Baye Djily était un africain, un vrai. Mais il était plus le musulman, le vrai qui se battait pour une Oummah confraternelle et pacifique avec le sens du dialogue inter religieux. La preuve il voulait une ‘Caritas’ islamique…
L’homme qui savait parler aux Rois, aux Présidents!
Pour donner une idée plus précise de la dimension de l’homme, nous rapportons ce témoignage de l’Ambassadeur Moustapha Cissé, invité par l’animateur El Hadji Mansour Mbaye dans une émission dédiée à El Hadji Djily Mbaye. Il y raconte la première rencontre entre ce dernier et le Roi Fahd en novembre 1982 : « Il [El Hadji Djily] lui a dit : « Je ne suis venu à vous ni pour quémander ni pour emprunter de l’argent, ni pour vous demander d’être mon associé dans une unité industrielle. Certes, Dieu m’a fait la grâce de pouvoir être le partenaire de n’importe qui car je peux mobiliser des milliards. Mais ce n’est pas là l’objet de ma visite. Je suis venu plutôt pour deux raisons. La première, c’est l’Islam, la seconde, la paix. Vous, Fahd, Dieu vous a investi d’une mission unique sur terre parce que vous êtes responsable de la Mecque, la Sainte, où est descendue la Révélation. C’est aussi ici que repose le Prophète et que se trouve la Kaaba . C’est pourquoi l’entreprise en faveur de l’islam vous incombe au premier chef. Aussi, voudrais-je que nous aidions les musulmans car il y a parmi eux des nécessiteux. En Afrique, par exemple, ils sont frappés de plein fouet par la sécheresse. Ce sont, pour la plupart, des paysans et avec cette sécheresse, ils sont victimes de la famine. C’est pourquoi, je propose qu’on mette en place une fondation, je suis prêt à mobiliser dix millions de dollars, soit trois milliards de nos francs [CFA]. »
Le roi, ébahi, prononça le nom de Dieu et m’interpella en ses termes : « C’est qui cette personne ». Je lui répondis : « C’est celui dont le Président Abdou Diouf, en visite, vous a parlé en vous disant que, quand vous le recevrez, vous verrez que c’est un homme de bien, qu’il a de bonnes idées qui sont dans l’intérêt de tout le monde ».
C’est ainsi que naquit leur amitié. Il entretenait des relations avec tous les monarques du Golf. Il ne recevait rien d’eux, c’est plutôt lui qui leur apportait des cadeaux.
Iyân Thiam, conseiller à l’Ambassade du Sénégal au Caire, a rapporté dans le quotidien le Soleil lors de la disparition de Baye Djily qu’il était présent à sa rencontre avec le roi Hussein de Jordanie: « le roi a pleuré en lui [à El Hadji Djily] disant : « On ne m’a jamais tenu de tels propos » car il lui a parlé très franchement. Il avait l’habitude de parler franchement quel que soit le rang de son interlocuteur ».
Ses hôtes à Louga
Mémoire vivante de la ville de Louga, El Hadji Mamadou Mbaye donne un témoignage : « Il était ami à beaucoup de Chefs d’’Etat. Même feu le président Félix Houphouët Boigny, qui était son ami, a séjourné dans ce palais. Il a même reçu en même temps plusieurs chefs d’Etat et leur staff dans cette demeure. Chacun était dans ses appartements privés.
Ses amis et frères étaient Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, Serigne Abdou Khadre Mbacké, Serigne Mourtada Mbacké, qui ont aussi séjourné dans ce palais sur invitation. …. De même qu’El Hadji Abdoul Aziz Dabakh, qu’il n’hésitait pas à aller chercher à Tivaouane pour l’amener ici. Ce palais que vous voyez ici est rempli d’histoire. El Hadji Djily Mbaye était un talibé de son père Ahmad Al Kabir Mbaye.
Sa vie et son œuvre sont un véritable bréviaire pour la jeune génération. Celle-ci doit s’abreuver à sa source et méditer sur ses enseignements. Il était d’une générosité exemplaire et avait éduqué ses trois épouses dans cette dynamique. Il n’hésitait pas à jouer au chef cuisinier et à distribuer lui –même les repas, de sa propre main. Tout ceci pour vous dire combien il était humble.
L’homme qui savait écouter les Pauvres
Dans le domaine social, de l’assistance aux nécessiteux, il organisait chaque année, en période de soudure, des journées de distribution de vivres notamment du riz et du mil, aliments de base des Sénégalais. Il a aussi doté beaucoup de villages de la région de Louga de forages pour l’alimentation en eau.
Dans le domaine de l’habitat social, il aménagé beaucoup de cités dont Fayçal, Djily Mbaye, les immeubles SAIM et Fahd à Dakar et Bagdad à Louga.
Dans le domaine industriel, il était membre de plusieurs conseils d’administration au Sénégal comme à l’étranger. Il a beaucoup fait dans le cadre de la lutte contre le chômage en détenant des parts importantes dans les rares unités industrielles de sa région natale : la SOTEXKA et la SPIA.
Mieux, il aurait par deux fois payé les fonctionnaires lorsque l’Etat était menacé de cessation de paiement.
Toutefois, le point nodal de son action fut ses réalisations à Louga (sa ville natale) où, hormis les réalisations suscitées, il a investi dans plusieurs domaines. Dans celui de la voirie, par exemple, il aménageait chaque année des rues de plusieurs kilomètres pour la ville.
« Au Sénégal, on fantasme toujours sur l’origine de sa fortune, mais si on se réfère au Coran (Souratoul Ali Imrane), seul Dieu peut faire d’un individu un Riche à milliards souvent à partir de rien du tout; cela va de même pour un Président, un Savant, un Élu de Dieu/Érudit et un Centenaire (+100 ans) », nous rapporte un de ses beau-fils.
Aujourd’hui, son fils qui assure le Khalifa, Mame Cheikh Mbaye, est un homme effacé, un homme de Dieu qui ne cesse de continuer l’œuvre de son très généreux père qui donnait sans compter, surtout le jour du Gamou où il dépensait des milliards; El Hadj Djily Mbaye était un incontournable serviteur du prophète Mohamed (PSL).
« Sala lahou Ala Seydina Mohamed (PSL) »
Dakar92.com