Non, la justice ne doit pas servir d’arme de persécution politique. Pourtant, c’est devenu une pratique courante avec une désinvolture qui frise le ridicule. Aujourd’hui, un seuil inquiétant est en train d’être franchi, illustrant la tactique du « lawfare ».Le « lawfare » consiste à instrumentaliser la justice pour écarter des concurrents politiques. Il commence par des accusations sans preuves, relayées par des campagnes médiatiques acharnées. Les cibles doivent ensuite se justifier sans fin, avant d’être condamnées à des peines de prison ou des amendes.
Le cas du député Mouhamadou Ngom, privé de son immunité parlementaire sans motif valable, en est un exemple frappant. Mais il n’est pas le seul. D’anciens ministres, des élus, des journalistes et des chroniqueurs sont victimes d’une répression politique, simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.
L’État de droit en péril
Il ne peut y avoir de démocratie sans État de droit. La puissance publique doit respecter les libertés fondamentales, socle de notre République et de notre cohésion nationale.
Michel Barnier le rappelait :
"La fermeté de la politique pénale est indissociable du respect de l'État de droit, de l’indépendance et de l’impartialité de la justice, que nous devons défendre avec vigueur et abnégation."
Pourtant, au Sénégal, l’indépendance de la justice est mise à rude épreuve.
Un gouvernement aux décisions improvisées
Les comptes-rendus du Conseil des ministres traduisent un amateurisme préoccupant. Au fil des décisions, on constate un pilotage à vue, des promesses vagues et une absence criante d’analyse.
Le Premier ministre semble vouloir tout contrôler, accumulant des responsabilités impossibles à assumer seul. Mais peut-on gouverner efficacement en s’arrogeant tous les pouvoirs ?
Par ailleurs, une récente circulaire du Ministre du Travail ouvre une nouvelle page de l’esclavagisme moderne, suscitant l’indignation. Pendant ce temps, la souveraineté nationale est reléguée au second plan, et les préoccupations sociales sont ignorées.
La peur de l’opinion publique et des réseaux sociaux
Autre constat alarmant : la hantise de déplaire à une base militante ultra-connectée. La peur de perdre un électorat supposé acquis pousse le gouvernement à prendre des décisions précipitées, sans réelle concertation.
Le débat politique est étouffé par des stratégies superficielles, dictées par les réactions sur les réseaux sociaux plutôt que par une vision à long terme.
Conclusion : un mandat sous haute tension
L’histoire d’un mandat s’écrit jour après jour. Mais bien souvent, ce n’est qu’avec le recul que l’on réalise l’impact des décisions prises. Le gouvernement actuel est-il en train de poser les bases d’une gouvernance exemplaire ou d’un régime marqué par l’instrumentalisation et l’improvisation ?
L’avenir nous le dira.
✍️ Alioune Fall Diop dit Mohamed senegalais vivant à New York
📚 Professeur de sciences – School 3, Elizabeth
📧 dorisdiop@gmail.com