Exposé des faits
Nous sommes le 8 janvier 2011. Sène, un ressortissant sénégalais, vend des colliers sur la terrasse d’un restaurant du centre commercial Puerto Rico, dans la municipalité de Mogán (Gran Canaria). Lorsque deux policiers locaux en civil lui demandent de les accompagner dans un endroit isolé, il s’enfuit. Ce sont les mêmes qui, trois jours plus tôt, avaient participé à une intervention au cours de laquelle un de ses cousins, également vendeur ambulant, avait été blessé.
Sène avait été cité à comparaître comme témoin dans ce procès et craignait pour sa sécurité. La poursuite commence. L’un des agents l’a rattrapé, lui a donné deux violents coups de pied et un coup de poing avant de se mettre sur lui pour l’immobiliser. L’agression a été enregistrée par les caméras de vidéosurveillance.
Le vendeur ambulant a été traîné hors du supermarché. Hors de portée des caméras, les deux officiers le frappent avec des matraques. Le citoyen sénégalais tente de se protéger avec son bras et celui-ci est cassé. Ils le saisissent par la ceinture et le jettent violemment au sol. Après lui avoir passé les menottes, il a été emmené au poste de police où les agents ont continué à frapper le vendeur.
Une condamnation en 1ère instance confirmée par la Cour suprême
Avec cet exposé des faits avérés, en février 2021, la première section de l’Audience provinciale de Las Palmas a condamné deux agents de la police locale de Mogán à sept ans et demi de prison et à dix ans d’interdiction absolue de tout emploi public. En outre, il les a condamnés à verser 20 745,75 euros en réparation des préjudices causés.
Les officiers condamnés sont Gilberto J.M.R. et Carlos J.H.R. Le premier est en prison pour une affaire de violence sexiste. Le second est toujours en service actif.
La vérité est que près de onze ans après les événements, il n’y a aucune trace d’une quelconque action contre les policiers impliqués dans l’agression du vendeur ambulant sénégalais.
Le bureau du procureur de la Cour suprême approuve la condamnation
Le ministère public de la Cour suprême a déjà statué sur les recours présentés par les personnes condamnées et par la mairie de Mogán. Dans une lettre datée du 4 novembre, le ministère public demande que les motifs invoqués par la défense soient rejetés et, par conséquent, que la condamnation des agents de la police locale soit confirmée.