Par ces mots, le président de la Commission de la Cédéao, Omar Touray, a acté vendredi la décision de son organisation de mobiliser des forces dans le cadre d'un projet d'intervention militaire destinée à reprendre le pouvoir aux putschistes nigériens et pour le rendre au président élu Mohamed Bazoum,toujours séquestré dans sa résidence. Une opération qui devra avoir lieu "dans les plus brefs délais", a assuré le président ivoirien Alassane Ouattara.
La Cédéao, qui espère encore toujours parvenir à une résolution pacifique de la crise, n'a précisé aucun calendrier, ni le nombre ou l'origine des militaires composant sa "force en attente". Mais que recouvre exactement ce mécanisme militaire qui pourrait changer la donne à Niamey?
Mise à disposition de soldats de plusieurs pays
La force en attente de la Cédéao (FAC) a été créée en 2004, sur la base de la "Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la Cédéao", surnommé par son acronyme anglais "Ecomog", elle-même créée en 1990 sous la forme d'un effort inédit pour assurer le respect du cessez-le-feu dans le cadre de la guerre civile au Libéria.
En 1999, l'Ecomog devient le bras armé permanent de la Cédéao. Durant toutes ses années d'activité, l'Ecomog est composée exclusivement de soldats, mobilisés pour des opérations de maintien de paix et humanitaires. La transformation de 2004 correspond à l'intégration de policiers et de personnels civils (ingénieurs, personnel médical, institutionnels politiques et légaux, travailleurs sociaux).
Depuis, la FAC fonctionne sur le principe d'une mise en commun des forces des pays membres de l'organisation, officiellement au nombre de 15, même si le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, suspendus depuis qu'ils sont eux-mêmes dirigés par des militaires putschistes
Flou sur le nombre de soldats qui la compose
Il est difficile de connaître le nombre exact de soldats amenés à être mobilisés dans ce projet d'opération au Niger. Selon une note de la chercheuse Joséphine Diallo publiée pour l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) en 2012,
"la FAC est notamment composée d’un groupement de force d’environ 2500 hommes, pouvant être déployée rapidement, et d’une force principale, pouvant renforcer la première au besoin."
Dans une synthèse publiée en 2020, la chercheuse Niagalé Bagayoko, membre de l'African Security Sector Network (ASSN) indique qu'en 2010, "la Cédéao s’estfixée pour objectif de mettre à la disposition de la force continentale une brigade de 6500 hommes, immédiatement déployable", sans indiquer si cet objectif a été atteint.
BFMTV.com n'a pris connaissance d'aucune déclaration officielle de l'institution ou de l'un des pays membres dans ce sens. Aujourd'hui, les principales composantes de la FAC correspondent aux principales forces militaires des pays qui en font partie, à savoir le Nigeria, le Sénégal et la Côte d'Ivoire, qui disposent d'armées respectivement composées, selon l'Institut international d'études stratégiques, de 223.000, 27.000 et 19.000 soldats en 2022.
Après l'annonce de la mobilisation de la force en attente jeudi, le président ivoirien Alassane Ouattara a promis d'envoyer "entre 850et 1.100soldats" et assuré que la force devrait pouvoir intervenir "dans les plus brefs délais". Des troupes nigérianes et béninoises doivent également la composer, selon lui.
Plusieurs interventions entre 1990 et 2017
Hormis l'intervention fondatrice en 1990 au Libéria, l'Ecomog est intervenu à plusieurs reprises en Afrique: en Sierra Leone entre 1997 et 2000, en Guinée-Bissau entre 1998 et 1999 ainsi qu'en Côte d'Ivoire entre 2003 et 2004.
Par la suite, la FAC a été mobilisé en 2013 pour appuyer les militaires maliens, mobilisés avec les Occidentaux contre des séparatistes touaregs et des groupes jihadistes en provenance du nord du pays, puis pour la dernière fois en 2017 en Gambie pour assurer l'arrivée au pouvoir du président élu Adama Barrow alors que le dirigeant déchu Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir après un coup d'État, refusait de quitter son poste.
La force n'a pas été mobilisée depuis, notamment lors des coups d'État au Burkina Faso (2022), en Guinée (2021) ou au Mali (2021), ce qui a sapé la fragile crédibilité de la Cédéao en matière de gestion des instabilités politico-militaires dans la région. Mais ce domini semble avoir pris la pression sur la Cédéao, pour qui "il faut absolument que ça s'arrête", analyse François Soudan.
"Pour des chefs d'État comme Macky Sall [président du Sénégal], comme Alassane Ouattara, particulièrement remontés, il y a une crainte de contagion, de basculement de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest dans une vague kaki soutenue par des mouvements souverainistes et populaires", estime-t-il.
Le Grand Panel
La Cédéao, qui espère encore toujours parvenir à une résolution pacifique de la crise, n'a précisé aucun calendrier, ni le nombre ou l'origine des militaires composant sa "force en attente". Mais que recouvre exactement ce mécanisme militaire qui pourrait changer la donne à Niamey?
Mise à disposition de soldats de plusieurs pays
La force en attente de la Cédéao (FAC) a été créée en 2004, sur la base de la "Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la Cédéao", surnommé par son acronyme anglais "Ecomog", elle-même créée en 1990 sous la forme d'un effort inédit pour assurer le respect du cessez-le-feu dans le cadre de la guerre civile au Libéria.
En 1999, l'Ecomog devient le bras armé permanent de la Cédéao. Durant toutes ses années d'activité, l'Ecomog est composée exclusivement de soldats, mobilisés pour des opérations de maintien de paix et humanitaires. La transformation de 2004 correspond à l'intégration de policiers et de personnels civils (ingénieurs, personnel médical, institutionnels politiques et légaux, travailleurs sociaux).
Depuis, la FAC fonctionne sur le principe d'une mise en commun des forces des pays membres de l'organisation, officiellement au nombre de 15, même si le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, suspendus depuis qu'ils sont eux-mêmes dirigés par des militaires putschistes
Flou sur le nombre de soldats qui la compose
Il est difficile de connaître le nombre exact de soldats amenés à être mobilisés dans ce projet d'opération au Niger. Selon une note de la chercheuse Joséphine Diallo publiée pour l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) en 2012,
"la FAC est notamment composée d’un groupement de force d’environ 2500 hommes, pouvant être déployée rapidement, et d’une force principale, pouvant renforcer la première au besoin."
Dans une synthèse publiée en 2020, la chercheuse Niagalé Bagayoko, membre de l'African Security Sector Network (ASSN) indique qu'en 2010, "la Cédéao s’estfixée pour objectif de mettre à la disposition de la force continentale une brigade de 6500 hommes, immédiatement déployable", sans indiquer si cet objectif a été atteint.
BFMTV.com n'a pris connaissance d'aucune déclaration officielle de l'institution ou de l'un des pays membres dans ce sens. Aujourd'hui, les principales composantes de la FAC correspondent aux principales forces militaires des pays qui en font partie, à savoir le Nigeria, le Sénégal et la Côte d'Ivoire, qui disposent d'armées respectivement composées, selon l'Institut international d'études stratégiques, de 223.000, 27.000 et 19.000 soldats en 2022.
Après l'annonce de la mobilisation de la force en attente jeudi, le président ivoirien Alassane Ouattara a promis d'envoyer "entre 850et 1.100soldats" et assuré que la force devrait pouvoir intervenir "dans les plus brefs délais". Des troupes nigérianes et béninoises doivent également la composer, selon lui.
Plusieurs interventions entre 1990 et 2017
Hormis l'intervention fondatrice en 1990 au Libéria, l'Ecomog est intervenu à plusieurs reprises en Afrique: en Sierra Leone entre 1997 et 2000, en Guinée-Bissau entre 1998 et 1999 ainsi qu'en Côte d'Ivoire entre 2003 et 2004.
Par la suite, la FAC a été mobilisé en 2013 pour appuyer les militaires maliens, mobilisés avec les Occidentaux contre des séparatistes touaregs et des groupes jihadistes en provenance du nord du pays, puis pour la dernière fois en 2017 en Gambie pour assurer l'arrivée au pouvoir du président élu Adama Barrow alors que le dirigeant déchu Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir après un coup d'État, refusait de quitter son poste.
La force n'a pas été mobilisée depuis, notamment lors des coups d'État au Burkina Faso (2022), en Guinée (2021) ou au Mali (2021), ce qui a sapé la fragile crédibilité de la Cédéao en matière de gestion des instabilités politico-militaires dans la région. Mais ce domini semble avoir pris la pression sur la Cédéao, pour qui "il faut absolument que ça s'arrête", analyse François Soudan.
"Pour des chefs d'État comme Macky Sall [président du Sénégal], comme Alassane Ouattara, particulièrement remontés, il y a une crainte de contagion, de basculement de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest dans une vague kaki soutenue par des mouvements souverainistes et populaires", estime-t-il.
Le Grand Panel