La crédibilité des dirigeants du basketball sénégalais a été éprouvée lors du Congrès du Bureau Afrique de FIBA ce week-end à Maputo, capitale du Mozambique (9-10 juin). En effet le président de la FSBB Babacar Ndiaye et sa bande, qui était partis avec l’ambition de décrocher des postes dans les instances continentales, vont rentrer bredouilles. Ils ont pris une baffe à la figure. Et c’est l’image de notre pays qui en prend un grand coup. Une humiliation. Les défunts Moctar Guène, Abdoulaye Sèye « Moreau », Ibou Diagne, Alioune Badara Diagne… (anciens présidents de la fédération qui se sont distingués sur le plan africain) doivent se retourner dans leurs tombes.
Après la destitution de Rokhaya Pouye « Aya » de la tête de l’instance sous-régionale (Zone 2) où elle a passé une dizaine d’années, les candidatures du Sénégal pour la Commission féminine (Larry Guèye) et la Commission Jeunes (Babacar Ndiaye) de FIBA-Afrique n’ont pas été retenues. Ce qui a poussé le patron de la FSBB à se désister pour le Conseil du basketball 3×3. Les chances de passer étaient, sans doute, trop minimes. Selon certaines indiscrétions, l’ancienne Lionne Aya Pouye risque d’être sanctionnée à vie du milieu associatif sportif. Parce que condamnée par les tribunaux du Sénégal pour des délits d’abus de confiance au sein de l’association des anciennes internationales et basketteuses du Sénégal (AIABS).
Une affaire pour laquelle l’ancien président de la FSBB Baba Tandian avait joué un rôle primordial en informant les autres membres de l’AIABS des dribbles chaloupés de leur désormais ex-présidente. Un dossier qui profite aujourd’hui à Mathieu Faye, son principal challenger pour les commandes de la Zone 2 FIBA-Afrique. Ce dernier a logiquement contesté l’éligibilité de Rokhaya Pouye « Aya » en informant à FIBA au sujet de ses démêlées judiciaires. Dans la mesure où les critères d’éthique et de morale sont déterminants pour la présidence des instances relevant de la fédération mondiale de basketball. A la limite, ce qui s’est passé à Maputo est un gros scandale orchestré au plus haut niveau de la FSBB.
Le Premier ministre Amadou Ba, par ailleurs ministre des Sports, devrait ainsi demander des comptes au président de la FSBB à propos du rejet de la candidature de Rokhaya Pouye « Aya ». Surtout que Babacar Ndiaye (juriste) ne pouvait pas ignorer que la présidente sortante de la Zone 2 était hors jeu à cause de sa condamnation sur laquelle un pourvoi en cassation n’a aucun effet suspensif. « Cela n’empêche qu’il est allé proposer sa candidature à l’autorité étatique. Qu’est-ce qu’on a présenté comme document pour faire valider sa candidature ? Quel intérêt a-t-il pour qu’elle soit présidente de la Zone 2 ? Il faut que le « PM » sache qu’on l’a trompé », commente Baba Tandian.
On ne peut pas comprendre que le patron du basketball sénégalais, qui a toujours brandi des dossiers judiciaires pour barrer la route à ses adversaires pour la présidence de la FSBB, puisse fermer les yeux sur le cas « Aya » Pouye. Un mépris qui va coûter cher. D’autant plus qu’un boycott de l’élection a été organisé à la suite de la décision de FIBA de retirer « Aya » de la course. « Cela n’a pas été apprécié. Ce qui explique que le processus a continué et a abouti à la désignation de Mathieu Faye comme nouveau président de la Zone 2 (Ouest africain) », nous informe-t-on. Notre interlocuteur de préciser que l’ancien meneur des Lions n’avait pas besoin du mandat d’une fédération nationale pour candidater.
C’est son statut de membre dans les Commissions de FIBA qui lui donne ce privilège. Comme lors de la précédente élection de la Zone 2 en 2019. Le premier « roi » (MVP) du basketball sénégalais – qui a été joueur pro en France, deux fois champions d’Afrique, qui a disputé une Coupe du monde et les Jeux Olympiques avant d’entrer en 2021 dans le saint des saints : Hall of Fame – mérite largement cet avènement. « Ceux qui parlent actuellement (Aya Pouye et Babacar Ndiaye) ne lui arrivent même pas à la cheville », dit Baba Tandian. Pour lui, la FSBB a perdu toute sa crédibilité au sein des instances continentales et internationales. Dans la foulée, apprend-on, la nomination de Gorgui Sy Dieng (joueur en activité) comme 1er vice-président pourrait être remise en cause par la FIBA.
Revenant sur le camouflet subi à Maputo par Me Babacar Ndiaye, son prédécesseur Baba Tandian rappelle avoir attiré en son temps « l’attention du Premier ministre et du Président de la République qui ne méritent pas cela. Tout comme le basketball sénégalais ». Avant d’ajouter : « On a été ridiculisé. J’avais dit que Babacar Ndiaye a « tué » ce basketball qui est descendu de trois cran au-dessus. Ce qu’on ne voulait pas qu’il arrive à notre pays. Il disait vouloir un trois mandat pour aller à FIBA, maintenant il doit se rendre compte qu’on ne veut de lui là -bas. Si on ne fait pas gaffe le Sénégal va tomber dans un autre trou ». Et de dénoncer avec rigueur la présence du secrétaire général de la FSBB au Congrès de Maputo « où il n’avait pas sa place. On dirait qu’on a voulu le récompenser après son rôle déterminant pour permettre la réélection de Babacar Ndiaye ».