La Division spéciale de la cybersécurité a démantelé une bande des présumés escrocs qui s’activait dans le business de graines médicinales contre le cancer et le sida.
En effet, 41 plaintes ont été enregistrées entre 2018 et 2022, pour un préjudice provisoire de 351 millions de F Cfa.
Il s’agissait d’une bande constituée d’hommes et de quatre femmes. Tout au début, leur plan consistait à repérer dans des hôtels et restaurants de luxe de gros clients. Parmi les dames, il y avait une caissière qui a travaillé dans de grands restaurants qui côtoyait les victimes pour avoir leurs filiations (numéros de téléphone, adresse et profession).Une fois ces renseignements pris, un membre de la bande était censé communiquer avec le client pour lui dire qu’ils ont été dans la même classe et qu’il séjourne en Europe.
Ainsi, le cybercriminel propose une activité ayant trait à l’exportation de graines (aubépine, argan, voacanga, moringa, etc.) ou de sève d’aloe vera venant du Mali. L’escroc faisait tout pour convaincre sa proie en affirmant qu’il s’agissait de produits prisés par des entreprises parisiennes et anglaises, parce qu’entrant dans la fabrication de médicaments qui soignent le sida et le cancer.
«Avec un chargement de graines, il est possible de gagner des centaines de millions de F Cfa. Mais, souvent, la cible soupçonnait une arnaque et refusait de mettre ses sous. Et c’est ainsi que le faux ancien camarade de classe le rassurait en lui faisant savoir qu’il ne dépensera pas un rond et que son rôle consistait juste à faire venir à Dakar les graines en provenance du Mali», lit-on dans «Vipeoples».
Le fournisseur n’attendait alors que l’approbation pour charger les camions. Pendant qu’il réfléchit à la proposition, le faux acheteur qui doit venir d’Europe envoie de fausses réservations de billets d’avion et fait savoir qu’il ne vient que pour la transaction et ne restera pas plus de 24 heures au Sénégal. Rassurée, la victime accepte pour le chargement des camions et prend le numéro du camionneur.
Aussitôt après, ce dernier l’appelle pour lui signifier qu’il est en route, mais qu’il est bloqué pour une autorisation d’exportation et doit débourser 400 000 F CFA. Ayant repris contact avec le fournisseur, ce dernier lui fait savoir qu’il n’a qu’à se débrouiller, parce que son rôle se limitait à charger les camions et gagner des centaines de millions de F CFA et que l’acheteur a déjà pris un avion.
Coincée, la victime accepte de débourser les 400 000 F Cfa.
Le même stratagème est opéré pour lui soutirer trois autres millions réservés au certificat phytosanitaire. Puis, le chauffeur prétend qu’il a une panne qui nécessite environ 300 000 F CFA et d’autres dépenses.
Arrivé vers 6 h du matin à Thiaroye, le client est soulagé, mais le faux camionneur, un membre de la bande qui était dans la chambre et d’autres suspects, lui fait comprendre qu’il s’est fait rouler dans la farine avant de raccrocher.
Tous les autres correspondants qui ont joué un rôle dans la fausse transaction deviennent, du coup, injoignables.
Toutefois, les hommes du commissaire, Ali Kandé, Chef de la Division spéciale de cybersécurité (DSC), ont finalement réussi à mettre la main sur six suspects parmi lesquels quatre dames. Il s’agit des sieurs M. L. Coly et A. Sanago, commerçant et tradipraticien, et les dames A. Diallo, S. Diallo, A. Sène et M. D. Fall.
Ils ont été tous déférés devant le procureur de la République, hier, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise criminelle transfrontalière, escroquerie en bande organisée ou complicité d’escroquerie à la graine et blanchiment de capitaux.
Par contre, M. Sagna est en fuite. Deux individus de nationalité béninoise sont activement recherchés. Plusieurs téléphones portables et puces ont également servi à retracer une partie des transactions saisies.