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ETUDE SUR LA CRISE SAHELIENNE DANS LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVE SENEGAL: La fragilité de nos frontières passée à la loupe


Rédigé le Mercredi 13 Avril 2022 à 09:21 | Lu 92 fois | 1 commentaire(s)



Timbuktu Institut et la Fondation Konrad Adenauer ont restitué hier, face à la presse, le rapport de leur étude portant sur la crise sahélienne et les nouvelles dynamiques socio religieuses dans la Moyenne-Vallée du fleuve Sénégal.


ETUDE SUR LA CRISE SAHELIENNE DANS LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVE SENEGAL: La fragilité de nos frontières passée à la loupe
Réalisant une étude quise concentre essentiellement sur la zone de la région Moyenne Vallée du fleuve Sénégal, notamment les régions de Matam et Tambacounda directement connectées à la zone Mauritanienne mais aussi Malienne à travers Kayes, Timbuktu Institut, de concert avec la Fondation Konrad Adenauer, a diagnostiqué les mutations socioreligieuses, mais également idéologiques de ladite zone. La fragilité de ces frontières pourrait éventuellement servir de porte d’entrée à de nouvelles forces de déstabilisation comme cela a pu être constaté au Mali. Faisant de la montée de l’extrémisme religieux, accentué parla récente crise du voisin malien, l’essence de son adresse, le Dr Bakary Sambe renseigne sur le changement de l’idéologie musulmane insufflée par l’expansion du salafisme qui s’étend progressivement sur la zone Moyenne Vallée du fleuve surtout à Tambacounda. Mieux, il étaye ses propos en stipulant que le danger peut provenir de partout et sous plusieurs dimensions : d’ordres criminelles, socioreligieuses, attaques terroristes ou encore ethnoculturelle. « Il y a une spécificité qui perdure notamment à Matammême s’il y amoins de capacité de pénétration des nouveaux courants notammentsalafistes et wahhabites par rapport à Tambacounda où on note beaucoup plus de réponse faisant état d’un changement dans les pratiques religieuses comparé aux pratiques religieuses traditionnelles que l’on connaissait dans cette région. À première, vue les tensionssontmoins présentesmaisil faut rattacher cela à la spécificité de la zone Est du pays où les confrériessont moins présentes. Au Sénégal, lestensionsintra religieuses au sein de l’Islam sont très souvent entre les éléments confrériques et les élémentsréformistes et comme les confrériessontmoins présentes dansl’Est du pays, il y a moins de tensions. Donc il faut relativiser », souligne Dr Sambe. Ainsi, le Directeur Régionale de Timbuktu Institut reconnait que « les confréries sont le rempart face à la menace de déstabilisation », même s’il reconnait cependant, le caractère ambivalent de ces communautésreligieuses quisontfébriles face à la menace terroriste dansl’Est et le Sud du pays du fait de leur présence moindre. 70% des prédicateurs dans la zone sont maliens, 12% sont mauritaniens En outre les populations de ces localités font face à des changements doctrinaux sur la manière de pratiquer l’Islam. Dès lors, on assiste à la naissance de nouvelles idéologies dont l’initiation a été faite par des prêcheurs venues des contrées de la sous-région dont la grande partie est issue du Mali. « On note qu’il y a peu de changement dans l’enseignement religieux, mais par contre une présence de plus en plus affirmée de prêcheurs étrangers signalés dans la région. 70% de ces prêcheurs sont venus du Mali, 12% mauritaniens mais on note également la présence de marocains, de nigérians et de nigériens, intervenant pour des raisons de prédications dans cette zone-là », révèle Dr Bakary Sambe. Toutefois, il souligne qu’il y a des assurances malgré les mutations observées et nonobstant que le Mali, considéré comme le foyer du terrorisme au Sahel, soit un pays limitrophe avec le Sénégal. « Il y a des assurances sur la perception d’une crainte sur l’influence de groupes radicaux dans cette région. Mais il y a une disparité entre Matam et Tambacounda. 85% à Matam et 69% des habitants de la zone à Tambacounda semblent ne pas craindre l’influence que ces groupes extrémistes ou radicaux peuvent avoir sur la zone », renseignet-il, même s’il invite à ne pas occulter les 15% restant à Matam et les 31% de Tambacounda quisont dessignaux faibles. « Il est ressorti lors des entretiens qualitatifs, qu’un mouvement dénommé « Tabligh » s’est beaucoup développé dans la prédication. On considère que c’est un mouvement qui n’est pas violent mais qui se réclame être l’antichambre de l’idéologie versle salafisme. La présence du « Tabligh » et de ses réseaux à Tambacounda dépend d’un autre fait assez important qui est l’influence de la communauté émigrée en Europe et de leurs pratiques religieuses sur leurs régions d’origines », ajoute le Directeur de Timbuktu Régional Institute. La révolte populaire comme stratégie favorite des mouvements terroristes L’instabilité politico sécuritaire au Mali, la présence des mercenaires russes « Wagner », tout cela est un combiné qui a, semble-t-il, renforcé la prise de conscience assumée des pouvoirs publicssénégalais depuis quelques années maintenant. Selon l’étude, 9% des personnes interrogées à Matam disent ne pas se sentir du tout en sécurité contre 10% à Tambacounda où 98% des forces visiblesrestent d’abord la Gendarmerie, puis la Police et l’Armée. Pour le Colonel Babacar Diouf les enjeux majeursse trouventsur les espaces transfrontaliers qui, comme toutesfrontières entre des nations, sont souvent des zones de non droit. En donnant comme exemple la Lybie, le Colonel met en exergue la stratégie des extrémistes qui consiste à se mêler à la population afin de semer le désordre. « Entre deux pays limitrophes où les capitales sont éloignées vous avez la frontière où vous vous demandez la présence de l’État ? Vous vousrendez compte que quand on dit que l’État n’est pas là on fait allusion à l’administration et la sécurité de l’État. Et dans ces zones les populations déploient de nombreuses stratégies de survies, et ce sont ces stratégies-là qui peuvent affecter la sécurité en créant des loyautés locales. Donc l’équilibre de la frontière pour moi est de voir où est le légal et l’illégal, le licite et l’illicite. Quand un État cherche à vous déstabiliser et ne peut pas vous attaquer physiquement, il se sert de la population comme une 5e colonne où on va encourager la révolte, mettre de la provocation pour que les forces de l’ordre tirent sur la population. Cette image suffit pour condamner ce pays. Donc l’enjeu c’est la population » confie l’expert en sécurité. Afin de renforcer la résilience nationale, « il est essentiel que la gouvernance s’exerce sur ces forces mais dans le respect des Droits de l’homme. Donc il faut tisser des liens de respect, d’estime, de collaboration entre les populations et les forces de l’ordre. C’est la rupture majeure pour les régimes africaines qui, pendant longtemps, ne se sont occupés que des futilités », estime le colonel. Éradiquer la pauvreté pour régler le problème d’insécurité Natif de Matam, le journaliste Alassane Samba Diop donne son avis d’homme des médias sur les enjeux sécuritaires et transfrontaliers. Il met à nue lesrapports entre les populations de ces zones éloignées et les forces de l’ordre qui, pour la plupart du temps, n’interviennent que pour faire de la répression. Cette méfiance vis-à-vis des uns et des autres facilitent le mode opératoire des mouvementsradicaux qui profitent également de la situation économique précaire des habitants. « Dans la région de Matam on n’a pas accès aux servicessociaux de base. On évacue les malades et les accidentés de la route de Ourossogui à l’hôpital Matlabul Fawzeyni de Touba pour se faire soigner car il n’y a pas de prise en charge. Donc les populationsse sentent délaissées par l’État. C’est incompréhensible qu’avec plus de 246.000 ha de St Louis jusqu’à Bakel, de l’eau à travers le fleuve et un soleil qui scintille 24h/24 que rien n’a été fait pour permettre aux jeunes de faire de l’agriculture, à travailler pour ne pas immigrer. La plupart des jeunes ne travaillent pas. La pauvreté est le pire de tous les maux et tant qu’on ne règlera pasle problème il y aura toujours des influences », persiste le journaliste. Aucun pays ne peut résister à trois chocs concomitants Toutefois, il nous livre le constat de la présence de plus en plus notée de la communauté mouride à Matam qui peut contrebalancer la montée du salafisme dans la zone Moyenne vallée du Sénégal. « Depuis plusieurs années on a noté l’implantation des mourides dans la région de Matam. Dans la ville déjà il y a la mosquée Mouride et les jeunes « Baol Baol » ont quitté leurs villages pour venir s’installer là-bas. Et la population adhère à la philosophie mouride », renseigne-t-il. Pour terminer, le Directeur de Timbuktu Institut tient à rappeler l’importance de maintenir la stabilité de notre pays surtout après les évènements du mois de mars 2021 car comme il le dit : « aucun pays ne peut résister à trois chocs concomitants ». Ces trois chocs qu’il décrit comme étant politique, économique et les menaces à la frontière sont absolument à éviter pour le Dr. Ainsi M. Sambe recommande au pouvoir d’organiser des « élections transparentes et démocratiques » pour les législatives et à l’opposition « d’être responsable » afin de décrisper le climat social qui vraisemblablement a des airs d’une poudrière



1.Posté par MarciaAbel le 13/04/2022 11:06
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