Alors que la sortie du franc Cfa est présentée comme la solution à nos problèmes, par les partisans du CFAxit, voyons en quoi leurs arguments ne tiennent pas.
Certains activistes politiques africains prônent le CFAxit et la création d’une nouvelle monnaie pour les pays de la zone franc. Défendu par certains économistes comme Demba Moussa Dembélé, Martial Ze Belinga… Ce scenario permettrait aux pays de l’UEMOA, d’en finir avec des performances économiques faibles, en dessous de la moyenne économique des autres pays de l’Afrique. Ce discours, rassurant, séduit de plus en plus d’africains.
Que peut-on leur répondre ?
C’est si facile de discréditer le franc Cfa. Quelle idée se font les africains du franc Cfa ? Pour les panafricanistes, l’arrimage du franc Cfa à l’euro, ne facilite pas la croissance économique et le développement. Avec cette monnaie accrochée à l’euro par une parité fixe, rendent impuissants nos Etats face aux marchés financiers. On ne peut pas leur donner tort. Mais en revanche, il est injuste de faire du franc Cfa, la source de tous nos maux. La crise de 2008, qui a accentué la pauvreté, a surtout mis en lumière, que les Etats africains ayant accepté de partager la même monnaie, ont oublié une règle cardinale : une union monétaire ne peut se limiter à la création d’une monnaie unique et à l’instauration de la libre circulation des capitaux. Sans union budgétair,e cela ne fonctionne pas.
Et c’est bien pour cela que les partisans du CFAxit souhaitent la sortie du franc Cfa...
Ils se trompent ou nous trompent sur ce qui passerait vraiment si on mettait fin à l’aventure du franc Cfa. Si les pays de l’UEMOA changeaient de monnaie, nous ne serions pas plus forts, mais bien plus vulnérable face à la spéculation. Changer de monnaie n’a jamais rendu riche un pays, la monnaie n’est qu’un outil économiquen pas une panacée. Avoir sa propre monnaie, est un symbole de souveraineté, juste un moyen de pouvoir s’affirmer, mais pas d’enrichissement.
Peut-on croire à la dévaluation compétitive ?
On améliorerait surement notre compétitivité, en ayant cette souveraineté de pouvoir dévaluer ou pas notre monnaie. Sauf qu’on ne serait pas les seuls à vouloir le faire en Afrique. On n’éviterait pas une guerre des monnaies avec le reste de l’Afrique, qui voudraient, eux aussi, relancer leur économie par ce biais.
Les partisans du CFAxit n’oublient-ils pas aussi, volontairement ou non, de parler des conséquences d’une telle décision pour les épargnants ?
Il faut leur dire là encore, qu’on rentrerait dans une période où les litiges seraient nombreux, quant à la façon d’interpréter un contrat d’assurance-vie ou de tout autre produit d’épargne. Les états pourront tenter de jouer les arbitres, mais comme toujours dans ces cas-là , il y aura des perdants et des gagnants. Et les lobbies les plus puissants, seront comme d’habitude, en mesure de faire jouer leurs intérêts. On voit mal le petit épargnant dans le camp des gagnants. D’autant que les plus riches peuvent bien facilement délocaliser leur épargne. On l’a vu en Grèce, quand une sortie de l’euro était plausible. Le risque, c’est que les plus gros détenteurs de capital aient les moyens de s’en sortir, en laissant pour compte les petits épargnants, sans parler, par la suite, de l’effet de l’inflation qui ne favorise pas du tout l’épargne.
Mais que peut-on faire alors ?
« La monnaie est au service d’une économie qui elle-même est au service d’une vision. »
Le salut de l’Afrique est d’avoir des leadership éclairés, qui ont une vision. Aucun pays africain ne se développera parce qu’il a abandonné le franc Cfa. Le fait d’avoir sa propre monnaie, est juste une question de souveraineté monétaire et nationale. Par contre, le développement requiert un leadership visionnaire, efficace, pragmatique et courageux. C’est sous une vision et un leadership, que l’on arrivera à changer radicalement une société dès la base, au niveau de l’éducation, afin de parvenir à définir le type de citoyen qu’on souhaite avoir dans les vingt ou trente prochaines années, car n’oublions surtout pas, que la ressource la plus cruciale d’une nation, ce sont les hommes, il faut former les hommes à une idéologie nouvelle, comme l’ont fait les Chinois et les Allemands.
Les pays les plus pauvres dans ce monde, ont leur propre monnaie, je peux en citer quelque-uns : la Somalie, le Madagascar, le Mozambique, le Sud Soudan, la Gambie, la Mauritanie, la liste est loin d’être exhaustive.
Bref, le retard de l’Afrique est à chercher ailleurs, le franc Cfa est une bonne monnaie pour le futur désirable de nos pays, pour ne pas paraphraser notre actuel président de la République. J’arrête ma réflexion tout en espérant que le sommet extraordinaire de l’UEMOA, sera une occasion pour les pays de la zone franc, de trouver les bonnes solutions.
Cheikh Sène
Économiste, Enseignant-chercheur à l’Ucad
Certains activistes politiques africains prônent le CFAxit et la création d’une nouvelle monnaie pour les pays de la zone franc. Défendu par certains économistes comme Demba Moussa Dembélé, Martial Ze Belinga… Ce scenario permettrait aux pays de l’UEMOA, d’en finir avec des performances économiques faibles, en dessous de la moyenne économique des autres pays de l’Afrique. Ce discours, rassurant, séduit de plus en plus d’africains.
Que peut-on leur répondre ?
C’est si facile de discréditer le franc Cfa. Quelle idée se font les africains du franc Cfa ? Pour les panafricanistes, l’arrimage du franc Cfa à l’euro, ne facilite pas la croissance économique et le développement. Avec cette monnaie accrochée à l’euro par une parité fixe, rendent impuissants nos Etats face aux marchés financiers. On ne peut pas leur donner tort. Mais en revanche, il est injuste de faire du franc Cfa, la source de tous nos maux. La crise de 2008, qui a accentué la pauvreté, a surtout mis en lumière, que les Etats africains ayant accepté de partager la même monnaie, ont oublié une règle cardinale : une union monétaire ne peut se limiter à la création d’une monnaie unique et à l’instauration de la libre circulation des capitaux. Sans union budgétair,e cela ne fonctionne pas.
Et c’est bien pour cela que les partisans du CFAxit souhaitent la sortie du franc Cfa...
Ils se trompent ou nous trompent sur ce qui passerait vraiment si on mettait fin à l’aventure du franc Cfa. Si les pays de l’UEMOA changeaient de monnaie, nous ne serions pas plus forts, mais bien plus vulnérable face à la spéculation. Changer de monnaie n’a jamais rendu riche un pays, la monnaie n’est qu’un outil économiquen pas une panacée. Avoir sa propre monnaie, est un symbole de souveraineté, juste un moyen de pouvoir s’affirmer, mais pas d’enrichissement.
Peut-on croire à la dévaluation compétitive ?
On améliorerait surement notre compétitivité, en ayant cette souveraineté de pouvoir dévaluer ou pas notre monnaie. Sauf qu’on ne serait pas les seuls à vouloir le faire en Afrique. On n’éviterait pas une guerre des monnaies avec le reste de l’Afrique, qui voudraient, eux aussi, relancer leur économie par ce biais.
Les partisans du CFAxit n’oublient-ils pas aussi, volontairement ou non, de parler des conséquences d’une telle décision pour les épargnants ?
Il faut leur dire là encore, qu’on rentrerait dans une période où les litiges seraient nombreux, quant à la façon d’interpréter un contrat d’assurance-vie ou de tout autre produit d’épargne. Les états pourront tenter de jouer les arbitres, mais comme toujours dans ces cas-là , il y aura des perdants et des gagnants. Et les lobbies les plus puissants, seront comme d’habitude, en mesure de faire jouer leurs intérêts. On voit mal le petit épargnant dans le camp des gagnants. D’autant que les plus riches peuvent bien facilement délocaliser leur épargne. On l’a vu en Grèce, quand une sortie de l’euro était plausible. Le risque, c’est que les plus gros détenteurs de capital aient les moyens de s’en sortir, en laissant pour compte les petits épargnants, sans parler, par la suite, de l’effet de l’inflation qui ne favorise pas du tout l’épargne.
Mais que peut-on faire alors ?
« La monnaie est au service d’une économie qui elle-même est au service d’une vision. »
Le salut de l’Afrique est d’avoir des leadership éclairés, qui ont une vision. Aucun pays africain ne se développera parce qu’il a abandonné le franc Cfa. Le fait d’avoir sa propre monnaie, est juste une question de souveraineté monétaire et nationale. Par contre, le développement requiert un leadership visionnaire, efficace, pragmatique et courageux. C’est sous une vision et un leadership, que l’on arrivera à changer radicalement une société dès la base, au niveau de l’éducation, afin de parvenir à définir le type de citoyen qu’on souhaite avoir dans les vingt ou trente prochaines années, car n’oublions surtout pas, que la ressource la plus cruciale d’une nation, ce sont les hommes, il faut former les hommes à une idéologie nouvelle, comme l’ont fait les Chinois et les Allemands.
Les pays les plus pauvres dans ce monde, ont leur propre monnaie, je peux en citer quelque-uns : la Somalie, le Madagascar, le Mozambique, le Sud Soudan, la Gambie, la Mauritanie, la liste est loin d’être exhaustive.
Bref, le retard de l’Afrique est à chercher ailleurs, le franc Cfa est une bonne monnaie pour le futur désirable de nos pays, pour ne pas paraphraser notre actuel président de la République. J’arrête ma réflexion tout en espérant que le sommet extraordinaire de l’UEMOA, sera une occasion pour les pays de la zone franc, de trouver les bonnes solutions.
Cheikh Sène
Économiste, Enseignant-chercheur à l’Ucad