EDITO - La démolition : stratégie du pire du régime du président Macky Sall (Par Karfa S. Diallo


Rédigé le Mercredi 17 Juin 2015 à 01:16 | Lu 44 fois | 0 commentaire(s)



En recourant à la démolition de maisons situées aux alentours de l’aéroport de Dakar, l’Etat sénégalais étale encore un autoritarisme injustifié et illégitime. De quoi ouvrir un nouveau front politique aux conséquences imprévisibles.


EDITO - La démolition : stratégie du pire du régime du président Macky Sall (Par Karfa S. Diallo
Au milieu de l’après-midi du 4 juin, c’est d’abord d’inquiétants SMS, envoyés en gras et en majuscules sur les portables des journalistes sénégalais, qui informent les médias de l’émoi déclenché par l’entreprise brutale et définitive de destruction des immeubles d’habitation mitoyens de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. 

« Information urgente : démolition illégale à la cité Tobago avec le ministre Abdoulaye Diouf Sarr et le gouverneur de Dakar » sont les premiers mots à franchir la gorge saccagée des paisibles habitants dont la retraite et la discrétion sont brutalement exposées aux curiosités et malentendus dont l’opinion nationale est si friande. 

Et les images voilées de la poussière soulevée par les engins de démolition, dont les récentes pelles hydrauliques à long bras spécialisées dans ce genre d’entreprise d’effacement, de montrer les visages défaits d’habitants que la sueur de l’humiliation et de l’incompréhension plongeait dans l’hébétude. 

A quel comité d’éthique se plaindre? Quelle instance de médiation pour ces multiples conflits fonciers et immobiliers qui déchirent la paix sociale? Comment réglementer une activité commerciale immobilière boulimique? Qui pour contrôler ces sociétés et groupes qui ont fait main basse sur le domaine national? 

Ceux qui savent s’en lavent les mains et les autres n’en savent rien. 

Trois cent cinquante maisons vont ainsi, sous la bonne surveillance policière, être réduites en poussière comme les maigres économies rassemblées par les honorables familles qui semblent subir l’incohérence d’une décision où se mêlent autoritarisme, incompétence et précipitation qu’on sait être mauvais conseillers. 

Si, sur la forme ce nouveau front social semble tenir au déplacement du mur d’enceinte de l’aéroport, aux fins de la construction de nouveaux lotissements sauvages, sur le fond ce scandale, au-delà de l’émotion soulevée, révèle des pratiques courantes constatées dans la gestion foncière et immobilière d’un pays où coexistent sans se fondre des logiques aussi opposées que les droits coutumiers, la culture de la corruption, l’irresponsabilité professionnelle, politique et l’argument de la force: le fameux « ma tey! » 

La pomme ne tombe jamais trop loin du pommier. 

C’est sur un pur lébou, Abdoulaye Diouf Sarr, que tombe le courroux des habitants et des dignitaires de la communauté fondatrice et co-propriétaire du domaine foncier dakarois. Le ministre du tourisme et du transport aérien a cependant bon dos. 

S’il est vrai que la prudence, la sagesse politique et la connaissance des soubassements profonds des ressorts culturels de ces pratiques corruptrices auraient dues pousser les autorités à fonder leur décision de démolition sur un acte de justice préventif d’une mise en demeure d’abord et à proposer des solutions palliatives, il reste que c’est d’un patrimoine bien encombrant de mauvaises pratiques sociales et politiques qu’hérite un nouveau régime qui s’entremêle les caterpillars. 

C’est pourquoi de nombreux sénégalais se demandent, légitimement, pourquoi ces centaines de maisons, vendues sous l’actuel régime et construites pendant les trois dernières années de l’Alternance de 2012 à proximité d’un vieil aérodrome qui devrait bientôt disparaître au profit de l’aéroport de Diass, devraient disparaître aussi brutalement et définitivement. 

Les arguments de force déployés par l’Etat sans les précautions d’usage et de droit sont, donc à juste raison, instrumentalisés par les hommes politiques et militants sénégalais. Le secrétaire général du PDS et ancien président proposant de « payer les honoraires » des avocats qui seraient instruits de ces dossiers et « l’avocat du peuple » Me El Hadj Diouf d’embaucher sa trompette pour venir à la rescousse des habitants qui sont vent debout pour faire respecter leurs droits. 

C’est d’ailleurs dans cette nécessaire garantie des droits fondamentaux que se situent les organisations des droits de l’homme qui viennent de dénoncer «fermement cette destruction de biens appartenant à d’honnêtes citoyens aux alentours du site de l’Aéroport, sans sommations préalables et sans offre d’alternatives aucunes ». 

Amnesty international/Sénégal, la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) viennent d’inviter l’Etat à ouvrir des négociations, tout en condamnant « plus singulièrement le recours systématique de l’Etat du Sénégal de plus en plus à une forme de justice princière en dehors des institutions judiciaires qu’il a lui-même instituées». 

La force triomphe vainement là où la culture a échoué. 

Le chemin de la constitution d’un Etat de droit est donc bien long. Et plus qu’une question d’institutions, c’est la culture, avec laquelle on pense, on agit et on interagit, qu’il faut construire et rendre conforme au droit. On peut tenir tête à beaucoup d’ennemis mais contre la culture on est toujours perdant. 

Karfa Sira Diallo senenews.com


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