Ils avaient tout pour faire une carrière internationale prestigieuse. Larry et Mbaye ont pourtant choisi la clandestinité en Europe. Ils ne sont certes pas les premiers, mais cet épisode a eu un écho singulier. Surtout parce que l’Association Kaay Fecc, qui avait permis à ces jeunes danseurs de participer au Fusion Concept Paris 2023, a fait une sortie pour déplorer la disparition de ces deux jeunes, après une participation magistrale à l’un des plus grands évènements de danse urbaine. «Dommage qu’après une prestation remarquée au Fusion Concept Paris 2023, Larry et Mbaye, originaires du Sénégal, aient choisi le statut de sans-papiers en France. Ils ont disparu après la finale…».
Selon "Le Quotidien" qui donne l'information, cette interpellation publique, photo des deux jeunes à l’appui, a installé le débat dans l’espace public. La présidente de Kaay Fecc ne regrette rien de tout cela. Au téléphone, Gacirah Diagne, la voix lourde de déception, trouve difficilement des mots pour qualifier le geste des deux jeunes danseurs. «C’est dommage ! Ils n’ont pas compris l’importance des enjeux», lâche Mme Diagne. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir discuté et rediscuté de cela avant leur départ, confie-t-elle. «On sensibilise toujours les jeunes qu’on fait partir et ils sont encadrés par des gens de Kaay Fecc. On leur a dit que «si vous revenez, vous allez avoir beaucoup d’autres projets, on va vous soutenir pour ça. Et à force d’avoir des visas, vous allez gagner la confiance des ambassades et vous pourrez aller et venir comme vous voulez. Et si vous avez de la famille en France, vous pourrez commencer à faire vos papiers pour rester là-bas.»
Danseurs hip-hop reconnus, Larry et Mbaye étaient des étoiles montantes de cette discipline qui gagne en visibilité dans le monde. L’arrivée du breakdance dans les disciplines des Jeux Olympiques de la Jeunesse, renforce la visibilité autour de ces pratiques artistiques aux frontières de la danse et du sport.
«Le Fusion Concept Paris est un des plus grands évènements hip-hop et l’année prochaine, ils vont le faire au Zénith. Larry et Mbaye avaient laissé une très bonne impression. La veille, il y avait eu des ateliers déjà et les organisateurs avaient beaucoup de respect pour le Sénégal et le talent de ces danseurs-là. Mais ils ont tout mis par terre en décidant de rester de façon irrégulière. En fait, ils nous ont arnaqués tout simplement», relate Gacirah Diagne.
«On pensait qu’ils allaient ouvrir des portes, ils vont contribuer à en fermer au contraire… Ils ont abusé de la confiance des organisateurs du Fusion Concept Sénégal et de ceux de Paris. Ils ont même signé un engagement sur l’honneur», dénonce l’association sur les réseaux sociaux.
Réaction «discutable»
Le fait de publier la photo de ces jeunes fugueurs ainsi que leur identité, est diversement apprécié. Au sein même des acteurs culturels, l’on est divisé quant à l’opportunité d’une telle action. Sans prendre de gants, Aïssatou Diop, diplômée en gestion du patrimoine et des institutions culturelles, assimile cela à «une forme de lynchage symbolique». «Elle est discutable», poursuit Mme Diop, qui invite à «essayer de se mettre à leur place pour comprendre les raisons qui les ont poussés à agir de la sorte».
Pour elle, il faut aussi mettre en cause les politiques migratoires des pays occidentaux. «Les politiques restrictives de certains pays, qui considèrent les Sénégalais comme de potentiels migrants économiques, ne facilitent pas les choses, en plus de la stigmatisation des artistes africains, qui sont souvent perçus comme des personnes peu fiables ou dangereuses.» Mais au-delà, c’est toute l’économie de l’art qui est à redéfinir. «Au Sénégal, il manque sévèrement de moyens financiers et de soutien institutionnel en ce qui concerne les artistes. Comme dans de nombreux pays africains, le secteur culturel et artistique souffre. On n’arrive toujours pas à mettre en place un écosystème allant de la création à la diffusion. Nos centres culturels, qui sont censés être des structures de soutien aux artistes, n’ont pas réellement de budget. Du coup, ils les obligent à se débrouiller seuls pour développer leur carrière.»
Précarité des métiers de l’art
Ce point de vue est repris très souvent dans les discussions. Les difficultés économiques, le regard de la société sur les métiers artistiques considérés comme un «amusement», les faibles cachets que peuvent espérer les artistes, sont autant de raisons qui poussent souvent les jeunes à faire des choix qui peuvent même leur coûter la vie. Il y a quelques semaines, c’était un talentueux et prometteur réalisateur de film qui perdait la vie dans une pirogue, sur la route de l’Europe. Mais il n’empêche que les associations qui font des pieds et des mains pour envoyer des jeunes artistes vers l’Europe pour leur formation ou pour leur permettre de se confronter au monde, sont aussi perdantes quand surviennent des incidents de ce genre. A eux de regagner la confiance des partenaires du Nord, mais aussi des représentations diplomatiques.
Selon "Le Quotidien" qui donne l'information, cette interpellation publique, photo des deux jeunes à l’appui, a installé le débat dans l’espace public. La présidente de Kaay Fecc ne regrette rien de tout cela. Au téléphone, Gacirah Diagne, la voix lourde de déception, trouve difficilement des mots pour qualifier le geste des deux jeunes danseurs. «C’est dommage ! Ils n’ont pas compris l’importance des enjeux», lâche Mme Diagne. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir discuté et rediscuté de cela avant leur départ, confie-t-elle. «On sensibilise toujours les jeunes qu’on fait partir et ils sont encadrés par des gens de Kaay Fecc. On leur a dit que «si vous revenez, vous allez avoir beaucoup d’autres projets, on va vous soutenir pour ça. Et à force d’avoir des visas, vous allez gagner la confiance des ambassades et vous pourrez aller et venir comme vous voulez. Et si vous avez de la famille en France, vous pourrez commencer à faire vos papiers pour rester là-bas.»
Danseurs hip-hop reconnus, Larry et Mbaye étaient des étoiles montantes de cette discipline qui gagne en visibilité dans le monde. L’arrivée du breakdance dans les disciplines des Jeux Olympiques de la Jeunesse, renforce la visibilité autour de ces pratiques artistiques aux frontières de la danse et du sport.
«Le Fusion Concept Paris est un des plus grands évènements hip-hop et l’année prochaine, ils vont le faire au Zénith. Larry et Mbaye avaient laissé une très bonne impression. La veille, il y avait eu des ateliers déjà et les organisateurs avaient beaucoup de respect pour le Sénégal et le talent de ces danseurs-là. Mais ils ont tout mis par terre en décidant de rester de façon irrégulière. En fait, ils nous ont arnaqués tout simplement», relate Gacirah Diagne.
«On pensait qu’ils allaient ouvrir des portes, ils vont contribuer à en fermer au contraire… Ils ont abusé de la confiance des organisateurs du Fusion Concept Sénégal et de ceux de Paris. Ils ont même signé un engagement sur l’honneur», dénonce l’association sur les réseaux sociaux.
Réaction «discutable»
Le fait de publier la photo de ces jeunes fugueurs ainsi que leur identité, est diversement apprécié. Au sein même des acteurs culturels, l’on est divisé quant à l’opportunité d’une telle action. Sans prendre de gants, Aïssatou Diop, diplômée en gestion du patrimoine et des institutions culturelles, assimile cela à «une forme de lynchage symbolique». «Elle est discutable», poursuit Mme Diop, qui invite à «essayer de se mettre à leur place pour comprendre les raisons qui les ont poussés à agir de la sorte».
Pour elle, il faut aussi mettre en cause les politiques migratoires des pays occidentaux. «Les politiques restrictives de certains pays, qui considèrent les Sénégalais comme de potentiels migrants économiques, ne facilitent pas les choses, en plus de la stigmatisation des artistes africains, qui sont souvent perçus comme des personnes peu fiables ou dangereuses.» Mais au-delà, c’est toute l’économie de l’art qui est à redéfinir. «Au Sénégal, il manque sévèrement de moyens financiers et de soutien institutionnel en ce qui concerne les artistes. Comme dans de nombreux pays africains, le secteur culturel et artistique souffre. On n’arrive toujours pas à mettre en place un écosystème allant de la création à la diffusion. Nos centres culturels, qui sont censés être des structures de soutien aux artistes, n’ont pas réellement de budget. Du coup, ils les obligent à se débrouiller seuls pour développer leur carrière.»
Précarité des métiers de l’art
Ce point de vue est repris très souvent dans les discussions. Les difficultés économiques, le regard de la société sur les métiers artistiques considérés comme un «amusement», les faibles cachets que peuvent espérer les artistes, sont autant de raisons qui poussent souvent les jeunes à faire des choix qui peuvent même leur coûter la vie. Il y a quelques semaines, c’était un talentueux et prometteur réalisateur de film qui perdait la vie dans une pirogue, sur la route de l’Europe. Mais il n’empêche que les associations qui font des pieds et des mains pour envoyer des jeunes artistes vers l’Europe pour leur formation ou pour leur permettre de se confronter au monde, sont aussi perdantes quand surviennent des incidents de ce genre. A eux de regagner la confiance des partenaires du Nord, mais aussi des représentations diplomatiques.