est qu’ils disposent d’un programme alternatif-,donc ce qui touche à l’avenir et non à chercher à vouloir régler des comptes. Certes, goûter aux délices enivrantes de la popularité met en appétit ; mais cela ne doit point pousser à croire qu’allumer les cierges, c’est dire la messe. L’on gagnerait davantage à savoir se“ taire “, quand on n’ a rien de déterminant à dire ou savoir quand et comment le dire au moment opportun.
Souhaitons que l’harmonie règne entre tous les Sénégalais et que nous puissions devancer les craquements de l’Histoire. La primauté des passions et de l’intérêt personnel, est génératrice de toutes les catastrophes. Fasse le Ciel que cette période de carême et de ramadan coïncide avec un de ces hasards miraculeux dont notre pays a toujours été riche.
Je terminerai par ce conseil du grand poète persan Saadi : “tirez la leçon des malheurs des autres, afin que les autres n’aient pas à tirer la leçon de vos malheurs “.
Pape Mody Niang,
Universitaire et Citoyen