Agé de 19 ans, Mouhamadou Lamine Mbodj était un jeune étudiant-footballeur. Son cruel destin se résume à une hirondelle c’est-à-dire un oiseau de bon augure « canardé » en plein vol par une méchante maladie. Un oiseau annonciateur aussi du printemps. On pourrait dire que le jeune homme a traversé cette vallée des larmes comme une étoile filante. Il a poussé son dernier soupir courant 2019 en Angleterre où il comptait allier sports-études aux cotés de son père Oumar Mbodj.
Dieu sait que le très jeune Mouhamadou Lamine Mbodj était très bien parti pour concilier les deux. Aux prémices de ce destin prometteur mais très tôt brisé, le quartier des Parcelles Assainies de Dakar qui a vu naître notre jeune ange. Dans la rue, son talent de footballeur avait fait forte impression. Ce, au point que voisins et encadreurs étaient pressés de le voir quitter ce pays pour faire valoir et éclore ses qualités de footballeur doué sous d’autres cieux plus cléments. Ce n’est pas tout puisque, à l’école aussi, enseignants et camarades de classe étaient convaincus de la réussite dans les études de l’élève Mouhamadou Lamine Mbodj doté d’une intelligence précoce. Des attentes concrétisées dans la grande ville académique de Manchester où l’ado a intégré un club de football tout en poursuivant ses études.
Sous l’aile protectrice de son père, « Lamine », comme on l’appelait affectueusement au sein de la communauté sénégalaise d’Angleterre, a éclairé et fait miroiter un avenir radieux et prometteur à ses parents. Car, toutes les conditions d’intégration et d’épanouissement dans la voie sports/études qu’il avaient choisie s’ouvraient largement à lui.
Hélas, le jeune footballeur prometteur et brillant élève fut subitement terrassé par une curieuse maladie. Les analyses et autres examens ont fait apparaître un méchant cancer que les médecins de l’hôpital St James ont toutes les peines du monde à révéler à sa famille. Ce jusqu’où jour où l’équipe traitante composée de médecins, infirmiers et aides-soignants décide d’affronter cette terrible épreuve de communication en ce termes : « Monsieur Mbodj, l’équipe traitante a le regret de vous annoncer qu’il n’y a plus rien à faire…» a déclaré de façon évasive le médecin-chef du service Cancérologie de l’Hôpital St James d’Angleterre. Une fatidique annonce qui, bien que voilée, traduisait la déception, l’impuissance et la résignation des médecins.
Informé, Mouhamadou Lamine Mbodj, comme tout bon croyant en Dieu, s’est senti en revanche soulagé de ne plus devoir continuer à se battre. Par contre, il était séduit par les efforts et les sacrifices du personnel médical qui s’est battu jusqu’à ses dernières ressources pour lui prolonger la vie, lui le jeune Africain. Bien que sachant que ses jours étaient comptés, le jeune Lamine était tombé sous le charme du plateau technique très relevé de l’établissement.
Dernières volontés d’un jeune ange…
D’ailleurs, il s’en était ébahi devant son père Oumar Mbodj et en avait parlé à ses amis d’enfance des Parcelles Assainies à Dakar. Et surtout à son homonyme Amadou Lamine Mbodj qui nous raconte les dernières volontés de l’ado sur son lit de mort. « Quelques jours avant de rendre l’âme, Lamine a appelé presque tous les membres de la famille ainsi que les amis pour dire que sa dernière volonté était qu’une fondation ou une association humanitaire soit créée pour sa mémoire. Car, ce qu’il a vu dans cet hôpital d’Angleterre comme matériels et technologies de pointe, il aimerait l’avoir pour son pays, le Sénégal, à travers la création d’une fondation à titre posthume pour perpétuer sa mémoire ».