Les excuses d’Ahmad Al Faqi Al Madhi, ont été prononcés lundi 22 août à l’ouverture du procès. Le jihadiste malien a plaidé coupable devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre pour la destruction de neuf mausolées et d’une mosquée de Tombouctou, classés à l’Unesco pendant l’occupation jihadiste de la ville. C’était en 2012.
Beaucoup d’informations ont été données par Al Madhi lui-même au cours de ce procès et regroupées par l’enquête. On est en avril 2012. Al Madhi est nommé par Abou Zeïd, un chef de katiba d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), à la tête de la Hisba, la brigade des mœurs, chargée de définir ce qui relève du vice et de la vertu selon la charia.
Consulté par les chefs d’Aqmi et d’Ansar Dine sur la question des mausolées, il rend d’abord un avis négatif : certes selon lui, les pratiques autour de ces bâtiments sont illégales, mais il précise qu’il ne trouve rien dans le Coran qui oblige à les détruire et met en garde contre une très probable réaction hostile des habitants.
Mais par contre, quand Iyad ag Ghali, leader d’Ansar Dine, donne finalement l’ordre, Al Madhi s’exécute pour le moins efficacement : il choisit les mausolées à raser et dans quel ordre ; il cible les plus fréquentés, mobilise hommes et moyens et se fait filmer pioche à la main ou justifiant leur destruction.
Trois jours d’audience, un procès très rapide
Le procureur, qui l’a décrit comme « le chef d’orchestre de la destruction » a requis entre 9 et 11 ans de prison hier. C’est le fruit d’un accord passé en février : en échange des aveux d’Ahmad Al Madhi, l’accusation a requis une peine réduite par rapport aux 30 ans maximum encourus. Si la peine prononcée est dans cette fourchette, la défense, elle, ne fera pas appel. Mais les juges restent totalement libres de faire eux un autre choix.
Et c’est cet accord d’ailleurs qui explique que le procès n’a duré que trois jours et que, sur les quelque 700 éléments de preuves que l’accusation dit détenir, seuls les éléments les plus probants ont été présentés, ce qui a frustré beaucoup de Maliens, à l’image d’Abderrahmane Ag Mohamed, un Tombouctien : « Si nous pouvons nous expliquer un peu plus, qu’on puisse comprendre, bien. Mais finir le procès comme ça, si vite. J’aimerais bien comprendre pourquoi il s’est trouvé dans al-Qaïda et c’est quoi la raison exacte ? Et pourquoi ils ont fait tout ce qu’ils ont fait ? J’aimerais bien vraiment savoir un peu plus » (propos recueillis à Bamako).
Les structures de contrôle de Tombouctou
Mais ce procès a quand même été l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les structures mis en place par les islamistes pour contrôler la ville. Selon l’accusation et les aveux d’Ahmad Al Madhi, c’est un émirat tripartite qui dirige Tombouctou : deux chefs de katiba d’Aqmi (Abou Zeïd donc et Abou Hammam), ainsi qu’Alballah al Chinguetti, un prêcheur mauritanien. Cet émirat collabore étroitement avec le leader d’Ansar Dine, Iyad ag Ghali, qui les introduit auprès des populations dès les premiers jours d’occupation.
Pour contrôler les habitants et instaurer la charia, plusieurs organes sont créés : le tribunal islamique, la police islamique, la Hisba ou brigade des mœurs, ainsi que les bataillons de sécurité et la commission média. Soucieux de s’entourer de personnalités locales, Abou Zeïd confie la Hisba à Al Mahdi. Mais on voit aussi Al Madhi conseiller Houka Houka, le président du tribunal islamique et participer à l’application et la justification des peines.
Quid des crimes contre l’humanité ?
Autre reproche fait à la procédure : Al Madhi n’a pas été pas jugé pour des crimes contre les personnes. D’autant qu’en mars 2015, l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) et cinq autres ONG ont bien déposé une plainte à Bamako pour des crimes contre l’humanité perpétrés à Tombouctou et qui visent quinze personnes, dont justement Al Madhi. Et c’est l’un des gros reproche fait à ce procès, car si cette première pour la défense des biens culturels est salué, nombreux ceux qui soulignent que les victimes humaines auraient dû avoir la priorité de la justice.
Source Rfi
Consulté par les chefs d’Aqmi et d’Ansar Dine sur la question des mausolées, il rend d’abord un avis négatif : certes selon lui, les pratiques autour de ces bâtiments sont illégales, mais il précise qu’il ne trouve rien dans le Coran qui oblige à les détruire et met en garde contre une très probable réaction hostile des habitants.
Mais par contre, quand Iyad ag Ghali, leader d’Ansar Dine, donne finalement l’ordre, Al Madhi s’exécute pour le moins efficacement : il choisit les mausolées à raser et dans quel ordre ; il cible les plus fréquentés, mobilise hommes et moyens et se fait filmer pioche à la main ou justifiant leur destruction.
Trois jours d’audience, un procès très rapide
Le procureur, qui l’a décrit comme « le chef d’orchestre de la destruction » a requis entre 9 et 11 ans de prison hier. C’est le fruit d’un accord passé en février : en échange des aveux d’Ahmad Al Madhi, l’accusation a requis une peine réduite par rapport aux 30 ans maximum encourus. Si la peine prononcée est dans cette fourchette, la défense, elle, ne fera pas appel. Mais les juges restent totalement libres de faire eux un autre choix.
Et c’est cet accord d’ailleurs qui explique que le procès n’a duré que trois jours et que, sur les quelque 700 éléments de preuves que l’accusation dit détenir, seuls les éléments les plus probants ont été présentés, ce qui a frustré beaucoup de Maliens, à l’image d’Abderrahmane Ag Mohamed, un Tombouctien : « Si nous pouvons nous expliquer un peu plus, qu’on puisse comprendre, bien. Mais finir le procès comme ça, si vite. J’aimerais bien comprendre pourquoi il s’est trouvé dans al-Qaïda et c’est quoi la raison exacte ? Et pourquoi ils ont fait tout ce qu’ils ont fait ? J’aimerais bien vraiment savoir un peu plus » (propos recueillis à Bamako).
Les structures de contrôle de Tombouctou
Mais ce procès a quand même été l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les structures mis en place par les islamistes pour contrôler la ville. Selon l’accusation et les aveux d’Ahmad Al Madhi, c’est un émirat tripartite qui dirige Tombouctou : deux chefs de katiba d’Aqmi (Abou Zeïd donc et Abou Hammam), ainsi qu’Alballah al Chinguetti, un prêcheur mauritanien. Cet émirat collabore étroitement avec le leader d’Ansar Dine, Iyad ag Ghali, qui les introduit auprès des populations dès les premiers jours d’occupation.
Pour contrôler les habitants et instaurer la charia, plusieurs organes sont créés : le tribunal islamique, la police islamique, la Hisba ou brigade des mœurs, ainsi que les bataillons de sécurité et la commission média. Soucieux de s’entourer de personnalités locales, Abou Zeïd confie la Hisba à Al Mahdi. Mais on voit aussi Al Madhi conseiller Houka Houka, le président du tribunal islamique et participer à l’application et la justification des peines.
Quid des crimes contre l’humanité ?
Autre reproche fait à la procédure : Al Madhi n’a pas été pas jugé pour des crimes contre les personnes. D’autant qu’en mars 2015, l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) et cinq autres ONG ont bien déposé une plainte à Bamako pour des crimes contre l’humanité perpétrés à Tombouctou et qui visent quinze personnes, dont justement Al Madhi. Et c’est l’un des gros reproche fait à ce procès, car si cette première pour la défense des biens culturels est salué, nombreux ceux qui soulignent que les victimes humaines auraient dû avoir la priorité de la justice.
Source Rfi