Le Sénégal se retrouve dans le lot des pays pauvres. Cette situation critique oblige certains Sénégalais, à s’arranger pour cohabiter dans une même maison ou appartement.
Le partage de l’espace et des factures d’eau et d’électricité, entraîne de manière fréquente, des conflits entre colocataires. Ainsi, il est facile de trouver dans cette situation, une diversité de comportements, susceptible d’installer une animosité indéfectible.
Et, il arrive que les colocataires en conflit, se haïssent à mort sur des détails. Souvent, chacun reste sur ses gardes, guette le moindre faux-pas du voisin pour agir avec violence, juste pour prendre sa revanche.
L’autre mobile invoqué, vient des intrus et autres amis. Prétextant, d’un bref passage dans une demeure, ils passent beaucoup plus de temps que prévu.
Venus passer une ou deux nuitées de sommeil, ces intrus, des hôtes de trop ou de véritables « parasites », font accroître les difficultés des colocataires. Aussitôt, installés, l’ordre et l’autorité qui devraient aider à stabiliser les relations, changent ou s’envolent. Le désordre s’installe…avec son lot de dégâts.
La cohabitation ou le partage de l’espace, constate-t-on, constitue à la limite, une difficulté de taille. Alors, les occupants s’auto-contrôlent pour éviter le regard détestant du voisin.
« Souvent, c’est un problème de comportement qui perturbe la quiétude des colocataires. Un petit détail frustre. Ce qui fait dans certaines maisons, chaque colocataire est sur sa garde », relèvent des agents immobiliers ou courtiers, retrouvés à côté du siège de la Fédération sénégalaise de Football.
Ces derniers, se chargeant de trouver un logis à d’autres personnes, indiquent qu’eux-mêmes, passent une partie de leurs temps, à résoudre des conflits entre colocataires.
Lesdits conflits qui surgissent entre colocataires, disent-ils, les concernent au premier chef. Puisque le propriétaire de maison qui leur fait confiance dans l’octroi des chambres, se plaint de manière récurrente, à leur niveau. Il signale à Leral qu’il arrive même, que ce dernier, frustré, conteste le choix des personnes qu’ils ramènent.
Loi du Talion comme règle, « Œil pour œil, dent pour dent »
Certaines maisons données à plusieurs locataires, connaissent un manque notoire de paix et de tranquillité. Des libertins qui occupent une partie de l’espace se croient tout permis.
A défaut d’un diktat imposé aux autres, ils expriment une arrogance ou un manque d’éducation, difficiles à comprendre. Ce déficit de retenue et de tenue des uns envers les autres, installe une sorte de loi du Talion, « Œil pour œil, dent pour dent ». Rien ne se pardonne. Cette situation de tension qui règne dans ces cadres de vie, font vivre un calvaire aux voisins.
Contraints à la révolte, certains peinent même, à oublier leurs vécus cauchemar-desques, qui laissent derrière eux, des traces psychiques ou pathologiques.
Parfois cocasse, chacun des interpellés, y va de son histoire pour démontrer combien, il est parfois, difficile d’être dans la colocation. « Souvent, si ce n’est pas le cadre qui développe une défaillance de construction, c’est les personnes, partageant l’espace qui sont pointées du doigt. Ils sont très fréquemment en conflit», relèvent les agents immobiliers.
Le cadre de vie, servant de logis, est souvent décrié. Les bailleurs, renflouent leurs comptes ou remboursent un prêt bancaire. Mais, ils refusent d’investir le plus souvent, dans une maison en location pour offrir un meilleur cadre de vie. Malgré tout, ils trouvent toujours, preneurs du côté des « Goordoorlu » dans le besoin qui sont socialement, des laissés-pour-compte.
Accrochée à côté du Pont de l’émergence, Assy Diallo, une habitante de Grand-Yoff, se rappelle de ses différends avec ses colocataires. « Je logeais dans une maison remplie de monde à Grand-Yoff. Il n’y avait aucun confort de vie dans cette maison. Les murs et les dalles de la maison étaient en mauvais état. Nous vivions une parfaite insécurité. Nos vies étaient exposées », a expliqué Assy Diallo, qui va sur ses 35 ans révolus.
Cette dernière, célibataire endurcie, constate qu’en dehors de l’état de délabrement de certaines maisons, le comportement des uns à l’endroit des autres, installe le chaos. Elle relève d’autres griefs, parmi lesquels l’autoritarisme et le manque de respect posent beaucoup plus de problèmes.
Souvent, constate-t-elle, c’est des histoires d’une moindre importance, de la médisance et du manque de considération pour les plus démunis qui fragilisent les relations. Ce qui proviendrait de ce que ces derniers appartiendraient à un rang économiquement ou socialement, inférieur.
Ce détail, prévient-elle, pousse à une révolte sans merci. Ces derniers, refusant la domination injustifiée, attendent très souvent, le meilleur moment pour agir avec violence afin de se faire respecter.
« Dans notre demeure, une dame qui ne voulait pas de moi dans la maison, me cherchait presque, tous les jours. Quand je passe pour aller dans les toilettes ou m’occuper de mes affaires, elle jette l’opprobre sur moi.
Souvent, elle utilise un langage très grossier pour me manifester sa haine. Mais, comme je suis très sereine, j’ai attendu qu’elle franchisse le rubicon pour agir. Bref, elle m’accusait régulièrement, de coucher avec les maris de certaines femmes qui étaient dans notre immeuble », se souvient-elle.
Notre interlocutrice, trouvant injuste et infondée l’accusation, a fini par céder et répondre avec violence à la provocation. Elle dit avoir développé une fine stratégie pour recadrer celle qui l’empêchait de s’épanouir.
« Un jour, j’ai constaté qu’il y a moins de personnes à la maison, je l’ai interpellée sur ses attaques. Avant qu’elle n’ouvre la bouche, je l’avais pris au collet pour la malmener de telle sorte qu’elle ne l'oubliera pas de sitôt. Je l’ai brutalisée, jusqu’à ce qu’elle s’affale par terre », narre-t-elle.
Le lendemain, regrette-t-elle, cette dame qui a subi une humiliation, est revenue à la maison avec une convocation de la Gendarmerie. Sachant que la situation peut tourner en sa faveur, Assy a pris conseil auprès de juristes pour peaufiner une bonne version de défense.
Elle dit avoir trouvé une pirouette verbale pour charger cette dernière et convaincre les gendarmes du statut de femme belliqueuse de cette dernière. Finalement, les gendarmes lui ont accordé une fin de non poursuite.
Un couple de jeunes mariés, interpellé sur le sujet, non loin de la Brioche dorée d’Ouest Foire, relate une histoire marrante. Le couple, sachets entre les mains, très souriant, réagit avec enthousiasme.
Ces amoureux ont trouvé passionnant le sujet, tout en donnant l’impression d’être dans un besoin d’expression intense. « Hier seulement, nous avions eu une prise de gueule avec une voisine de chambre.
Cette dernière, très belliqueuse, nous accuse d’avoir mis des produits détergents ou du piment dans le réservoir d’eau qui alimente nos robinets. Elle dit même, avoir prélevé une quantité de cette eau qu’elle a amenée au laboratoire pour analyse.
Et, elle dit encore que le laborantin lui a même soutenu qu’il s’agit de produits détergents et du piment », en rigole le jeune couple.
Traitant cette femme de détraquée mentale, les amoureux se plaignent de l’absence de lucidité, dont certains font montre dans l’espace commun.
Sillonnant les ruelles du quartier pour une petite promenade, les amoureux pensent qu’il s’agit d’une histoire amusante, qui frise le ridicule. Ledit couple est outré par l’imagination fertile de leur colocataire qui pense à un tel scénario.
Le refus des propositions ou provocations charnelles, transforme la cohabitation en enfer
Les difficultés entre colocataires sont différentes, de par leur caractère insolite. Certains, vivent l’injustice de diverses manières. Nos interlocuteurs, témoignent de l’existence de charmantes femmes, préposées à l’accueil dans certaines maisons. Ces dernières, agissent en reines et restent disponibles à rendre des services.
Mais, le nouveau colocataire, peinant à décrypter les signaux, envoyés par celles-ci, pourrait être considéré d’"innocent", d’inculte. Les personnes interpellées, précisent qu’il s’agit de femmes qui cherchent à trouver dans la cohabitation, des hommes, faciles à dorloter et à séduire. Dans cette forme de relation, l’homme qui succombe à la provocation, est utilisé pour gérer le paiement du loyer, des factures d’eau et d’électricité, ainsi que le manger.
En contrepartie, ladite femme, reste disponible pour satisfaire les besoins charnels du voisin. Mais, celui qui intègre ces genres de maisons tout en refusant de répondre à la demande de ces bonnes "dames de compagnie", risque de payer cash son refus.
A défaut d’une calomnie, le colocataire imperméable à la tentation, pourrait être victime d’une accusation de vol ou de viol. Très puissantes ou stratégiques, ces dames ont toujours un moyen, d’après l’enquête de Leral, pour faire partir le locataire récalcitrant à leurs avances. Celui qui n’est pas prudent, peut se retrouver de manière subite, à la Gendarmerie ou, au Tribunal.
« Mon mari et moi, vivions avec une jeune fille autoritaire. Elle voulait imposer sa suprématie sur tout le monde, alors qu’elle avait la plus petite chambre dans l’appartement. Nous l’avions trouvée dans cette maison. Mais, il se trouve qu’elle entretenait « sexuellement », certains colocataires.
Dès qu’il y a un nouveau dans la maison, elle déroule sa stratégie pour être dans ses grâces. Si, quelqu’un résiste à ses propositions ou provocations charnelles, elle transforme la cohabitation en enfer. Juste, pour vous faire quitter de la maison », a relevé Sophie Guèye, habitant Hlm 4.
Très élégante, mine raffinée, elle soutient que cette jeune fille de compagnie qui peinait à séduire son mari, évoquait au quotidien une dégradation de l’hygiène et, un défaut d’entretien de l’appartement. Après moult plaintes ou protestations verbales sans succès, elle avait décidé de passer à une vitesse supérieure pour leur faire quitter la maison.
« Des fois, en l’absence de mon mari, elle s’asseoit sur un banc au milieu de la cour. Quand je passe pour aller dans la cuisine ou dans les toilettes, elle en profite pour lancer des piques. Elle a toujours son mot à dire. Un jour, je prépare le déjeuner dans la cuisine, elle vient asperger des pesticides sur mes légumes et autres condiments. Là , je me révolte, on a eu un accrochage terrible », soutient-elle.
Sophie Guèye, reste d’avis qu’il est parfois bon de répondre à la provocation de ces "dames de compagnie". Elle estime avoir retrouvé la paix et la tranquillité après sa riposte.
« Après, je suis partie me plaindre à la Gendarmerie qui m’a remis une convocation. Sachant que j’ai une convocation qui lui est destinée, elle a fui pour trouver refuge, dans un autre quartier de Dakar. Chaque fois, le chef de quartier passe pour lui remettre la convocation, mais, il constate qu’elle n’est pas là », poursuit-elle, avec un malin sourire provocateur.
Finalement, retient-elle, cette dame a fait appel à d’autres proches pour une médiation afin de retrouver sa quiétude. « Depuis la fin de cet épisode, elle est devenue plus méfiante et effacée », renchérit-elle.
Répartition des factures, une arnaque !
La mesquinerie des colocataires réside dans la non déclaration des appareils électroménagers en possession. Chacun garde dans sa chambre des appareils qui consomment énormément d’électricité. Quand arrive l’échéance de paiement des factures d’eau ou d’électricité, chacun se positionne pour être celui qui a le moins consommé.
« Notre problème réside dans la répartition des factures d’eau et d’électricité. Nous avions un colocataire malhonnête, qui avait tout dans sa chambre. Mais, il refuse toujours de payer les montants exigés pour le paiement de notre facture d’eau ou d’électricité.
Cet homme veut tout temps, donner des montants inférieurs, une fois la répartition faite. Il se permettait souvent, de gueuler en s’attaquant à tout le monde », a dénoncé Mor Faty Ndiaye, un jeune débrouillard qui logeait dans un appartement partagé à Yoff Layène.
Très entreprenant, le jeune Ndiaye refuse de se laisser faire devant une telle situation. Il soutient avoir toujours, pris ses responsabilités pour inciter le réfractaire à s’aligner pour le règlement de la facture à temps.
Non loin, à Ouest-Foire, une autre dame qui se chargeait de faire la répartition des factures d’eau et d’électricité, s’arrangeait toujours, pour payer le plus faible montant. Le local partagé était constitué de quatre chambres, plus toilette commune et une cour intérieure.
Mais, celle-ci, consommant autant que tout le monde, agissait toujours, avec autorité à l’endroit des autres colocataires. Au bout du compte, un des voisins, constatant le modus operandi de la dame, a fini par sonner l’alerte, suivie d’une révolte.
« Nous avions constaté qu’à l’arrivée des factures, cette femme, dont je vous parle, ne donnait pas le temps, de bien voir le montant à payer, inscrit sur les factures. Souvent, elle écrivait sur du papier, le montant à donner comme contribution par locataire pour payer la facture. En un moment donné, j’ai demandé à voir la facture réelle, avant de verser ma part. Ainsi, elle a refusé d’abord, avant de trouver des excuses de contournement afin de me faire payer.
Mais, je suis resté sur ma position. Finalement, c’est le bailleur qui a repris les choses en main pour faire lui-même, la répartition des factures. Depuis lors, elle ne me parle plus », a constaté l’étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Cheikh Fall. N’empêche, il s’estime heureux d’avoir tiré une épine du pied de ses voisins de chambre qui étaient escroqués de manière périodique.
Libertinage des colocataires
L’offre de logements partagés, enregistre le plus grand nombre de plaintes et de complaintes. Les conflits, découlant de la confrontation entre colocataires dans les structures judiciaires sont légion. Le moindre conflit est réglé soit, à la Gendarmerie, la Police ou, dans les Tribunaux. Il y a une sorte de tolérance zéro dans lesdites maisons à loyer partagé.
Mais, constate une source de la Gendarmerie, les problèmes entre colocataires, sont plus posés par les femmes. Ces dernières, sans couverture matrimoniale, cherchent à prendre une chambre quelque part pour être autonomes. Sans emploi, ni activité génératrice de revenus, elles prennent le risque de s’éloigner de la demeure familiale.
Une fois hors de la famille, elles vivent, d’après la source de Leral, une sorte de libertinage sans nom. En plus de leurs multiples besoins de femmes, elles donnent l’impression d’avoir une vie accomplie. S’habillant avec extravagance, elles cherchent à accrocher. Elles développent des astuces séductrices pour profiter de la générosité des autres colocataires.
Astou Amar, une fille voilée, retrouvée sur l’Avenue Lamine Guèye à Dakar, a fait une remarque sans ambiguïté. « C’est souvent les femmes qui veulent une autonomie, qui prennent un appartement ou une chambre. L’activité de ces jeunes filles à l’intérieur des maisons est décevante. Elles font souvent, plus de cinq jeunes filles dans une seule chambre. C’est ce que j’ai constaté dans notre immeuble.
Mais, la nuit, ces filles transforment l’immeuble en auberge. Jusque tard dans la nuit, il y a toujours, des entrées et des sorties d’hommes. Des fois, elles ne se cachent pas, tu peux les entendre discuter sans gêne du prix de la passe », se désole Astou Amar.
Semblant une femme très réservée, elle livre de manière amusée, ces secrets d'alcôve. Et habillée d’une tenue orientale qui ne laisse rien transparaître, elle s’interroge de l’avenir de ces jeunes filles.
« Il me semble que ces filles ne se soucient pas de leur avenir. Est-ce qu’elles se demandent même, si, elles doivent un jour, fonder une famille, faire des enfants.
Je me demande souvent, où se trouve les parents de ces jeunes filles qui vivent une sorte de libertinage total dans différents quartiers de la ville. Je porte vraiment, un regard méprisant sur ces filles. Elles ternissent l’image des femmes qui veulent être de bonnes mères de famille », s’est inquiétée Astou Amar.
La colocation entre jeunes filles, prend de l’ampleur dans certains quartiers. Les habitants de Nord-Foire, derrière la Sde, ne diront pas le contraire. Un immeuble très imposant est quasiment, occupé par des filles, qui prennent du plaisir à sortir la nuit ou, à recevoir à domicile, une clientèle sexuelle. Certaines parmi elles, donnent même l’image de garçons, adeptes du lesbianisme.
Ces jeunes filles déambulent la nuit tombée, presque nues, entre les ruelles de ce nouveau quartier. D’autres parmi elles, s’habillent en jean serré, découpé en mille morceaux. Cheveux teintés ou bizarrement coupés, elles guettent les passants sur une ruelle, moins lumineuse. D’autres, utilisant l’espace occupé comme dortoir, prennent des taxis entre 1heure et 2 heures, en direction des Almadies, où l’offre est plus consistante.
« Je suis dégouté de voir ces filles dans mon quartier. Rien ne les perturbe. Elles bravent les regards inquisiteurs des curieux. Si, tu restais un peu, tu vas voir comment, elles sèment le désordre dans le quartier. Non seulement, ces filles font beaucoup de bruit, mais, elles se bagarrent pour des raisons non connues jusque-là », a dénoncé un jeune menuisier, Ibrahima Diédhiou, habitant Nord Foire.
La dépravation des mœurs, sous le regard impuissant des autorités et des parents, gagne davantage de terrain à Dakar et ses environs. Les jeunes filles, adeptes du libertinage, prennent le courage d’affronter avec audace une réalité d’ailleurs. A travers la colocation, ces filles en profitent pour croquer à pleines dents une vie décriée et proscrite par la société sénégalaise.
Ousseynou WADE Leral
Le partage de l’espace et des factures d’eau et d’électricité, entraîne de manière fréquente, des conflits entre colocataires. Ainsi, il est facile de trouver dans cette situation, une diversité de comportements, susceptible d’installer une animosité indéfectible.
Et, il arrive que les colocataires en conflit, se haïssent à mort sur des détails. Souvent, chacun reste sur ses gardes, guette le moindre faux-pas du voisin pour agir avec violence, juste pour prendre sa revanche.
L’autre mobile invoqué, vient des intrus et autres amis. Prétextant, d’un bref passage dans une demeure, ils passent beaucoup plus de temps que prévu.
Venus passer une ou deux nuitées de sommeil, ces intrus, des hôtes de trop ou de véritables « parasites », font accroître les difficultés des colocataires. Aussitôt, installés, l’ordre et l’autorité qui devraient aider à stabiliser les relations, changent ou s’envolent. Le désordre s’installe…avec son lot de dégâts.
La cohabitation ou le partage de l’espace, constate-t-on, constitue à la limite, une difficulté de taille. Alors, les occupants s’auto-contrôlent pour éviter le regard détestant du voisin.
« Souvent, c’est un problème de comportement qui perturbe la quiétude des colocataires. Un petit détail frustre. Ce qui fait dans certaines maisons, chaque colocataire est sur sa garde », relèvent des agents immobiliers ou courtiers, retrouvés à côté du siège de la Fédération sénégalaise de Football.
Ces derniers, se chargeant de trouver un logis à d’autres personnes, indiquent qu’eux-mêmes, passent une partie de leurs temps, à résoudre des conflits entre colocataires.
Lesdits conflits qui surgissent entre colocataires, disent-ils, les concernent au premier chef. Puisque le propriétaire de maison qui leur fait confiance dans l’octroi des chambres, se plaint de manière récurrente, à leur niveau. Il signale à Leral qu’il arrive même, que ce dernier, frustré, conteste le choix des personnes qu’ils ramènent.
Loi du Talion comme règle, « Œil pour œil, dent pour dent »
Certaines maisons données à plusieurs locataires, connaissent un manque notoire de paix et de tranquillité. Des libertins qui occupent une partie de l’espace se croient tout permis.
A défaut d’un diktat imposé aux autres, ils expriment une arrogance ou un manque d’éducation, difficiles à comprendre. Ce déficit de retenue et de tenue des uns envers les autres, installe une sorte de loi du Talion, « Œil pour œil, dent pour dent ». Rien ne se pardonne. Cette situation de tension qui règne dans ces cadres de vie, font vivre un calvaire aux voisins.
Contraints à la révolte, certains peinent même, à oublier leurs vécus cauchemar-desques, qui laissent derrière eux, des traces psychiques ou pathologiques.
Parfois cocasse, chacun des interpellés, y va de son histoire pour démontrer combien, il est parfois, difficile d’être dans la colocation. « Souvent, si ce n’est pas le cadre qui développe une défaillance de construction, c’est les personnes, partageant l’espace qui sont pointées du doigt. Ils sont très fréquemment en conflit», relèvent les agents immobiliers.
Le cadre de vie, servant de logis, est souvent décrié. Les bailleurs, renflouent leurs comptes ou remboursent un prêt bancaire. Mais, ils refusent d’investir le plus souvent, dans une maison en location pour offrir un meilleur cadre de vie. Malgré tout, ils trouvent toujours, preneurs du côté des « Goordoorlu » dans le besoin qui sont socialement, des laissés-pour-compte.
Accrochée à côté du Pont de l’émergence, Assy Diallo, une habitante de Grand-Yoff, se rappelle de ses différends avec ses colocataires. « Je logeais dans une maison remplie de monde à Grand-Yoff. Il n’y avait aucun confort de vie dans cette maison. Les murs et les dalles de la maison étaient en mauvais état. Nous vivions une parfaite insécurité. Nos vies étaient exposées », a expliqué Assy Diallo, qui va sur ses 35 ans révolus.
Cette dernière, célibataire endurcie, constate qu’en dehors de l’état de délabrement de certaines maisons, le comportement des uns à l’endroit des autres, installe le chaos. Elle relève d’autres griefs, parmi lesquels l’autoritarisme et le manque de respect posent beaucoup plus de problèmes.
Souvent, constate-t-elle, c’est des histoires d’une moindre importance, de la médisance et du manque de considération pour les plus démunis qui fragilisent les relations. Ce qui proviendrait de ce que ces derniers appartiendraient à un rang économiquement ou socialement, inférieur.
Ce détail, prévient-elle, pousse à une révolte sans merci. Ces derniers, refusant la domination injustifiée, attendent très souvent, le meilleur moment pour agir avec violence afin de se faire respecter.
« Dans notre demeure, une dame qui ne voulait pas de moi dans la maison, me cherchait presque, tous les jours. Quand je passe pour aller dans les toilettes ou m’occuper de mes affaires, elle jette l’opprobre sur moi.
Souvent, elle utilise un langage très grossier pour me manifester sa haine. Mais, comme je suis très sereine, j’ai attendu qu’elle franchisse le rubicon pour agir. Bref, elle m’accusait régulièrement, de coucher avec les maris de certaines femmes qui étaient dans notre immeuble », se souvient-elle.
Notre interlocutrice, trouvant injuste et infondée l’accusation, a fini par céder et répondre avec violence à la provocation. Elle dit avoir développé une fine stratégie pour recadrer celle qui l’empêchait de s’épanouir.
« Un jour, j’ai constaté qu’il y a moins de personnes à la maison, je l’ai interpellée sur ses attaques. Avant qu’elle n’ouvre la bouche, je l’avais pris au collet pour la malmener de telle sorte qu’elle ne l'oubliera pas de sitôt. Je l’ai brutalisée, jusqu’à ce qu’elle s’affale par terre », narre-t-elle.
Le lendemain, regrette-t-elle, cette dame qui a subi une humiliation, est revenue à la maison avec une convocation de la Gendarmerie. Sachant que la situation peut tourner en sa faveur, Assy a pris conseil auprès de juristes pour peaufiner une bonne version de défense.
Elle dit avoir trouvé une pirouette verbale pour charger cette dernière et convaincre les gendarmes du statut de femme belliqueuse de cette dernière. Finalement, les gendarmes lui ont accordé une fin de non poursuite.
Un couple de jeunes mariés, interpellé sur le sujet, non loin de la Brioche dorée d’Ouest Foire, relate une histoire marrante. Le couple, sachets entre les mains, très souriant, réagit avec enthousiasme.
Ces amoureux ont trouvé passionnant le sujet, tout en donnant l’impression d’être dans un besoin d’expression intense. « Hier seulement, nous avions eu une prise de gueule avec une voisine de chambre.
Cette dernière, très belliqueuse, nous accuse d’avoir mis des produits détergents ou du piment dans le réservoir d’eau qui alimente nos robinets. Elle dit même, avoir prélevé une quantité de cette eau qu’elle a amenée au laboratoire pour analyse.
Et, elle dit encore que le laborantin lui a même soutenu qu’il s’agit de produits détergents et du piment », en rigole le jeune couple.
Traitant cette femme de détraquée mentale, les amoureux se plaignent de l’absence de lucidité, dont certains font montre dans l’espace commun.
Sillonnant les ruelles du quartier pour une petite promenade, les amoureux pensent qu’il s’agit d’une histoire amusante, qui frise le ridicule. Ledit couple est outré par l’imagination fertile de leur colocataire qui pense à un tel scénario.
Le refus des propositions ou provocations charnelles, transforme la cohabitation en enfer
Les difficultés entre colocataires sont différentes, de par leur caractère insolite. Certains, vivent l’injustice de diverses manières. Nos interlocuteurs, témoignent de l’existence de charmantes femmes, préposées à l’accueil dans certaines maisons. Ces dernières, agissent en reines et restent disponibles à rendre des services.
Mais, le nouveau colocataire, peinant à décrypter les signaux, envoyés par celles-ci, pourrait être considéré d’"innocent", d’inculte. Les personnes interpellées, précisent qu’il s’agit de femmes qui cherchent à trouver dans la cohabitation, des hommes, faciles à dorloter et à séduire. Dans cette forme de relation, l’homme qui succombe à la provocation, est utilisé pour gérer le paiement du loyer, des factures d’eau et d’électricité, ainsi que le manger.
En contrepartie, ladite femme, reste disponible pour satisfaire les besoins charnels du voisin. Mais, celui qui intègre ces genres de maisons tout en refusant de répondre à la demande de ces bonnes "dames de compagnie", risque de payer cash son refus.
A défaut d’une calomnie, le colocataire imperméable à la tentation, pourrait être victime d’une accusation de vol ou de viol. Très puissantes ou stratégiques, ces dames ont toujours un moyen, d’après l’enquête de Leral, pour faire partir le locataire récalcitrant à leurs avances. Celui qui n’est pas prudent, peut se retrouver de manière subite, à la Gendarmerie ou, au Tribunal.
« Mon mari et moi, vivions avec une jeune fille autoritaire. Elle voulait imposer sa suprématie sur tout le monde, alors qu’elle avait la plus petite chambre dans l’appartement. Nous l’avions trouvée dans cette maison. Mais, il se trouve qu’elle entretenait « sexuellement », certains colocataires.
Dès qu’il y a un nouveau dans la maison, elle déroule sa stratégie pour être dans ses grâces. Si, quelqu’un résiste à ses propositions ou provocations charnelles, elle transforme la cohabitation en enfer. Juste, pour vous faire quitter de la maison », a relevé Sophie Guèye, habitant Hlm 4.
Très élégante, mine raffinée, elle soutient que cette jeune fille de compagnie qui peinait à séduire son mari, évoquait au quotidien une dégradation de l’hygiène et, un défaut d’entretien de l’appartement. Après moult plaintes ou protestations verbales sans succès, elle avait décidé de passer à une vitesse supérieure pour leur faire quitter la maison.
« Des fois, en l’absence de mon mari, elle s’asseoit sur un banc au milieu de la cour. Quand je passe pour aller dans la cuisine ou dans les toilettes, elle en profite pour lancer des piques. Elle a toujours son mot à dire. Un jour, je prépare le déjeuner dans la cuisine, elle vient asperger des pesticides sur mes légumes et autres condiments. Là , je me révolte, on a eu un accrochage terrible », soutient-elle.
Sophie Guèye, reste d’avis qu’il est parfois bon de répondre à la provocation de ces "dames de compagnie". Elle estime avoir retrouvé la paix et la tranquillité après sa riposte.
« Après, je suis partie me plaindre à la Gendarmerie qui m’a remis une convocation. Sachant que j’ai une convocation qui lui est destinée, elle a fui pour trouver refuge, dans un autre quartier de Dakar. Chaque fois, le chef de quartier passe pour lui remettre la convocation, mais, il constate qu’elle n’est pas là », poursuit-elle, avec un malin sourire provocateur.
Finalement, retient-elle, cette dame a fait appel à d’autres proches pour une médiation afin de retrouver sa quiétude. « Depuis la fin de cet épisode, elle est devenue plus méfiante et effacée », renchérit-elle.
Répartition des factures, une arnaque !
La mesquinerie des colocataires réside dans la non déclaration des appareils électroménagers en possession. Chacun garde dans sa chambre des appareils qui consomment énormément d’électricité. Quand arrive l’échéance de paiement des factures d’eau ou d’électricité, chacun se positionne pour être celui qui a le moins consommé.
« Notre problème réside dans la répartition des factures d’eau et d’électricité. Nous avions un colocataire malhonnête, qui avait tout dans sa chambre. Mais, il refuse toujours de payer les montants exigés pour le paiement de notre facture d’eau ou d’électricité.
Cet homme veut tout temps, donner des montants inférieurs, une fois la répartition faite. Il se permettait souvent, de gueuler en s’attaquant à tout le monde », a dénoncé Mor Faty Ndiaye, un jeune débrouillard qui logeait dans un appartement partagé à Yoff Layène.
Très entreprenant, le jeune Ndiaye refuse de se laisser faire devant une telle situation. Il soutient avoir toujours, pris ses responsabilités pour inciter le réfractaire à s’aligner pour le règlement de la facture à temps.
Non loin, à Ouest-Foire, une autre dame qui se chargeait de faire la répartition des factures d’eau et d’électricité, s’arrangeait toujours, pour payer le plus faible montant. Le local partagé était constitué de quatre chambres, plus toilette commune et une cour intérieure.
Mais, celle-ci, consommant autant que tout le monde, agissait toujours, avec autorité à l’endroit des autres colocataires. Au bout du compte, un des voisins, constatant le modus operandi de la dame, a fini par sonner l’alerte, suivie d’une révolte.
« Nous avions constaté qu’à l’arrivée des factures, cette femme, dont je vous parle, ne donnait pas le temps, de bien voir le montant à payer, inscrit sur les factures. Souvent, elle écrivait sur du papier, le montant à donner comme contribution par locataire pour payer la facture. En un moment donné, j’ai demandé à voir la facture réelle, avant de verser ma part. Ainsi, elle a refusé d’abord, avant de trouver des excuses de contournement afin de me faire payer.
Mais, je suis resté sur ma position. Finalement, c’est le bailleur qui a repris les choses en main pour faire lui-même, la répartition des factures. Depuis lors, elle ne me parle plus », a constaté l’étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Cheikh Fall. N’empêche, il s’estime heureux d’avoir tiré une épine du pied de ses voisins de chambre qui étaient escroqués de manière périodique.
Libertinage des colocataires
L’offre de logements partagés, enregistre le plus grand nombre de plaintes et de complaintes. Les conflits, découlant de la confrontation entre colocataires dans les structures judiciaires sont légion. Le moindre conflit est réglé soit, à la Gendarmerie, la Police ou, dans les Tribunaux. Il y a une sorte de tolérance zéro dans lesdites maisons à loyer partagé.
Mais, constate une source de la Gendarmerie, les problèmes entre colocataires, sont plus posés par les femmes. Ces dernières, sans couverture matrimoniale, cherchent à prendre une chambre quelque part pour être autonomes. Sans emploi, ni activité génératrice de revenus, elles prennent le risque de s’éloigner de la demeure familiale.
Une fois hors de la famille, elles vivent, d’après la source de Leral, une sorte de libertinage sans nom. En plus de leurs multiples besoins de femmes, elles donnent l’impression d’avoir une vie accomplie. S’habillant avec extravagance, elles cherchent à accrocher. Elles développent des astuces séductrices pour profiter de la générosité des autres colocataires.
Astou Amar, une fille voilée, retrouvée sur l’Avenue Lamine Guèye à Dakar, a fait une remarque sans ambiguïté. « C’est souvent les femmes qui veulent une autonomie, qui prennent un appartement ou une chambre. L’activité de ces jeunes filles à l’intérieur des maisons est décevante. Elles font souvent, plus de cinq jeunes filles dans une seule chambre. C’est ce que j’ai constaté dans notre immeuble.
Mais, la nuit, ces filles transforment l’immeuble en auberge. Jusque tard dans la nuit, il y a toujours, des entrées et des sorties d’hommes. Des fois, elles ne se cachent pas, tu peux les entendre discuter sans gêne du prix de la passe », se désole Astou Amar.
Semblant une femme très réservée, elle livre de manière amusée, ces secrets d'alcôve. Et habillée d’une tenue orientale qui ne laisse rien transparaître, elle s’interroge de l’avenir de ces jeunes filles.
« Il me semble que ces filles ne se soucient pas de leur avenir. Est-ce qu’elles se demandent même, si, elles doivent un jour, fonder une famille, faire des enfants.
Je me demande souvent, où se trouve les parents de ces jeunes filles qui vivent une sorte de libertinage total dans différents quartiers de la ville. Je porte vraiment, un regard méprisant sur ces filles. Elles ternissent l’image des femmes qui veulent être de bonnes mères de famille », s’est inquiétée Astou Amar.
La colocation entre jeunes filles, prend de l’ampleur dans certains quartiers. Les habitants de Nord-Foire, derrière la Sde, ne diront pas le contraire. Un immeuble très imposant est quasiment, occupé par des filles, qui prennent du plaisir à sortir la nuit ou, à recevoir à domicile, une clientèle sexuelle. Certaines parmi elles, donnent même l’image de garçons, adeptes du lesbianisme.
Ces jeunes filles déambulent la nuit tombée, presque nues, entre les ruelles de ce nouveau quartier. D’autres parmi elles, s’habillent en jean serré, découpé en mille morceaux. Cheveux teintés ou bizarrement coupés, elles guettent les passants sur une ruelle, moins lumineuse. D’autres, utilisant l’espace occupé comme dortoir, prennent des taxis entre 1heure et 2 heures, en direction des Almadies, où l’offre est plus consistante.
« Je suis dégouté de voir ces filles dans mon quartier. Rien ne les perturbe. Elles bravent les regards inquisiteurs des curieux. Si, tu restais un peu, tu vas voir comment, elles sèment le désordre dans le quartier. Non seulement, ces filles font beaucoup de bruit, mais, elles se bagarrent pour des raisons non connues jusque-là », a dénoncé un jeune menuisier, Ibrahima Diédhiou, habitant Nord Foire.
La dépravation des mœurs, sous le regard impuissant des autorités et des parents, gagne davantage de terrain à Dakar et ses environs. Les jeunes filles, adeptes du libertinage, prennent le courage d’affronter avec audace une réalité d’ailleurs. A travers la colocation, ces filles en profitent pour croquer à pleines dents une vie décriée et proscrite par la société sénégalaise.
Ousseynou WADE Leral