La Tribune Afrique - Quelles seront les questions abordées lors de cette édition d'Ambition Africa ?
Christophe Lecourtier - L'événement s'articule autour de plusieurs temps forts : une séance plénière en présence d'officiels français et africains, des rendez-vous d'affaires « B, to B », un village d'experts, des cocktails de networking et 17 tables rondes sectorielles et transversales. Nous aborderons des thèmes aussi variés que le mix énergétique, les infrastructures de transport et la logistique multimodale, la mobilité urbaine, les systèmes de santé, l'agrobusiness et les mécanismes de financement. Par ailleurs, une conférence sera organisée par le Club Afrique de France-Invest, qui a été étroitement associé à l'évènement cette année.
Nous souhaitions actionner tous les leviers possibles : financement des entreprises, développement des coopérations techniques, partenariats sur le numérique, etc. A titre d'exemple, nous avons lancé un appel à projets doté d'une enveloppe de 5 millions d'euros pour financer des innovations portées par des entreprises françaises dans le domaine de la « ville durable » en Afrique, en prévision du sommet Afrique-France 2020.
Dans quelle mesure le capital-investissement, qui sera l'un des sujets majeurs d'Ambition Africa, peut-il s'imposer comme un vecteur d'impact sur le continent ?
La croissance de l'Afrique et la maîtrise des enjeux passent par la croissance des projets à taille humaine et pas uniquement par de grands projets industriels. C'est là qu'intervient le capital-investissement. Soutenir ces projets représente la meilleure façon d'obtenir un mode de développement inclusif pour les classes moyennes. Notre événement sera le point de rencontre des entrepreneurs porteurs de projets et des investisseurs en capital et en dette privée qui développent ce type d'initiatives en direction de l'Afrique.
Comment l'écosystème des startups africaines, de nouveau à l'honneur cette année, sera-t-il abordé ?
Nous souhaitons encourager les best practices et atteindre des résultats concrets. Nous avons développé un partenariat avec Canal+, en particulier avec l'émission « Réussite » afin de valoriser le potentiel des entreprises africaines, notamment des startups. Dans le cadre de ce programme, nous dévoilerons des succès commerciaux issus de la 1ère édition d'Ambition Africa. Le principe repose sur le suivi d'une entreprise africaine sélectionnée par nos bureaux en Afrique : de son arrivée à l'aéroport aux répercussions consécutives à l'événement, en passant par ses rendez-vous « B to B » pendant la rencontre. Cela nous permet ainsi de mesurer ce que l'évènement leur apporte concrètement.
Précisément, quelles sont les principales actions engagées à ce jour par Business France pour accompagner les entreprises françaises en Afrique ?
Nous comptons 12 implantations et 78 collaborateurs sur l'ensemble du continent. Un dispositif que nous avons considérablement renforcé, tout particulièrement en Afrique subsaharienne où nous sommes passés d'un seul bureau en 2011 à 8 sites aujourd'hui, dont 4 en zone anglophone : l'Afrique du Sud, le Kenya, l'Ethiopie et le Nigéria. Parallèlement, nos équipes sont en mesure d'accompagner des entreprises sur de nouveaux marchés africains, grâce à l'appui du réseau diplomatique français. Nous mettons également en œuvre le dispositif VIE qui connaît un réel succès, avec pas moins de 322 entreprises utilisatrices pour un total de 683 VIE en poste à la fin août 2019 sur 37 pays. En 2017 et en 2018, Business France a ainsi accompagné près de 1 500 entreprises en Afrique de façon collective, individuelle ou via le dispositif VIE !
Dans quelle mesure le dispositif « Team France Export » permettra-t-il un meilleur accompagnement des entreprises françaises sur les marchés africains ?
La mise en œuvre de la réforme « Team France Export », engagée à la demande du Premier ministre en 2018, nous permettra d'étendre notre couverture en proposant des accompagnements sur pas moins de 12 marchés couverts par des acteurs privés, qu'il s'agisse de concessionnaires de service public comme au Maroc, ou de prestataires référencés comme au Mozambique, au Ghana ou au Gabon. Une fois le dispositif entièrement déployé, nous serons en mesure de couvrir 33 marchés africains.
De quelle manière collaborez-vous avec les autres opérateurs français présents sur le continent et notamment avec Bpifrance et l'Agence française de développement (AFD) ?
Nos équipes travaillent étroitement avec celles de l'AFD et de Proparco. En 2018, une opération conjointe AFD-BPI-Business France - Challenge Digital Africa - a d'ailleurs permis à Business France d'accompagner les 5 lauréats français d'un concours organisé par l'AFD et Bpifrance en Côte d'Ivoire et en Afrique du Sud.
Concrètement, quelles ont été les retombées d'Ambition Africa 2018 et quels sont les objectifs fixés cette année?
Avec plus de 1 000 visiteurs sur deux jours, 100 journalistes africains et français, Ambition Africa 2018 a été une formidable caisse de résonnance pour le business franco-africain. Nous avons accueilli 500 participants en provenance de 38 pays d'Afrique, dont le Nigéria, la Côte d'Ivoire, l'Algérie, la Tunisie et le Cameroun. Plus de la moitié des rendez-vous B2B ont permis d'ouvrir des négociations et un tiers d'entre eux s'est conclu par la signature de partenariats. Cette année, l'objectif est de consolider l'expertise et la qualité des échanges pour faire d'Ambition Africa « la » plate-forme business de référence avec l'Afrique, que ce soit dans les régions francophones ou anglophones. Près de 1 200 participants sont attendus dont 500 entreprises africaines, autour de nos partenaires publics et privés, africains et français. Ils participeront aux 17 conférences thématiques et sectorielles et prendront part aux 2 000 rendez-vous « B to B ».
Après Ambition Africa, quels seront les prochains grands rendez-vous de Business France en direction de l'Afrique ?
La prochaine séquence importante se tiendra à Abidjan à l'occasion du SARA, le Salon de l'agriculture et des ressources animales, du 22 novembre au 1er décembre 2019. C'est le plus grand salon d'Afrique de l'Ouest en la matière et cette année, la France sera mise à l'honneur. Une soixantaine d'entreprises sont attendues sur le pavillon France, organisé avec l'ADEPTA [Association d'entreprises françaises spécialisées, constructeurs d'équipements et d'unités de production agro-industrielles en France et à l'étranger, ndlr]. Par ailleurs, au printemps prochain, Business France sera également partenaire du Sommet Afrique France 2020 qui s'intéressera aux enjeux liés à la ville durable sur le continent.
Propos recueillis par Marie-France Réveillard