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Classes passerelles: La bouée de sauvetage des déscolarisés


Rédigé le Lundi 10 Octobre 2022 à 23:26 | Lu 196 fois | 5 commentaire(s)



Expérimentées pour la première fois à la rentrée 2018-2019, à l’Académie de Pikine-Guédiawaye, les classes passerelles constituent une solution pour scolariser et réinsérer les jeunes qui sont sortis ou qui n’ont jamais intégré le système éducatif. Dans la banlieue dakaroise, elles connaissent un fort succès. Ce dispositif mis en place par l’Unicef, en partenariat avec l’État du Sénégal, constitue une solution pour permettre aux enfants non scolarisés et âgés de 9 à 12 ans, de rattraper leur retard scolaire grâce à des programmes d’apprentissage accélérés. Cette offre éducative a permis de récupérer des milliers d’enfants. La demande reste encore très forte.


Classes passerelles: La bouée de sauvetage des déscolarisés
Déperdition scolaire, abandon précoce, décrochage, explosion de la carte scolaire …, les obstacles qui freinent le bon fonctionnement du système éducatif sont nombreux. Moult disparités font que beaucoup d’élèves ne fréquentent plus l’école ou sortent du cursus scolaire sans diplôme, sans qualification. Désormais, il existe des dispositifs qui aident les élèves en difficulté, à sortir de cette mauvaise phase et à reprendre un rythme scolaire normal. L’initiative « Classes passerelles » en fait partie. Elle offre une seconde chance aux enfants de la tranche d’âge 9-12 ans, qui avaient abandonné l’école très tôt. Pilotée par l’Unicef, cette offre éducative vient en appoint à la politique de l’éducation du Gouvernement du Sénégal.

C’est après des études, que l’Unicef s’est rendue compte qu’il y avait beaucoup d’enfants hors école, surtout dans les régions périphériques. En effet, le projet a démarré à Kédougou, Tambacounda, Matam et Kaffrine. En 2018, l’Académie de Pikine-Guédiawaye a pris le train en marche, informe l’Inspecteur Moustapha Thiam, point focal du projet « Classes passerelles » à l’Inspection d’Académie de Pikine-Guédiawaye. Avec cette initiative, fait-il savoir, toute la problématique liée à la prise en charge de l’enfant est soutenue par l’Unicef. Une fois enrôlés, ces enfants sont mis sous la tutelle d’un facilitateur, qui se charge de leur récupération de façon accélérée. L’apprenant est ensuite évalué pour avoir un aperçu de son niveau, avant de le réinsérer dans le formel.

La cible, selon l’Inspecteur Moustapha Thiam, est recrutée à partir d’une campagne de sensibilisation menée par les « Badjenou Gokh » ou marraines du quartier auprès des populations, imams et chefs de quartier. Une option qui permet de faire passer l’information chez les parents qui rechignent à amener leurs enfants à l’école, faute de moyens pour leur acheter des fournitures, entre autres difficultés. « L’enrôlement des apprenants démarre pendant les vacances. La requête qui l’autorise est faite au troisième trimestre et est présentée à l’Unicef avec l’objectif à atteindre et toutes les étapes et déclinaisons possibles. Le processus est lancé après validation Â», explique-t-il.

Après les examens de fin d’année, les inspecteurs de l’Education et de la Formation (Ief) et les collectivités se préparent à la sensibilisation, convoquent des rencontres de partage au niveau des Associations sportives et culturelles (Asc), avec la participation des imams, des délégués de quartier, des acteurs relais et facilitateurs.

Un succès dans la banlieue

Dans la banlieue dakaroise, les « classes passerelles » connaissent un grand succès. Elles ont suscité tout un engouement populaire. Le département de Guédiawaye, qui compte cinq communes d’arrondissement, mobilise toutes ses « Badjénou Gokh » pour mener une bonne sensibilisation et réussir un excellent recrutement, explique leur présidente, Aminata Sy.

Les relais communautaires jouent également leur partition. Ils travaillent en synergie avec les « Badjénou Gokh » pour plus d’efficacité, soutient Minetou Mané, relais communautaire au quartier Cheikh Wade de Guédiawaye. « Ce projet est venu à son heure. Il aide beaucoup les parents qui n’ont pas le temps d’encadrer leurs enfants. Mais il aurait été beaucoup plus pertinent s’il avait démarré par les crèches. C’est un bon âge pour aider l’enfant à se familiariser avec l’école, cela a l’avantage de faciliter son maintien à l’école Â», soutient-elle.

Aujourd’hui, les classes passerelles constituent, selon l’Inspecteur Thiam, une belle chance pour le relèvement du Taux brut de scolarité (Tbs), qui est en train de grimper. Car, relève-t-il, « ce sont des enfants qui étaient presque perdus, et parmi eux, on retrouve des talibés, des vendeurs d’eau, de cacahuètes, qui ont rejoint le système Â».

Quand la demande dépasse l’offre

À l’Académie de Pikine-Guédiawaye, la première classe passerelle a ouvert ses portes à la rentrée scolaire 2018-2019. Le dispositif est, au fil des années, devenu très huilé. « Pour la phase expérimentale, nous avions 20 classes passerelles réparties de façon équitable, avec cinq classes pour Guédiawaye et autant pour Pikine, Thiaroye et Keur Massar. Après évaluation, on s’est rendu compte qu’il y a une disproportion Â», explique l’Inspecteur Moustapha Thiam. Keur Massar ayant une forte demande, mais avec le même nombre de classes que Pikine, une répartition équitable a été faite en 2020, selon le point focal du projet.

Ainsi, Keur Massar s’est retrouvé avec huit classes, Guédiawaye et Thiaroye trois pour chacune et Pikine, cinq. Une autre répartition est intervenue lors de la troisième génération, avec Keur Massar qui s’est retrouvée avec 10 classes, Guédiawaye trois, Pikine cinq et Thiaroye quatre. La quatrième génération est marquée par une forte demande. Ainsi, un plaidoyer a conduit l’Unicef à autoriser sept classes supplémentaires. « Les classes sont ainsi passées de 20 à 27. C’est ce qui nous a amenés à donner six classes à Pikine, quatre à Guédiawaye, six à Thiaroye et 11 à Keur Massar; qui a vu sa carte scolaire quadrupler ces dernières années Â», renseigne l’Inspecteur Thiam.

Après quatre années de mise en Å“uvre, estime Cheikh Sané, « la communauté a adhéré à ce projet dont l’ancrage communautaire est extrêmement déterminant Â». Pour le coordonnateur du projet, un réel engouement de la population a été noté. La demande est restée forte malgré les sept classes supplémentaires octroyées par l’Unicef. « Nous avons des classes qui ont 60 élèves. Nous sommes en train de voir avec les collectivités locales pour la prise en charge. Il faut une amélioration du dispositif pour que dans les financements destinés à l’éducation, le maire puisse aussi prendre en charge une à deux classes Â», fait-il remarquer.

À Pikine et Guédiawaye, 1.534 élèves déjà insérés dans le formel

L’initiative « Passerelle », qui a débuté à la rentrée scolaire 2018-2019, a permis d’insérer au total, 1.534 élèves dans le formel. La première année de mise en œuvre a favorisé l’enrôlement de 600 enfants, mais à l’arrivée, 498 ont été insérés. La raison, explique l’Inspecteur Thiam, c’est que les populations ne comprenaient pas, au tout début, la portée des classes passerelles.

En 2020, malgré le contexte de la pandémie, les classes passerelles ont pu subsister avec l’accompagnement de l’Unicef et 425 enfants ont pu être récupérés. La troisième cohorte a vu l’enrôlement de 600 pour 611 insérés. « On a dépassé les objectifs. On a enrôlé 600 enfants, mais on en a inséré 611 parce que, par endroits, l’opérateur pouvait supporter le surplus d’élèves en termes de blouses, d’équipements scolaires, de supports pédagogiques. Il fallait accompagner ces élèves et ne pas les abandonner à leur sort Â», note Cheikh Sané, le coordonnateur du projet.

Pour l’année scolaire 2020-2021, avec le nombre de classes qui est passé à 27, l’effectif à évaluer est de 810 enfants. Et le slogan, précise-t-il, « c’est 810 enrôlés, 810 insérés Â». À son avis, les populations ont compris l’intérêt des classes passerelles. « C’est un moyen de les remettre dans le formel. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont un bon comportement dans les évaluations scolaires Â», apprécie-t-il.

Niveau encourageant

Après neuf mois, les apprenants des classes passerelles sont soumis à des évaluations pour suivre l’évolution de leur niveau. Ces enfants, selon la facilitatrice Daly Guèye, assimilent très vite et ont un bon comportement. « Après les tests, les résultats sont analysés et ils sont insérés entre le Cp et le Ce2. La tranche d’âge nous permet de les insérer dans ces niveaux-là Â», indique l’Inspecteur Moustapha Thiam. « Dès qu’on sait l’étape d’insertion, on peut connaître le niveau à partir duquel l’enfant pourrait être inséré, c’est-à-dire en Ce1 ou en Ce2, pour le niveau 2. On voit par rapport à l’évaluation son niveau le plus adapté Â», précise-t-il.

Par la suite, une note de service est prise par l’Ief et remise au directeur d’école, pour que l’enfant soit pris, suivi dans ses performances. « Les résultats de l’enfant sont remontés pour que l’application que gèrent les planificateurs dans les Ief, soit renseignée au fur et à mesure Â», fait-il savoir. Ce qui est paradoxal, relève l’Inspecteur Thiam, c’est que ces enfants des classes passerelles, une fois insérés dans le formel, sont les premiers dans leurs classes. « Il y a une base de données qu’on a mise en place pour le suivi de ces élèves. De l’enrôlement jusqu’à l’achèvement au Cm2, puis de la troisième à la terminale, pour voir le coût et la portée dans l’accompagnement de cette politique éducative Â», souligne l’Inspecteur Moustapha Thiam.

Un rempart pour les filles déscolarisées

Avec l’avènement des « classes passerelles », une grosse épine a été ôtée du pied de plusieurs parents. En fait, de nombreux enfants ont été extirpés des affres de la délinquance. Un soulagement pour de nombreuses familles qui, d’habitude, consacrent de maigres ressources à l’éducation, affirme Mme Aminata Sy, présidente départementale des « Badiénou Gokh » de Guédiawaye.

Des centaines d’enfants sont dans les rues et s’adonnent à la vente d’eau, entre autres business, à cause du manque de moyens de leurs parents. Ils développent le culte du gain de l’argent facile. Et souvent, leur situation de vulnérabilité les expose à la délinquance, au banditisme. « Une fois qu’ils prennent goût à l’argent, ils sont obligés de voler s’ils n’en ont pas Â», regrette-t-elle. Les filles, fait-elle remarquer, sont les plus exposées. Elles sont nombreuses en âge d’aller à l’école à traîner dans les marchés ou garages, au contact de personnes qui, très souvent, profitent de leur naïveté, leur innocence pour abuser d’elles, déplore la « Badiénou Gokh ».

Il s’y ajoute, indique Aminata Sy, que beaucoup de filles profitent de l’hivernage pour aller au village et aider leurs parents dans les travaux champêtres. Souvent, soutient la « Badiénou Gokh », « elles adoptent de mauvais comportements qui mènent à la déperdition ou ramènent des grossesses qui gâtent leurs études Â». Selon Mme Sy, des garçons subissent le même sort. « Ils sont abusés, violés. Ils vivent des difficultés qu’ils n’osent pas dire à leurs parents Â», déplore la « Badiénou Gokh », pour qui les classes passerelles, en plus de soulager les parents, constituent un tremplin pour les filles.

À Thiaroye-Sur-Mer, les classes passerelles constituent aussi une aubaine pour les enfants, selon Oumy Diop, la « Badiénou Gokh » de la localité. Dans ce village lébou par excellence, la culture de l’école n’est pas très développée. Les enfants décrochent tôt ou entrent tardivement à l’école, à cause d’activités liées à la pêche. La « classe passerelle » a créé un engouement sans précédent et a permis de récupérer beaucoup d’enfants. « On n’a qu’une seule classe et c’est de loin insuffisant parce que la demande est plus forte que l’offre. Nous avons beaucoup d’enfants en âge d’aller à l’école et qui n’y vont pas. Aujourd’hui, nous avons un effectif qui peut remplir trois classes supplémentaires Â», indique Oumy Diop, surnommée dans la zone « la solution », pour son engagement en faveur de l’éducation.

Son plaidoyer pour l’augmentation du nombre de « classes passerelles » est connu des autorités académiques. « Beaucoup d’enfants sont en attente. Les parents ont pris conscience de l’importance des classes passerelles et piaffent d’impatience. Ils veulent tous que leurs enfants soient casés Â», indique-t-elle.

Les facilitateurs, un maillon important de la chaîne

Dans le dispositif des classes passerelles, les facilitateurs constituent un maillon essentiel. Ils sont recrutés par l’opérateur qui a contracté avec l’Unicef, mais sous la supervision de l’Inspection d’Académie, pour garantir un portage institutionnel. L’opérateur a beau avoir une expérience dans ce genre de prestation, les autorités académiques ne le laissent pas faire tout seul. « Si on se rend compte que le cahier des charges n’est pas respecté, il nous est loisible de faire un break et de nous en ouvrir à un autre opérateur beaucoup plus efficace Â», prévient l’Inspecteur Moustapha Thiam, point focal du projet. De 20 au début du projet dans la banlieue, les facilitateurs sont aujourd’hui au nombre de 27, souligne-t-il. « On confie le recrutement à l’opérateur, avec l’accompagnement de l’Inspection d’Académie pour avoir une certaine qualité Â», précise Cheikh Sané, coordonnateur des « classes passerelles ».

Il souligne qu’au départ, le niveau baccalauréat, plus une expérience en éducation non formelle, étaient requis pour devenir opérateur de ces structures. « Mais aujourd’hui, à l’analyse des profils qu’on a, on se rend compte que le niveau est assez élevé. Il y a des titulaires de licence ou de master Â», se réjouit-il.

Aujourd’hui, les inspecteurs des quatre Ief se chargent du renforcement des capacités des facilitateurs en termes de préparation des cours, de fiches pédagogiques, entre autres, rappelle Daly Guèye, facilitatrice au quartier Cheikh Wade, dans le département de Guédiawaye.

Elle apprécie le projet à sa juste valeur, même si elle reconnaît que les débuts ont été assez difficiles. « C’est une cible très vulnérable. Ce sont des enfants hors école qu’on recueille, donc on se retrouve avec deux voire trois niveaux différents. Il y a aussi le comportement, parce qu’ils viennent de milieux très différents. On les met à l’aise, les encadre, les encourage, les motive pour qu’ils restent à l’école Â», indique-t-elle.

Au niveau de l’encadrement, dit-elle, les facilitateurs bénéficient de deux sessions de formation de dix jours par an. De plus, lors des journées pédagogiques, tous les acteurs qui tournent autour du projet sont réunis dans une classe, pour permettre au facilitateur de faire une prestation. Une occasion pour l’améliorer en termes d’intrants pédagogiques, de dispositions pour que l’enfant puisse percevoir et s’approprier l’apprentissage qui lui est délivré, ajoute l’Inspecteur Thiam.

Dans cette même dynamique, il fait savoir que plus de 10 Inspecteurs tournent autour de ce projet, avec un suivi quotidien et régulier. « Il y a, dans chaque Ief, un inspecteur point focal qui suit la mise en Å“uvre de la classe passerelle sur le terrain. Il lui est fait obligation de faire au minimum deux sorties de suivi et d’accompagnement pédagogique et de faire des rapports Â», indique M. Thiam.

Aujourd’hui, le rêve des facilitateurs, c’est d’avoir un emploi formel, garanti en lieu et place de leur protocole, renouvelé chaque année. « Nous voulons être insérés dans la Fonction publique. Cela fait quatre ans que nous sommes dans ce projet et nous voulons aussi avoir notre chance parce que nous avons les potentialités Â», plaide Daly Guèye. Une aspiration toute légitime si l’on en croit l’Inspecteur Thiam. « L’un des défis, c’est de faire en sorte que nos facilitateurs aient un emploi sécurisé. Pour le moment, c’est encore très précaire et l’Ia a porté le combat Â», indique-t-il.

La qualification professionnelle et l’insertion au cœur du processus

Pour éviter que les enfants viennent grossir les rangs des chômeurs et autres délinquants, l’Unicef a opté pour une diversification de la cible, en élargissant les classes passerelles classiques à la formation professionnelle. Il était prévu qu’à partir de janvier 2022, les Centres d’apprentissage populaires (Cap) seront expérimentés. Cette initiative vise à permettre aux élèves qui ne seraient pas dans la fourchette de l’Unicef, d’être formés aux divers métiers et d’avoir une qualification en menuiserie, maçonnerie, plomberie, électricité, tôlerie, électrotechnique, restauration, coiffure, couture.

Il s’agit, selon l’Inspecteur Moustapha Thiam, d’une cohorte qui concerne une cible de 900 enfants. Ces derniers seront outillés pour acquérir une qualification et une certification. « Il y a des spécialistes qui relèvent du lycée Seydina Limamou Laye et des centres de formation professionnelle qui viendront accompagner ces enfants, grâce à un dispositif de formation professionnelle mis en place Â», explique l’Inspecteur Thiam.

Selon la « Badiénou Gokh », Aminata Sy, la tranche d’âge 9-12 n’est pas la seule vulnérable. Les 13, 14 et 15 ans sont aussi exposés et ont besoin d’avoir une seconde chance. Cela va régler le problème de ces jeunes déscolarisés ou sortis prématurément de l’école et qui ne sont pas compétitifs sur le marché de l’emploi, parce que sans qualification. Pour ce qui est de l’insertion de ces apprenants, l’Inspecteur Thiam renseigne qu’un dispositif huilé est mis en place par l’Unicef, qui a développé un partenariat avec les entreprises pour leur faciliter les stages.

Défi de la pérennisation

Depuis quatre ans, les classes passerelles font partie intégrante des villes de Pikine et Guédiawaye. Cependant, leur pérennité reste tributaire de la volonté politique de l’État. Pour l’Inspecteur Thiam, elles sont d’un apport indéniable et méritent un dispositif d’accompagnement. « Au cas où l’Unicef se retirerait, l’État devrait trouver un système de pérennisation parce que l’éducation est une compétence transférée Â», soutient-il.

Pour Cheikh Sané, une sensibilisation est menée chaque année au niveau des collectivités locales, pour une meilleure prise en charge de ces structures. L’Unicef n’est pas disposée à rester, note-t-il. « Il faut que les maires portent le projet pour que la pérennisation du projet puisse se faire Â», plaide-t-il.

Puis, en septembre, les effectifs demandés sont mobilisés.



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