« Il y a eu deux problèmes dans le film, c’est-à-dire deux chocs sociaux. L’un, c’est quand on sortait le corps de la directrice de la prison qui était une lesbienne et chrétienne en plus. Sur cette image, on a superposé le chant de Cheikh Ahmamdou Bamba. Une erreur du réalisateur. A l’époque, je n’étais pas mouride, mais je savais parce que c’est moi qui avais transcrit le texte au réalisateur pour qu’il le comprenne, puisque je connais bien l’arabe. Il ne lisait pas l’arabe et ne le comprenait pas non plus. Mais ça l’a intéressé après. Mais je l’avais juste fait professionnellement. Je n'ai pas pensé par contre, que ça allait passer sur cette scène-là. C’est au montage au Canada que j’ai vu qu’il allait faire passer ce chant sur cette scène. Je n’ai pas pensé mouride ou layenne, j’ai juste pensé que c’est un chant islamique. Donc je lui ai suggéré de mettre le requiem juste à l’église. C’était son choix. Parfois il faut respecter ce que le réalisateur fait et même si tu ne le respecte pas, il fait ce qu’il veut. Le premier assistant qui m’a appuyée, lui a souligné la même chose. Je lui ai également dit que dans mon pays les gens sont à plus de 90% musulmans, ça n’allait pas passer. Mais je savais que ce n’était pas possible de lui faire changer d’avis. Il y a beaucoup de choses que je n’ai pas appréciées et que le réalisateur a faites et que j’ai acceptées, tout simplement, parce que c’est son produit. Alors je me suis dit laissons passer, parce que c’est juste un film et une fiction en plus. Dans ma tête, je me suis dit que Dieu me pardonnera d’avoir fait ça parce que ce n’est pas mon film à moi. Et je me suis dit que ça allait passer si le montage se faisait bien, mais ce n’est pas passé. Et il y a eu la scène de nue, c’est une image Dieyna allongée. Car cette fois-ci c’est Dieyna allongée nue. La caméra a défilé sur les courbes du corps et ça a choqué aussi. Ça a appuyé ce que les autres, qui étaient contre les Khassaïdes sur une des scènes, disaient. Alors on a commencé à dire que c’est un film amoral sans même regarder le film intégralement. L’image était belle. Ce n’est pas parce que c’est mon corps, c’est juste qu’il y avait des lumières. Honnêtement au départ dans le scénario, l’image ne s’y trouvait pas. Il y avait une scène d’amour mais suggérée et non tournée en réel. D’abord, j’ai fait des sacrifices de faire les mouvements de la scène d’amour en réel, et c’était très dur. Mais l’actrice avec qui j’étais est une Canadienne professionnelle et heureusement ça aide parce qu’on ne s’attarde pas trop sur les détails. Et il fallait encore, en surplus faire des scènes de nudité. Ce n’était pas du tout facile (…) Mais c’était dur. Après le montage, j’ai vu que ce n’était pas quand même de l’étalage de chair. Et de ça dont j’avais peur. C’était moins choquant. N’empêche, Karmen, si c’était à refaire, je ne l’aurais jamais refait. Si on me redonne un scénario avec la scène décrite même parcellaire, je ne l’aurais pas fait », a-t-elle laissé entendre lors d’un entretien avec Le Populaire.