Ce mardi 4 Avril 2022, marque le 62e anniversaire de l’accession à la souveraineté nationale de la République du Sénégal. Cette année, à cause des chantiers du Bus Rapid Transit (Brt), un peu partout à Dakar, une grande première dans la capitale sénégalaise, il a été décidé une cérémonie de prise d'armes, de remise de décorations, et d’un défilé à pied d’écoles de formation et de troupes militaires et paramilitaires, à la Place de l’Indépendance, placée sous le thème : « Forces de défense et de sécurité, et résilience nationale ».
Dans ce contexte de la fête de l’indépendance, Seneweb a posé quelques questions à la Commandante de la gendarmerie, Mame Rokhaya Lo, première Femme sénégalaise, pilote, par ailleurs la première femme à avoir dirigé la 2e FPU composée de 135 militaires dont 21 femmes en RDC. En juin 2019, elle a été promue à l’état-major comme chef de la division admission mobilisation cumul division genre. Devenue l’année suivante cheffe de la division du Genre et de la Mixité, elle rejoint en 2021 la Monusco comme commandant de la SEN FPU 2.
Depuis, Bunia en RDC (République Démocratique du Congo) la Cheffe d’escadron Mame Rokhaya Lo évoque la présence des femmes dans les corps de l’Armée. Ainsi, elle les invite à davantage participer aux concours d’entrée des écoles de formation des forces de défenses et de sécurité. Elle recommande, également, à celles qui tiennent des postes de responsabilité, de les assumer avec professionnalisme. Entretien.
Cette année la 62ème fête de l’indépendance sera célébrée par une prise d’armes, comment comptez-vous la célébrer hors de votre pays ?
Pour ce 62ème anniversaire, la SENFPU2/15 compte organiser une prise d’armes au sein de la caserne. Cette cérémonie militaire sera suivie d’un dîner de corps le soir en compagnie des collègues d’autres nationalités présentes à BUNIA.
On a récemment célébré les 40ans de la présence des Femmes dans la Police. En tant que première femme à diriger la 2èmeFPU de 135 militaires dont 21 femmes en RDC, quel plaidoyer portez-vous pour une intégration massive des femmes mais aussi une responsabilité de ces dernières ? D’autant plus qu’elles occupent certes des postes de responsabilité mais la représentation reste faible.
Mon plaidoyer est d’encourager l’engagement effectif des femmes dans la gendarmerie (plus de femmes recrutées). Ainsi, j’en appelle à leur courage et à leur volonté pour participer massivement aux concours d’entrée dans les écoles de formation des forces de défense et de sécurité. Ce qui augmenterait leur chance car il faut savoir que c’est par voie de concours qu’on accède à la Gendarmerie.
Pour les postes de responsabilités, il faut savoir que les femmes officiers n’ont intégré la Gendarmerie qu’en 2009. Mais, elles commencent à occuper plusieurs postes de responsabilités et tiennent ces postes avec professionnalisme.
En tout état de cause, les commandements des forces de défense et de sécurité doivent accroître l'impulsion en faveur de la prise en compte du Genre dans nos institutions.
On sort mois de Mars, dédié aux droits de la Femme. Quelle analyse faites vous sur les droits des femmes qui sont souvent bafoués, surtout dans les pays de conflit, où elles sont, notamment victimes de viol?
Je pense qu’elles ont besoin d’être accompagnées surtout dans les pays en conflit comme la République démocratique du Congo où je me trouve. Cet accompagnement se fait très souvent par des formations sur les violences basées sur le genre ou le leadership féminin, conformément au mandat de la Monusco, suivant la résolution 2556, dans son volet protection des civils. Ceci reste très important pour ces femmes qui ont seulement besoin de s’exprimer ou d’être écoutées la plupart du temps. Le 08 mars dernier, la Senfpu a pu aider pour la formation de 50 femmes congolaises et j’ai aussi participé à la formation de quatre-vingt jeunes filles sur le leadership féminin à Bunia.
Est-ce qu'il y a des difficultés liées au genre auxquelles les femmes sont confrontées sur le terrain ? Est ce que vous pouvez nous raconter des anecdotes que les récipiendaires ont vécues?
Sur le terrain, les femmes ne rencontrent pas trop de difficultés liées au genre. Le cas échéant, elles pourront toujours s’appuyer sur leurs collègues hommes avec lesquels elles travaillent lors des patrouilles ou escortes. Il faut noter, que la population congolaise accepte très bien les femmes casques bleu. Leur présence facilite même beaucoup de choses pour l’exécution des missions.