Comme un peu partout dans la capitale, Keur Massar vit au rythme des préparatifs de la Tabaski. Dans le foirail installé à l’entrée du chef-lieu de ce nouveau département, les clients sont accueillis par l’odeur pestilentielle des urines des bêtes, des déchets de moutons morts et même, dans certains cas, d’excréments. En dépit du port du masque, difficile de se protéger des mauvaises odeurs. Chaque enclos est délimité par des gilets accrochés sur des barres de fer. Tous les deux côtés de la voie si grouillante qui dessert cette grande ville anarchique, sont occupés par les petits ruminants.
Habillé d’un grand boubou bleu qui a perdu de son éclat en plus d’être très froissé, la tête enroulée d’une écharpe noire, des chaussures qui datent d’une époque lointaine, Ahmet Sow ne quitte pas du regard son troupeau de moutons et s’approche du visiteur dès que celui-ci touche une des bêtes éparpillées un peu partout. Interrogé sur la tendance du marché, notre interlocuteur se désole plutôt de la pratique de certains malfaiteurs, qui profitent de l’occasion pour écouler de faux billets de banque. Même s’il n’est pas encore victime de ces faux monnayeurs, notre « téfanké » dit garder encore un mauvais souvenir de la Tabaski de l’année dernière.
Croyant faire une bonne affaire en cédant la meilleure bête de son troupeau, il s’était rendu compte, beaucoup plus tard, qu’on lui avait refilé de faux billets de banque. « Wallahi ! Tous les billets qu’on m’avait remis en guise de paiement, étaient faux. Les Dakarois sont des bandits ! Cette année, je suis très vigilant. En tout cas, si un faussaire tente de me refaire le coup, je suis prêt à le tuer, quitte à aller en prison », dit-il sans plaisanter.
Et pour qui connait la relation du Peulh avec son cheptel, sait qu’Ahmeth Sow ne plaisante pas. « Si on prend un malfaiteur, nous allons le tuer avant que les gens ne viennent à son secours », avertit Cheikh Tidiane Sow, étalé sur une natte et tenant une théière. « Si quelqu’un veut perdre la vie, qu’il essaie de faire usage de faux billets dans ce daaral. Nous lui règlerons son compte. S’il a la chance de s’en sortir, il se retrouvera avec un bras amputé », menace le vieil homme, le visage caché derrière des lunettes de soleil.
De l’autre côté de la voie d’entrée et de sortie de Keur Massar, des jeunes gens sont préposés à la surveillance des moutons, tout en éloignant les malfaiteurs qui profitent souvent de la situation de confusion qui règne dans cet environnement, pour s’emparer d’une bête. A l’intérieur du périmètre, l’employeur de ces jeunes est confortablement assis sur sa chaise. Sur ses 1,90 m, les muscles saillants, l’homme, qui a eu à déjouer le coup d’un faux monnayeur il y a quelques jours, se fait menaçant. « Les autorités doivent assumer leurs rôles. Nous les avertissons.
« Barki Sérigne Fallou Mbacké », si nous prenons quelqu’un avec de faux billets, ça sera ses derniers instants sur terre », jure l’homme, qui avait vu son escroc profiter de la présence de la foule pour disparaître. « Nous avons dépensé des millions de francs pour acheter ces moutons. Donc, il n’est pas question que des gens malintentionnées viennent nous rouler dans la farine et puissent s’en tirer aussi facilement », confie le vendeur sur un ton ferme, sans quitter des yeux ses employés. Abdou Diouf, un de ses collègues, ressasse les mêmes menaces. Mais à la différence de ses amis, lui, il demande aux autorités de les doter de machines de détection de faux billets.
457 millions en faux billets saisis à Keur Massar
Ces commerçants, plutôt que de craindre la présence de voleurs, sont plutôt préoccupés par la circulation de faux billets. Surtout dans la zone de Keur Massar où, il y a une semaine, des faux billets d’une valeur de 457 millions de francs avaient été saisis. Chat échaudé…Ces vendeurs de moutons restent vigilants. L’information passant de bouche à oreille, partout dans les points de vente, les vendeurs redoublent de vigilance pour ne pas être victimes des faux monnayeurs. Le message qu’ils tiennent à faire passer, reste le même partout. Tout malfrat pris la main dans le sac, ne sera pas livré à la police, puisqu’ils lui règleront promptement son compte. Et la sentence est connue, la peine de mort. « Nous n’avons pas de machines de détection de faux billets, mais on reste vigilants », confie un vendeur installé sur les deux voies de Liberté VI. Comme quoi, ce n’est pas qu’à Keur Massar seulement que les « téfankés » ont déclaré la guerre aux faux-monnayeurs.
Le Témoin
Habillé d’un grand boubou bleu qui a perdu de son éclat en plus d’être très froissé, la tête enroulée d’une écharpe noire, des chaussures qui datent d’une époque lointaine, Ahmet Sow ne quitte pas du regard son troupeau de moutons et s’approche du visiteur dès que celui-ci touche une des bêtes éparpillées un peu partout. Interrogé sur la tendance du marché, notre interlocuteur se désole plutôt de la pratique de certains malfaiteurs, qui profitent de l’occasion pour écouler de faux billets de banque. Même s’il n’est pas encore victime de ces faux monnayeurs, notre « téfanké » dit garder encore un mauvais souvenir de la Tabaski de l’année dernière.
Croyant faire une bonne affaire en cédant la meilleure bête de son troupeau, il s’était rendu compte, beaucoup plus tard, qu’on lui avait refilé de faux billets de banque. « Wallahi ! Tous les billets qu’on m’avait remis en guise de paiement, étaient faux. Les Dakarois sont des bandits ! Cette année, je suis très vigilant. En tout cas, si un faussaire tente de me refaire le coup, je suis prêt à le tuer, quitte à aller en prison », dit-il sans plaisanter.
Et pour qui connait la relation du Peulh avec son cheptel, sait qu’Ahmeth Sow ne plaisante pas. « Si on prend un malfaiteur, nous allons le tuer avant que les gens ne viennent à son secours », avertit Cheikh Tidiane Sow, étalé sur une natte et tenant une théière. « Si quelqu’un veut perdre la vie, qu’il essaie de faire usage de faux billets dans ce daaral. Nous lui règlerons son compte. S’il a la chance de s’en sortir, il se retrouvera avec un bras amputé », menace le vieil homme, le visage caché derrière des lunettes de soleil.
De l’autre côté de la voie d’entrée et de sortie de Keur Massar, des jeunes gens sont préposés à la surveillance des moutons, tout en éloignant les malfaiteurs qui profitent souvent de la situation de confusion qui règne dans cet environnement, pour s’emparer d’une bête. A l’intérieur du périmètre, l’employeur de ces jeunes est confortablement assis sur sa chaise. Sur ses 1,90 m, les muscles saillants, l’homme, qui a eu à déjouer le coup d’un faux monnayeur il y a quelques jours, se fait menaçant. « Les autorités doivent assumer leurs rôles. Nous les avertissons.
« Barki Sérigne Fallou Mbacké », si nous prenons quelqu’un avec de faux billets, ça sera ses derniers instants sur terre », jure l’homme, qui avait vu son escroc profiter de la présence de la foule pour disparaître. « Nous avons dépensé des millions de francs pour acheter ces moutons. Donc, il n’est pas question que des gens malintentionnées viennent nous rouler dans la farine et puissent s’en tirer aussi facilement », confie le vendeur sur un ton ferme, sans quitter des yeux ses employés. Abdou Diouf, un de ses collègues, ressasse les mêmes menaces. Mais à la différence de ses amis, lui, il demande aux autorités de les doter de machines de détection de faux billets.
457 millions en faux billets saisis à Keur Massar
Ces commerçants, plutôt que de craindre la présence de voleurs, sont plutôt préoccupés par la circulation de faux billets. Surtout dans la zone de Keur Massar où, il y a une semaine, des faux billets d’une valeur de 457 millions de francs avaient été saisis. Chat échaudé…Ces vendeurs de moutons restent vigilants. L’information passant de bouche à oreille, partout dans les points de vente, les vendeurs redoublent de vigilance pour ne pas être victimes des faux monnayeurs. Le message qu’ils tiennent à faire passer, reste le même partout. Tout malfrat pris la main dans le sac, ne sera pas livré à la police, puisqu’ils lui règleront promptement son compte. Et la sentence est connue, la peine de mort. « Nous n’avons pas de machines de détection de faux billets, mais on reste vigilants », confie un vendeur installé sur les deux voies de Liberté VI. Comme quoi, ce n’est pas qu’à Keur Massar seulement que les « téfankés » ont déclaré la guerre aux faux-monnayeurs.
Le Témoin