Atmosphère de saison des pluies dans ce quartier de Pikine Nord. Une étendue d’eau, d’au moins 10 mètres de long pour 20 à 30 cm de profondeur, s’est formée sur la route secondaire jouxtant l’arène nationale. Une situation qui rend la praticabilité de cette voie difficile pour les automobilistes et les autres conducteurs d’engins motorisés. A côté de cette route, se trouve des habitations impactées aussi par cette situation. Ces eaux ont envahi une bonne partie de l’allée accolée aux maisons. Dans le but de permettre aux riverains de circuler –non sans quelques tours de funambulisme-, des sacs de sable et des briques ont été posés.
Debout sur son balcon du premier étage de sa demeure, Ngoné Fall observe, le chapelet à la main, les dégâts de ces eaux. L’octogénaire éprouve des difficultés à sortir de chez elle car les alentours de sa maison sont gorgés d’eau. « On vit difficilement dans ce quartier. Je suis ici depuis 5 ans et ça n’a jamais été comme ça », déplore-t-elle. Elle ajoute : « J’ai dépensé 26 000 Francs pour que l’on mette un peu de sable devant ma maison pour freiner ces eaux ».
Ngoné n’est pas la seule à avoir décidé de ne pas rester les bras croisés. Dans l’espoir de ralentir l’avancée de ces eaux, El hadj Mar affirme avoir déversé 4 camions de gravats sur la voie. Malgré cela, la flotte continue sa progression et vient avec son lot de désagréments. « Avant, je pouvais faire la vidange chaque 6 mois à présent, je le fais chaque jour. Parce que ces eaux stagnantes pénètrent dans la maison par le bas et je suis obligé de le vider. Et une fois fait, ça se remplit aussitôt. Les femmes sont obligées de faire le grand tour pour aller au marché car ces eaux rendent la route impraticable », explique-t-il. Habitante du coin, Kiné Diop raconte : «Nous vivons dans l’eau depuis plus de 15 jours. L’eau pénètre dans nos maisons. La route est barrée, on ne peut plus passer. »
Eaux stagnantes et prolifération des moustiques : le combo piquant
Qui dit eaux dormantes, parle de présence de bestioles et de la plus redoutée d’entre toutes : le moustique. Ces habitants ont constaté que depuis plusieurs jours, ces insectes sont en nette augmentation et chacun lutte du mieux qu’il peut. « J’allume deux spirales anti-moustiques chaque jour ; chose que je n’avais jamais faite auparavant », nous dit El Hadj Mar. « On a beau vaporiser nos maisons avec de l’insecticide, les moustiques reviennent de plus belle dans la nuit », ajoute Ngoné Fall pour qui, la saison sèche, marquée par une intensification du froid, ne fait pas bon ménage avec le problème que les populations rencontrent actuellement. « Les moustiques augmentent de jour en jour, nos pieds nous font mal notamment à cause du froid et surtout de l’humidité provoquée par ces eaux», dit-elle.
Une économie submergée
Ngoné Fall a vu l’arrivée de cette flotte bouleverser son quotidien. Vendeuse de beignets, la dame a vu son lieu de vente être englouti par les eaux, la poussant à fermer boutique. Mais confrontée à des difficultés financières, Ngoné Fall a été contrainte de reprendre ses activités en allant tout simplement en face de son ancien lieu de vente. Mais face à ces difficultés, certains restent sur place contre « eaux et odeurs ». C’est le cas de Babacar Faye, peintre Automobile. Malgré que son atelier ne soit grandement impacté par ces eaux, l’homme affirme que la clientèle se fait rare : « c’est difficile. Les clients ne sont plus enchantés à l’idée de venir ici. Et on doit être très vigilant afin que les eaux n’endommagent pas le matériel. »
Ce dernier peut s’estimer heureux par rapport à ce que vivent des boutiques situées à quelques pas de son atelier. En effet, un alignement de six magasins a vu les eaux rendre impossible l’accès à leurs commerces. Pour pallier cette situation, des briques ont aussi été disposées. Ce pont de fortune mène directement à l’épicerie que gère Ablaye Ba et pour rallier ces voisins, des pneus ont été posés. « Cette situation nous préoccupe au plus haut point et elle n’a que trop duré. Ces eaux sont présentes depuis 2 semaines et aucune autorité n’est venue pour s’enquérir de la situation. Avant que l’eau n’arrive, les clients venaient au compte-gouttes à présent, plus personne ne vient. On peut être là du matin jusqu’au soir à ne rien faire », déplore Ablaye Ba. Le commerçant souligne par ailleurs, la difficulté à s’acquitter de leurs engagements contractuels face à l’intransigeance de leurs propriétaires. « Les bailleurs ne se préoccupent pas de cette donnée. Que l’on vende ou pas, ils veulent leur dû à la fin du mois. Et c’est très difficile pour nous. Si au moins, les propriétaires réduisaient le montant à payer par rapport au contexte actuel, ça allait nous arranger, Que nenni ! », se désole Ablaye qui souhaite plus de compréhension de la part des bailleurs.
Insalubrité, travaux de construction étatique : les causes du mal
Face à la grogne grandissante des populations de Darou Khoudouss, le sous-préfet de Pikine Dagoudane, Oumar Sagna Ndiaye a effectué une descente ce mercredi en compagnie de plusieurs services pour tenter de trouver l’origine de ces eaux stagnantes. Après avoir fait l’état des lieux en visitant l’ensemble des points de ruissellement d’eau, il en ressort principalement que les 10 points de transit des eaux usées et de pluies sont obstruées par les déchets.
« Après constat, on a remarqué que la première cause est liée à des déversements d’ordures de manière clandestine sur certains points qu’on a pu identifier. Dix points ont été identifiés et des travaux de débouchage seront effectués. L’autre cause est qu’à côté de l’arène nationale, il y a des travaux de remblai qui impactent globalement sur le système gravitaire des eaux », confie le sous-préfet à Seneweb. Dans cette délégation, le lieutenant Bou Touré, chef de la brigade départemental de l’hygiène de Pikine était aussi de la partie. « La principale cause de ces eaux stagnantes, c’est l’insalubrité notoire que l’on a vue au niveau du site. Les populations déversent des ordures ménagères dans les points de passage d’eaux usées, or, ils devraient les verser dans les camions poubelles de l’UCG », précise-t-il.
Des opérations de débouchage déjà en cours
Venu avec l’ONAS et une structure affiliée à cette dernière, Oumar Sagna Ndiaye a mis en place, avec ces entreprises, un plan d’action pour résoudre ce problème. « Sur le court terme, nous avons prévu de mettre des équipes en permanence à partir de demain (Jeudi 3 mars) sur les dix points identifiés pour les déboucher. On va enlever toutes les ordures et curer tous les petits canaux qui sont identifiés et où l’eau doit ruisseler », indique-t-il. Doudou Diallo, directeur général de Xerus Sénégal d’ajouter : « Nous avons un planning à moyen terme qui consiste à déboucher toutes ces bouches qui sont obstruées par les déchets. C’est ce qu’on va faire toute la semaine. Et il y a un autre plan sur le moyen terme qui consiste à assainir toute la zone. Le seul problème identifié est l’assainissement et nous allons le régler en collaboration avec l’ONAS ».
Mettant un point d’orgue sur le suivi, le sous-préfet, de concert avec le service d’hygiène a souhaité, l’implication des populations dans ce processus notamment grâce à la création d’une brigade de veille. « On doit réunir les populations dans le but de créer une police interne pour gérer la gestion des ordures ménagères sur ce site. L’objectif est de dénoncer les personnes qui déversent leurs ordures ménagères n’importe où », argue le lieutenant Bou Touré. Il ajoute : « Nous, en tant que service technique, nous n’avons pas assez d’effectif pour couvrir tous ces sites. » A cet effet, une rencontre sera organisée mardi prochain pour mettre en place ce comité.
L’autre grand chantier annoncé par le sous-préfet est le déguerpissement des occupations anarchiques en l’occurrence, les charretiers et les mécaniciens. « On a remarqué qu’aux alentours de ces points, il y a des occupations anarchiques et que ces occupations-là , on doit les régler. Comment ? En organisant les opérations de déguerpissement. Ces opérations vont être organisées avec les services techniques et les riverains qui ont identifiés le problème », annonce Oumar Sagna Ndiaye. Rapporte Vipeoples .
L’autre grand chantier annoncé par le sous-préfet est le déguerpissement des occupations anarchiques en l’occurrence, les charretiers et les mécaniciens. « On a remarqué qu’aux alentours de ces points, il y a des occupations anarchiques et que ces occupations-là , on doit les régler. Comment ? En organisant les opérations de déguerpissement. Ces opérations vont être organisées avec les services techniques et les riverains qui ont identifiés le problème », annonce Oumar Sagna Ndiaye. Rapporte Vipeoples .