Ça y est ! Le président de la République a signé la note demandant aux agents de l’hôpital Aristide de Le Dantec de libérer les lieux. Il faut reconnaître que cela était prévu, depuis avril dernier, ‘’mais au Sénégal, on attend toujours le dernier moment pour précipiter les choses. Il est évident que l’hôpital ne peut pas continuer à fonctionner à côté des travaux de grande envergure. Les malades ont besoin de calme pour se reposer, les médecins de même pour travailler sereinement. Donc, c’est normal que l’on soit redéployé, le temps de la durée des travaux’’, reconnaît une source qui travaille dans cet hôpital fonctionnel depuis la période coloniale.
Le 20 avril dernier, en Conseil des ministres, le président de la République a informé son gouvernement ‘’de sa décision de faire engager, à partir de septembre 2022, le lancement des travaux de reconstruction intégrale de l’hôpital Aristide Le Dantec sur son site actuel’’.
Lors de la même rencontre hebdomadaire de la semaine dernière, Macky Sall avait prié ‘’la ministre de la Santé et de l’Action sociale et ses collègues chargés des Finances et de l’Économie de procéder au lancement des travaux, au plus tard en début septembre 2022’’.
Estimée à 60 milliards F CFA, la réfection de l’établissement de santé doit se faire sur un espace de trois hectares situé sur son site actuel. Les travaux devraient durer 18 mois.
Réussir la plus expéditive évacuation d’une structure hospitalière
Suffisant pour emballer le déguerpissement des occupants de l’hôpital ? La dernière injonction du président de la République a fait mouche. Malades, personnels soignants et administratifs, personne n’y échappe. Et en moins de deux semaines, le ministère de la Santé compte réussir la plus expéditive des évacuations d’une structure hospitalière totalement fonctionnelle.
En effet, ce n’est pas moins de 10 000 usagers par jour, 24 services et 800 lits d’hospitalisation qui sont concernés. Et d’ici quatre jours (lundi 15 août 2022), le site doit être totalement libéré. ‘’Maintenant que le décret a été signé par le président de la République, il n’est plus question de revenir en arrière.’’ ''Nous avons rangé tous nos bagages. Tout le personnel sera ventilé dans d’autres structures sanitaires. Les maladies lourdes (cancers, dialyses, etc.) seront prises en charge dans d’autres hôpitaux’’, retient l’agent de l’hôpital Le Dantec.
D’autres, dans sa situation, ont fait face à la presse mardi pour dénoncer la situation ahurissante notée dans l’un des plus grands hôpitaux du Sénégal. Depuis avril, les choses auraient pu se mettre en place, puisque le plan de reconstruction a été présenté au président de la République.
Dans cette précipitation, les syndicalistes se préoccupent du redéploiement du personnel. Selon un de leurs représentants, lors de la conférence de presse de lundi dernier, ‘’rien n’a été fait. Si on les affecte (le personnel, NDLR), qui va les payer, puisque Le Dantec ne sera plus en mesure de prendre en charge les problèmes de rémunération ? Parce qu’il y a 90 % du personnel qui sont des contractuels de l’établissement’’.
D’ailleurs, des rumeurs évoquent le fait que seuls les fonctionnaires seront réaffectés dans d’autres structures de santé. Toutefois, une note de service, selon notre source, précise que ‘’pour le moment, tout le monde est concerné : les fonctionnaires, les contractuels, les prestataires de services, etc. Mais, on est sûr de rien. Ce qui est annoncé peut ne pas correspondre à ce qui est réellement effectué’’, regrette-t-elle.
Le ministère de la Santé donne son schéma de redéploiement
Dans un communiqué du ministère de la Santé et de l’Action sociale publié, hier, il est assuré que ‘’les agents fonctionnaires ou non-fonctionnaires ainsi que les contractuels seront redéployés en fonction des besoins des services d’accueil et des autres structures du ministère. Quant au personnel prestataire, il sera redéployé en fonction des besoins des structures et des catégories socioprofessionnelles ; un schéma complémentaire de prise en charge sera associé au redéploiement de ces prestataires’’.
Le Service de cancérologie de l’hôpital Aristide Le Dantec a été transféré à l’hôpital Ahmadoul Khadim de Touba, inauguré par le président de la République en septembre dernier. Pour le moment, c’est le seul qui a été relogé dans les régions. Dans son communiqué, les services de Marie Khemess Ndiaye précisent qu’un schéma de redéploiement des services et du personnel est arrêté, en collaboration avec la direction et les chefs de service dudit hôpital, et en rapport avec les structures sanitaires qui doivent les accueillir.
‘’Les hôpitaux et centres de santé suivants sont identifiés pour abriter les différents services : Dalal Jamm, Fann, Idrissa Pouye (Hogip), Roi Baudoin, HMO, HED, IHS, Pikine, Abass Ndao, Ahmadoul Khadim de Touba, Ngor, Les Maristes, Yeumbeul, Colobane, Nabil Choucair, Baye Talla Diop, Sicap Mbao, Keur Massar, PMI de Médina, le Hangar des pèlerins.'' A noter que les services déménagent avec le personnel dont ils ont besoin, pour renforcer l’activité au niveau des structures d’accueil.
Une partie de l’emprise vendue à des Espagnols ?
Délimitée sur une emprise de 6 ha, la reconstruction de l’hôpital Le Dantec se fera sur 3 ha. Jusqu’ici, rien d’officiel. ‘’Comme tout le monde, on a lu dans la presse que les 3 ha ont été vendus à des investisseurs espagnols. Mais, officiellement, on ne nous a rien dit’’, admet notre source. A ce propos, les syndicalistes n’ont pas été aussi mesurés. Ces derniers, qui trouvent déjà insuffisants les 6 ha, assimilent cette décision à un scandale inacceptable.
Toutefois, un avis de vente de 3 ha dans le cadre du projet de reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec a été publié dans le site officiel du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis).
L’urgence amène surtout à s’inquiéter pour les malades. ‘’Ce à quoi nous sommes en train d’assister, c’est extrêmement grave. Les rendez-vous des malades sont annulés. Les malades ne savent plus où aller pour se soigner’’, dénoncent les syndicalistes qui ont fait face à la presse. Quelques accompagnants de malades, sous le couvert de l'anonymat, ont confirmé des expulsions de malades, avec une simple promesse de prise en charge dans un nouveau centre hospitalier.
Les enseignements et encadrements d’étudiants maintenus
L’hôpital Aristide Le Dantec a une dimension sous-régionale. En plus des malades sénégalais, il reçoit des patients de toute l’Afrique de l’Ouest. Il est également le premier centre hospitalier universitaire (CHU) de l’Afrique occidentale. Ce qui fait que les premiers médecins, infirmiers, sages-femmes, paramédicaux de l’Afrique de l’Ouest ont été formés dans cette structure sanitaire qui fut une école de formation.
Dans leur plan de redéploiement, les services du ministère de la Santé rassurent, puisque le schéma ‘’vise à assurer la continuité des soins par une prise en charge correcte des patients dans les structures d’accueil et la poursuite de l’enseignement, de l’encadrement des étudiants et des projets de recherche’’.
Avec plus de 100 ans de services, l’hôpital Aristide Le Dantec a valu de grandes satisfactions au Sénégal parmi lesquels : la séparation, pour la première fois au Sénégal, de bébés siamois par l'équipe chirurgicale du professeur Mamadou Ndoye en 2003, la découverte du VIH 2 par le professeur Souleymane Mboup.
Enquete
Le 20 avril dernier, en Conseil des ministres, le président de la République a informé son gouvernement ‘’de sa décision de faire engager, à partir de septembre 2022, le lancement des travaux de reconstruction intégrale de l’hôpital Aristide Le Dantec sur son site actuel’’.
Lors de la même rencontre hebdomadaire de la semaine dernière, Macky Sall avait prié ‘’la ministre de la Santé et de l’Action sociale et ses collègues chargés des Finances et de l’Économie de procéder au lancement des travaux, au plus tard en début septembre 2022’’.
Estimée à 60 milliards F CFA, la réfection de l’établissement de santé doit se faire sur un espace de trois hectares situé sur son site actuel. Les travaux devraient durer 18 mois.
Réussir la plus expéditive évacuation d’une structure hospitalière
Suffisant pour emballer le déguerpissement des occupants de l’hôpital ? La dernière injonction du président de la République a fait mouche. Malades, personnels soignants et administratifs, personne n’y échappe. Et en moins de deux semaines, le ministère de la Santé compte réussir la plus expéditive des évacuations d’une structure hospitalière totalement fonctionnelle.
En effet, ce n’est pas moins de 10 000 usagers par jour, 24 services et 800 lits d’hospitalisation qui sont concernés. Et d’ici quatre jours (lundi 15 août 2022), le site doit être totalement libéré. ‘’Maintenant que le décret a été signé par le président de la République, il n’est plus question de revenir en arrière.’’ ''Nous avons rangé tous nos bagages. Tout le personnel sera ventilé dans d’autres structures sanitaires. Les maladies lourdes (cancers, dialyses, etc.) seront prises en charge dans d’autres hôpitaux’’, retient l’agent de l’hôpital Le Dantec.
D’autres, dans sa situation, ont fait face à la presse mardi pour dénoncer la situation ahurissante notée dans l’un des plus grands hôpitaux du Sénégal. Depuis avril, les choses auraient pu se mettre en place, puisque le plan de reconstruction a été présenté au président de la République.
Dans cette précipitation, les syndicalistes se préoccupent du redéploiement du personnel. Selon un de leurs représentants, lors de la conférence de presse de lundi dernier, ‘’rien n’a été fait. Si on les affecte (le personnel, NDLR), qui va les payer, puisque Le Dantec ne sera plus en mesure de prendre en charge les problèmes de rémunération ? Parce qu’il y a 90 % du personnel qui sont des contractuels de l’établissement’’.
D’ailleurs, des rumeurs évoquent le fait que seuls les fonctionnaires seront réaffectés dans d’autres structures de santé. Toutefois, une note de service, selon notre source, précise que ‘’pour le moment, tout le monde est concerné : les fonctionnaires, les contractuels, les prestataires de services, etc. Mais, on est sûr de rien. Ce qui est annoncé peut ne pas correspondre à ce qui est réellement effectué’’, regrette-t-elle.
Le ministère de la Santé donne son schéma de redéploiement
Dans un communiqué du ministère de la Santé et de l’Action sociale publié, hier, il est assuré que ‘’les agents fonctionnaires ou non-fonctionnaires ainsi que les contractuels seront redéployés en fonction des besoins des services d’accueil et des autres structures du ministère. Quant au personnel prestataire, il sera redéployé en fonction des besoins des structures et des catégories socioprofessionnelles ; un schéma complémentaire de prise en charge sera associé au redéploiement de ces prestataires’’.
Le Service de cancérologie de l’hôpital Aristide Le Dantec a été transféré à l’hôpital Ahmadoul Khadim de Touba, inauguré par le président de la République en septembre dernier. Pour le moment, c’est le seul qui a été relogé dans les régions. Dans son communiqué, les services de Marie Khemess Ndiaye précisent qu’un schéma de redéploiement des services et du personnel est arrêté, en collaboration avec la direction et les chefs de service dudit hôpital, et en rapport avec les structures sanitaires qui doivent les accueillir.
‘’Les hôpitaux et centres de santé suivants sont identifiés pour abriter les différents services : Dalal Jamm, Fann, Idrissa Pouye (Hogip), Roi Baudoin, HMO, HED, IHS, Pikine, Abass Ndao, Ahmadoul Khadim de Touba, Ngor, Les Maristes, Yeumbeul, Colobane, Nabil Choucair, Baye Talla Diop, Sicap Mbao, Keur Massar, PMI de Médina, le Hangar des pèlerins.'' A noter que les services déménagent avec le personnel dont ils ont besoin, pour renforcer l’activité au niveau des structures d’accueil.
Une partie de l’emprise vendue à des Espagnols ?
Délimitée sur une emprise de 6 ha, la reconstruction de l’hôpital Le Dantec se fera sur 3 ha. Jusqu’ici, rien d’officiel. ‘’Comme tout le monde, on a lu dans la presse que les 3 ha ont été vendus à des investisseurs espagnols. Mais, officiellement, on ne nous a rien dit’’, admet notre source. A ce propos, les syndicalistes n’ont pas été aussi mesurés. Ces derniers, qui trouvent déjà insuffisants les 6 ha, assimilent cette décision à un scandale inacceptable.
Toutefois, un avis de vente de 3 ha dans le cadre du projet de reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec a été publié dans le site officiel du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis).
L’urgence amène surtout à s’inquiéter pour les malades. ‘’Ce à quoi nous sommes en train d’assister, c’est extrêmement grave. Les rendez-vous des malades sont annulés. Les malades ne savent plus où aller pour se soigner’’, dénoncent les syndicalistes qui ont fait face à la presse. Quelques accompagnants de malades, sous le couvert de l'anonymat, ont confirmé des expulsions de malades, avec une simple promesse de prise en charge dans un nouveau centre hospitalier.
Les enseignements et encadrements d’étudiants maintenus
L’hôpital Aristide Le Dantec a une dimension sous-régionale. En plus des malades sénégalais, il reçoit des patients de toute l’Afrique de l’Ouest. Il est également le premier centre hospitalier universitaire (CHU) de l’Afrique occidentale. Ce qui fait que les premiers médecins, infirmiers, sages-femmes, paramédicaux de l’Afrique de l’Ouest ont été formés dans cette structure sanitaire qui fut une école de formation.
Dans leur plan de redéploiement, les services du ministère de la Santé rassurent, puisque le schéma ‘’vise à assurer la continuité des soins par une prise en charge correcte des patients dans les structures d’accueil et la poursuite de l’enseignement, de l’encadrement des étudiants et des projets de recherche’’.
Avec plus de 100 ans de services, l’hôpital Aristide Le Dantec a valu de grandes satisfactions au Sénégal parmi lesquels : la séparation, pour la première fois au Sénégal, de bébés siamois par l'équipe chirurgicale du professeur Mamadou Ndoye en 2003, la découverte du VIH 2 par le professeur Souleymane Mboup.
Enquete