L’appareil de la compagnie Aeroflot s’est posé moins de trente minutes après son départ. Une enquête pour déterminer l’origine de l’incendie a été ouverte.
Quarante et une personnes sont mortes dimanche 5 mai lors de l’atterrissage d’urgence d’un avion de la compagnie russe Aeroflot, qui s’est entièrement embrasé avec 78 personnes à bord à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo. « Selon les données rectifiées dont disposent les enquêteurs à l’heure actuelle, 37 personnes ont survécu », a détaillé le Comité d’enquête – l’organisme chargé des grandes investigations dans le pays – dans un communiqué.
« Actuellement, six blessés sont hospitalisés. Deux blessés graves sont en réanimation », a précisé la ministre de la santé, Veronika Skvortsova, ajoutant que quatorze personnes ont eu besoin d’une aide médicale.
Une raison encore inconnue
L’appareil, un Soukhoï Superjet 100, avait été contraint de revenir à Moscou-Cheremetievo, quelques minutes après son décollage à destination de Mourmansk, dans le nord, pour une raison encore inconnue. Les premières sources faisaient état d’un incendie s’étant déclaré à bord, mais une vidéo publiée plusieurs heures après le crash montre l’avion touchant le tarmac, puis rebondissant avant de s’enflammer.
Sitôt après l’atterrissage, les passagers ont été évacués par les toboggans alors que l’avion s’embrasait à grande vitesse, d’énormes volutes de fumée noire s’élevant dans les airs. D’autres vidéos amateurs montrent les voyageurs courant sur le tarmac pour s’éloigner. Sur l’une d’elles, tournée de l’intérieur de la carlingue, on voit un moteur en flammes tandis que des cris de panique s’élèvent de l’appareil.
« Le vol SU-1492 a décollé comme prévu à 18 h 02 (locales). Après le décollage, l’équipage a rapporté une anomalie et pris la décision de revenir à l’aéroport de départ, a rapporté l’aéroport dans un communiqué. A 18 h 30, l’appareil a effectué un atterrissage d’urgence, après quoi le feu s’est déclaré. »
« L’avion a émis un signal de détresse après le décollage. Il a tenté un atterrissage d’urgence, n’a pas réussi la première fois et, à la deuxième tentative, le train d’atterrissage a frappé (le sol), puis le nez, et il s’est enflammé », avançait peu après l’accident l’agence de presse Interfax, citant une source anonyme.
« Rebondi comme une sauterelle »
Le tabloïd Komsomolskaïa Pravda a publié le témoignage d’un passager de l’avion, Petr Egorov : « On venait de décoller et l’appareil a été touché par la foudre (…) L’atterrissage a été dur, on a presque perdu connaissance de peur. L’avion a rebondi sur le tarmac comme une sauterelle et a pris feu au sol. »
L’agence de presse Interfax, citant une source anonyme, a affirmé que l’appareil avait atterri avec ses réservoirs remplis de carburants car, le contact radio avec les contrôleurs aériens ayant été perdu, « il était dangereux d’effectuer une manœuvre pour vider les réservoirs au-dessus de Moscou ».
« Une enquête criminelle pour violation des règles de sécurité » a été ouverte, a fait savoir dans un communiqué le Comité d’enquête. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé que le président russe, Vladimir Poutine, avait présenté ses condoléances aux proches des victimes. Plusieurs vols ont été détournés vers d’autres aéroports de Moscou ou celui de Nijni-Novgorod, environ 500 kilomètres à l’est de la capitale.
« Une commission travaille. Toute conclusion est prématurée », a déclaré un porte-parole de l’agence de presse Rossaviatsia au sujet d’une éventuelle immobilisation des Superjet après ce crash. Le Soukhoï Superjet 100, le premier avion civil conçu par la Russie postsoviétique, et destiné à faire concurrence au brésilien Embraer et au canadien Bombardier sur le marché des appareils régionaux, était une source de fierté pour le pays à l’époque de son lancement, en 2011.
Il est pourtant très décrié et peine à convaincre en dehors du marché national. Plusieurs compagnies étrangères qui l’exploitaient ont préféré réduire ou arrêter son utilisation, évoquant des problèmes de fiabilité. Son lancement avait été terni par le crash d’un appareil en mai 2012 au cours d’un vol de démonstration en Indonésie, qui avait fait 45 morts.
Pour soutenir l’avionneur, Moscou a mis en place des subventions pour inciter les opérateurs russes à acheter des Superjet : Aeroflot est ainsi devenu le premier utilisateur de l’appareil et avait annoncé en septembre 2018 avoir passé une commande record de 100 avions. Le dernier crash d’ampleur en Russie remonte à février 2018 : un AN-148 de la compagnie Saratov Airlines s’était écrasé près de Moscou peu après son décollage, faisant 71 morts.
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