Un communiqué de la présidence de la République fait état de la signature de 28 accords et conventions et de la mise en place d’un Groupe d’impulsion économique (GIE).
La mission a été fructueuse pour le Maroc et pour son Roi. La démonstration a été ainsi faite que le Maroc est devenu un bailleur de fonds pour le Sénégal et un agent de plus en plus incontournable dans le financement de l’économie sénégalaise.
Les propos du directeur général des Finances du Sénégal rapportés par le journal L’Observateur des 30 et 31 mai le confirment parfaitement quand il dit, je le cite : « Le Maroc, à travers sa banque populaire, va contribuer au financement du déficit budgétaire pour 2015 à hauteur de 30 milliards F CFA(…) On a signé une convention de financement du Ranch de Doly à la hauteur de 6,5 milliards F CFA par la banque marocaine (…) il y a aussi le programme de financement de 60 milliards F CFA de la deuxième université, Amadou Makhtar MBOW. C’est un financement qui va être accordé par la Bank of Africa (BOA) qui est une filiale du holding qui se trouve au Maroc (…) la BOA va prêter 6,5 milliards F CFA pour le renouvellement des gros porteurs (…) il y a des conventions avec le Fonds souverain des investissements stratégiques (FONSIS) de 7 milliards F CFA. »
A la suite de ces chiffres il ajoute ce commentaire qui n’emporte pas notre adhésion en disant que : « Ce sont des financements importants qui vont rester au Sénégal et qui vont permettre aux entreprises sénégalaises de beaucoup travailler ». Que recouvre le mot financement ? Est- ce un prêt devant être remboursé avec des intérêts et/ou un don ? Dans tous les cas les révélations du directeur général ne font que confirmer le fait que quand le Maroc et le Sénégal entrent en affaires, c’est la main du Maroc qui est toujours sur celle du Sénégal.
Ce que viennent appuyer les propos du vice président de la CNES quand il dit dans le même journal : « La rumeur révèle que ce sont les marocains qui tirent plus de profit des échanges avec le Sénégal. Ça, même notre balance des paiements le montre. En 2013 quand le Sénégal exporte 4 milliards F CFA, ce sont 34 milliards F CFA que les marocains exportent en valeur absolue au Sénégal. C’est un déficit de 30 milliards. Et sur 5 ans ce sont plus de 100 milliards F CFA de déficit. »
Comment comprendre cette situation quand on sait que le Maroc et le Sénégal sont passés sous les fourches caudines de la colonisation française, ont subi les mêmes exactions de l’administration directe du pouvoir colonial français, qu’en fait ils ont été colonisés par la même puissance qu’est la France.
Comment expliquer le déséquilibre si évident et irréfutable du développement des deux pays comme le laissent voir les résultats concrets tels que révélés sur le terrain ? Quelles en sont les causes profondes et réelles ? Pourquoi le Maroc exporte-il aujourd’hui des capitaux marocains vers le Sénégal et continue d’occuper largement l’espace économique sénégalais au détriment des nationaux de notre pays ?
Comment expliquer la mainmise de plus en plus lourde du Maroc sur le Sénégal quand on sait que le premier a recouvré son indépendance le 02 Mars 1956 et que le second a installé son premier gouvernement de l’autonomie interne, issu de la loi cadre, un an après, en mai 1957 et a obtenu officiellement son indépendance le 20 juin 1960 ? C’est en interrogeant l’histoire des deux pays que les réponses à ces questions vont couler de source.
Ces réponses résident fondamentalement dans les formes de lutte pour l’obtention de l’indépendance, dans la composition des forces qui ont eu à affronter le colonialisme français dans cette lutte et les classes et couches sociales qui ont assumé la mission historique de la mise en place de l’Etat post colonial à la suite de la victoire populaire sur les forces de domination.
La grande force du Maroc a été son unité dans la lutte de libération nationale ; unité de son peuple autour du mot d’ordre d’indépendance ; unité matérialisée par le Manifeste de l’indépendance du 4 janvier 1944 signé et publié par 67 fils du peuple, par le Parti de l’indépendance nationale ISTIQLAL et l’engagement total du Roi Mohamed V, connu à l’époque sous le nom de Sultan Sidy Mohamed Ben Youssef et son discours historique du 9 Août 1947 à Tanger, unité renforcée par l’exil de 27 mois du Roi à Madagascar et par son retour triomphal et la proclamation de l’indépendance du Maroc le 02 Mars 1956.
Les partisans de l’indépendance ont lutté ensemble, triomphé ensemble, et pris le destin de leur nation ensemble avec la ferme volonté de la mettre sur les rails d’un développement véritable pouvant entraîner une accumulation interne réelle du capital national sur lequel s’appuyer pour booster en permanence tous les secteurs de l’économie productive. En ne comptant que sur eux-mêmes, ils ont réussi à bâtir le Maroc émergent d’aujourd’hui sans tambour ni trompette.
C’est un chemin diamétralement opposé que le Sénégal a pris pour aboutir à des résultats également diamétralement opposés. La lutte de libération nationale s’est faite en rangs dispersés et le référendum du 28 Septembre 1958 est venu diviser le peuple en deux camps opposés ; celui des partisans du OUI à la Communauté franco-africaine et le camp de ceux du NON. Cette fracture fut la brèche offerte à la puissance coloniale qui allait s’y engouffrer pour conduire en maître les négociations qui aboutirent à des accords de coopération limitant drastiquement le champ de compétences de la souveraineté nationale.
Au résultat, ce fut le contraire de ce qui se passa au Maroc qui arriva.
Les partisans de la lutte pour l’indépendance furent écartés du pouvoir. Une répression féroce leur fut appliquée : rafles, arrestations, tortures, procès politiques, condamnations à des peines fermes souvent très lourdes, exil, licenciements massifs , dissolutions d’organisations, tout fut mis en œuvre dans le but de les rayer définitivement de la carte politique pour les besoins de l’installation d’un Etat néocolonial fort, au service de l’ancienne puissance coloniale, sous la conduite d’agents stipendiées rigoureusement sélectionnés.
Contrairement au Maroc, le Sénégal prit ainsi le chemin de la construction d’un Etat néocolonial avec la seule mission d’assurer la sauvegarde des intérêts de la France et non de ceux du peuple sénégalais.
Et depuis, la nature de cet Etat est restée inchangée.
Les quarante ans de règne du PS, les douze du PDS et les trois de l’APR n’y ont rien changé.
La responsabilité de ces partis qui ont eu la charge de « déterminer et de conduire la politique de la Nation » durant les cinquante cinq ans de l’indépendance de notre pays n’en est que plus grande.
En acceptant de jouer le rôle d’animateurs du pouvoir néocolonial au profit des intérêts exclusivement étrangers ils sont entièrement responsables de la situation catastrophique que traverse le Sénégal et qui lui vaut de se retrouver dans les rangs des PMA (pays moins avancés) et des PPTE (pays pauvres très endettés).
L’économie productive continuant d’être entre les mains des étrangers, toutes les richesses crées sont réexportées à hauteur de 70% à 80%, ce qui entraîne une accumulation du capital toujours nulle et par conséquent un secteur privé national exsangue. Et il continuera d’être ainsi tant que le Sénégal restera un Etat néocolonial. Et quel que soit le parti qui aura à déterminer et à conduire sa politique, dans ces conditions, le statu quo se poursuivra aux seuls intérêts des cliques minoritaires qui se relayeront au pouvoir en ne se contentant que de prélever des impôts sur les contribuables et de se les partager sans vergogne dans la plus totale impunité.
Le PSE qui est tant vanté en ce moment n’y changera rien. Tel qu’il se déploie d’ailleurs il n’a d’autre vocation que de renforcer le secteur privé étranger, ce qui laisse encore ouverte la porte de la réexportation des richesses créées par les sénégalais.
L’émergence a un préalable qui est l’indépendance réelle. Ce dont le Sénégal a besoin c’est un Etat national véritablement indépendant prés à s’engager dans la voie d’un développement économique, social et culturel véritable, sous la conduite de ses enfants, dans l’intérêt exclusif des intérêts de son peuple.
Ce dont il a besoin c’est, comme le dit la CDS, « parachever l’œuvre de libération nationale, sociale, politique, économique et culturelle du peuple, la lutte pour l’indépendance nationale entamée depuis la période de résistance contre l’occupation coloniale. »
Un plan Sénégal indépendant(PSI) avant un plan Sénégal émergent (PSE), telle est la voie à emprunter pour atteindre cet objectifs car jusqu’à l’extinction du soleil l’Etat néocolonial qui est en vigueur n’offrira aucune garantie pour l’avènement d’un Sénégal développé et émergent.
Dakar le 01 Juin 2015
ALLA KANE
Magum waxoon naako xexoon naako
La mission a été fructueuse pour le Maroc et pour son Roi. La démonstration a été ainsi faite que le Maroc est devenu un bailleur de fonds pour le Sénégal et un agent de plus en plus incontournable dans le financement de l’économie sénégalaise.
Les propos du directeur général des Finances du Sénégal rapportés par le journal L’Observateur des 30 et 31 mai le confirment parfaitement quand il dit, je le cite : « Le Maroc, à travers sa banque populaire, va contribuer au financement du déficit budgétaire pour 2015 à hauteur de 30 milliards F CFA(…) On a signé une convention de financement du Ranch de Doly à la hauteur de 6,5 milliards F CFA par la banque marocaine (…) il y a aussi le programme de financement de 60 milliards F CFA de la deuxième université, Amadou Makhtar MBOW. C’est un financement qui va être accordé par la Bank of Africa (BOA) qui est une filiale du holding qui se trouve au Maroc (…) la BOA va prêter 6,5 milliards F CFA pour le renouvellement des gros porteurs (…) il y a des conventions avec le Fonds souverain des investissements stratégiques (FONSIS) de 7 milliards F CFA. »
A la suite de ces chiffres il ajoute ce commentaire qui n’emporte pas notre adhésion en disant que : « Ce sont des financements importants qui vont rester au Sénégal et qui vont permettre aux entreprises sénégalaises de beaucoup travailler ». Que recouvre le mot financement ? Est- ce un prêt devant être remboursé avec des intérêts et/ou un don ? Dans tous les cas les révélations du directeur général ne font que confirmer le fait que quand le Maroc et le Sénégal entrent en affaires, c’est la main du Maroc qui est toujours sur celle du Sénégal.
Ce que viennent appuyer les propos du vice président de la CNES quand il dit dans le même journal : « La rumeur révèle que ce sont les marocains qui tirent plus de profit des échanges avec le Sénégal. Ça, même notre balance des paiements le montre. En 2013 quand le Sénégal exporte 4 milliards F CFA, ce sont 34 milliards F CFA que les marocains exportent en valeur absolue au Sénégal. C’est un déficit de 30 milliards. Et sur 5 ans ce sont plus de 100 milliards F CFA de déficit. »
Comment comprendre cette situation quand on sait que le Maroc et le Sénégal sont passés sous les fourches caudines de la colonisation française, ont subi les mêmes exactions de l’administration directe du pouvoir colonial français, qu’en fait ils ont été colonisés par la même puissance qu’est la France.
Comment expliquer le déséquilibre si évident et irréfutable du développement des deux pays comme le laissent voir les résultats concrets tels que révélés sur le terrain ? Quelles en sont les causes profondes et réelles ? Pourquoi le Maroc exporte-il aujourd’hui des capitaux marocains vers le Sénégal et continue d’occuper largement l’espace économique sénégalais au détriment des nationaux de notre pays ?
Comment expliquer la mainmise de plus en plus lourde du Maroc sur le Sénégal quand on sait que le premier a recouvré son indépendance le 02 Mars 1956 et que le second a installé son premier gouvernement de l’autonomie interne, issu de la loi cadre, un an après, en mai 1957 et a obtenu officiellement son indépendance le 20 juin 1960 ? C’est en interrogeant l’histoire des deux pays que les réponses à ces questions vont couler de source.
Ces réponses résident fondamentalement dans les formes de lutte pour l’obtention de l’indépendance, dans la composition des forces qui ont eu à affronter le colonialisme français dans cette lutte et les classes et couches sociales qui ont assumé la mission historique de la mise en place de l’Etat post colonial à la suite de la victoire populaire sur les forces de domination.
La grande force du Maroc a été son unité dans la lutte de libération nationale ; unité de son peuple autour du mot d’ordre d’indépendance ; unité matérialisée par le Manifeste de l’indépendance du 4 janvier 1944 signé et publié par 67 fils du peuple, par le Parti de l’indépendance nationale ISTIQLAL et l’engagement total du Roi Mohamed V, connu à l’époque sous le nom de Sultan Sidy Mohamed Ben Youssef et son discours historique du 9 Août 1947 à Tanger, unité renforcée par l’exil de 27 mois du Roi à Madagascar et par son retour triomphal et la proclamation de l’indépendance du Maroc le 02 Mars 1956.
Les partisans de l’indépendance ont lutté ensemble, triomphé ensemble, et pris le destin de leur nation ensemble avec la ferme volonté de la mettre sur les rails d’un développement véritable pouvant entraîner une accumulation interne réelle du capital national sur lequel s’appuyer pour booster en permanence tous les secteurs de l’économie productive. En ne comptant que sur eux-mêmes, ils ont réussi à bâtir le Maroc émergent d’aujourd’hui sans tambour ni trompette.
C’est un chemin diamétralement opposé que le Sénégal a pris pour aboutir à des résultats également diamétralement opposés. La lutte de libération nationale s’est faite en rangs dispersés et le référendum du 28 Septembre 1958 est venu diviser le peuple en deux camps opposés ; celui des partisans du OUI à la Communauté franco-africaine et le camp de ceux du NON. Cette fracture fut la brèche offerte à la puissance coloniale qui allait s’y engouffrer pour conduire en maître les négociations qui aboutirent à des accords de coopération limitant drastiquement le champ de compétences de la souveraineté nationale.
Au résultat, ce fut le contraire de ce qui se passa au Maroc qui arriva.
Les partisans de la lutte pour l’indépendance furent écartés du pouvoir. Une répression féroce leur fut appliquée : rafles, arrestations, tortures, procès politiques, condamnations à des peines fermes souvent très lourdes, exil, licenciements massifs , dissolutions d’organisations, tout fut mis en œuvre dans le but de les rayer définitivement de la carte politique pour les besoins de l’installation d’un Etat néocolonial fort, au service de l’ancienne puissance coloniale, sous la conduite d’agents stipendiées rigoureusement sélectionnés.
Contrairement au Maroc, le Sénégal prit ainsi le chemin de la construction d’un Etat néocolonial avec la seule mission d’assurer la sauvegarde des intérêts de la France et non de ceux du peuple sénégalais.
Et depuis, la nature de cet Etat est restée inchangée.
Les quarante ans de règne du PS, les douze du PDS et les trois de l’APR n’y ont rien changé.
La responsabilité de ces partis qui ont eu la charge de « déterminer et de conduire la politique de la Nation » durant les cinquante cinq ans de l’indépendance de notre pays n’en est que plus grande.
En acceptant de jouer le rôle d’animateurs du pouvoir néocolonial au profit des intérêts exclusivement étrangers ils sont entièrement responsables de la situation catastrophique que traverse le Sénégal et qui lui vaut de se retrouver dans les rangs des PMA (pays moins avancés) et des PPTE (pays pauvres très endettés).
L’économie productive continuant d’être entre les mains des étrangers, toutes les richesses crées sont réexportées à hauteur de 70% à 80%, ce qui entraîne une accumulation du capital toujours nulle et par conséquent un secteur privé national exsangue. Et il continuera d’être ainsi tant que le Sénégal restera un Etat néocolonial. Et quel que soit le parti qui aura à déterminer et à conduire sa politique, dans ces conditions, le statu quo se poursuivra aux seuls intérêts des cliques minoritaires qui se relayeront au pouvoir en ne se contentant que de prélever des impôts sur les contribuables et de se les partager sans vergogne dans la plus totale impunité.
Le PSE qui est tant vanté en ce moment n’y changera rien. Tel qu’il se déploie d’ailleurs il n’a d’autre vocation que de renforcer le secteur privé étranger, ce qui laisse encore ouverte la porte de la réexportation des richesses créées par les sénégalais.
L’émergence a un préalable qui est l’indépendance réelle. Ce dont le Sénégal a besoin c’est un Etat national véritablement indépendant prés à s’engager dans la voie d’un développement économique, social et culturel véritable, sous la conduite de ses enfants, dans l’intérêt exclusif des intérêts de son peuple.
Ce dont il a besoin c’est, comme le dit la CDS, « parachever l’œuvre de libération nationale, sociale, politique, économique et culturelle du peuple, la lutte pour l’indépendance nationale entamée depuis la période de résistance contre l’occupation coloniale. »
Un plan Sénégal indépendant(PSI) avant un plan Sénégal émergent (PSE), telle est la voie à emprunter pour atteindre cet objectifs car jusqu’à l’extinction du soleil l’Etat néocolonial qui est en vigueur n’offrira aucune garantie pour l’avènement d’un Sénégal développé et émergent.
Dakar le 01 Juin 2015
ALLA KANE
Magum waxoon naako xexoon naako