Ces malotrus qui insultent Dansokho... - Par Madiambal Diagne


Rédigé le Mardi 16 Juin 2015 à 02:05 | Lu 99 fois | 0 commentaire(s)



Au moins trois ministres, Oumar Youm, Yakham Mbaye, et Youssou Touré, se sont relayés à travers les médias pour flétrir Amath Dansokho. D’autres structures du parti l’Alliance Pour la République (Apr) se sont jointes dans la danse pour condamner une sortie médiatique du ministre d’Etat auprès du Président Macky Sall, qui stigmatisait des insuffisances de l’action gouvernementale. On a pu être ému de constater l’absence de retenue dans les salves destinées à Amath Dansokho. Des armes peu conventionnelles ont même été utilisées au point que d’aucuns se demandaient si les pourfendeurs de Amath Dansokho avaient une once de respect pour sa personne, pour son parcours et pour la place qu’il occupe encore aux côtés du chef de l’Etat et le titre que lui confère ce dernier. Des attaques sordides ont pu être prononcées et cela n’a donc pas manqué de provoquer un certain embarras.


Ces malotrus qui insultent Dansokho... - Par Madiambal Diagne
Dans notre société, il est difficilement acceptable de voir s’en prendre à plus âgé que soi, surtout en relevant des travers moraux. Ceux qui se sont exprimés ont révélé une certaine effronterie. Cette attitude aura desservi leurs messages mais aura surtout rendu davantage crédibles les critiques qu’a pu formuler Amath Dansokho. Comment des personnes, partageant la même table du Conseil des ministres, peuvent-elles s’épancher ainsi à travers les médias pour se tirer dans les pattes sur des questions concernant la marche même du gouvernement dans lequel elles siègent ensemble ? Et puis, qu’est-ce qu’a pu dire Amath Dansokho qui n‘est déjà pas dit par d’autres, notamment le président de la République Macky Sall lui-même, quelques jours avant la sortie de Amath Dansokho à travers la livraison du journal L‘Observateur du samedi 6 juin 2015 ? 

En effet, le Président Sall, dans l’allocution qu’il a prononcée le 2 juin 2015 lors de l’ouverture à Dakar de la conférence ministérielle sur l’Etat de droit et la lutte contre la corruption en Afrique, était allé au-delà des propos de Amath Dansokho. Macky Sall a clairement déclaré que les démons de la corruption commencent à gagner le gouvernement. Il mettait ainsi en garde contre de telles dérives et manifestait sa détermination à lutter farouchement contre le fléau. Macky Sall ajoutait aussi qu’il trouvait inacceptables les lacunes du gouvernement en matière de gestion dans des secteurs stratégiques comme l’énergie et l’eau, entre autres. Alors, pourquoi tant de hargne contre des propos de Dansokho ? La place d’un Amath Dansokho aux côtés de Macky Sall n’aura encore de sens que si le vieux Dansokho peut exprimer en toute liberté, ses opinions sur ce qu’il trouve comme travers ou défaillances du gouvernement. Il ne servirait à rien s’il se mettait dans une posture de chanter les louanges du chef de l’Etat. On peut trouver d’autres gens pour dire ce qui marche bien. 

Alassane Dramane Ouattara demandait à un de ses conseillers, assez détaché de la gestion gouvernementale, de ne jamais venir à son bureau pour lui dire ce qui marchait bien. Le chef de l’Etat ivoirien attendrait de son conseiller qu’il lui dise ce qui ne va pas bien. Toute une philosophie de gouvernance... Ces malotrus qui insultent Amath Dansokho devraient méditer cela. Dans ce concert d’ignominie, l’un d’entre eux semble faire de l’esprit en rappelant que Dansokho se comportait de la même façon du temps de Abdou Diouf ou de Abdoulaye Wade. Justement, c’est là où réside le mérite d’un Amath Dansokho, c’est d’avoir toujours risqué ses situations personnelles les plus confortables pour rester égal à lui-même et à ses principes de franchise et d’orthodoxie. Il avait bien fallu qu’un Dansokho par exemple réveillât les gens pour défaire le régime de Abdou Diouf et ensuite celui de Abdoulaye Wade. Sous ce registre, il n’y a rien à regretter. Bien au contraire. 

Il faut dire que les collaborateurs du Président Sall prennent un mauvais pli de réagir trop par l’émotion. A la longue, ils finiront par voir, en tout le monde, des ennemis, des adversaires, des comploteurs et cela isolerait leur mentor et le desservirait grandement. Qui disait que de toutes les maladies, l’autisme se révèle être la plus novice pour un grand dirigeant ? Or, on constate que la coalition gouvernementale conduite par Macky Sall est, à chaque fois, menacée de dislocation quand un responsable d’une formation politique alliée ose une quelconque critique sur la façon dont les choses marchent dans le pays. Il y a eu des bisbilles entre des responsables de l’Apr et des membres de la coalition Macky 2012 pour les mêmes motifs. Il y a eu également des querelles avec des secteurs de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp) de Moustapha Niasse ou du Parti socialiste de Ousmane Tanor Dieng. 

Les réactions émotives des collaborateurs du Président Sall sont si à fleur de peau qu‘en cherchant à contrer l’opposition par exemple, ils rendent son discours crédible. Qu’est-ce qu’une tournée politique d’un Idrissa Seck par exemple au Fouta, peut-elle avoir d’extraordinaire ou de source de péril pour le régime de Macky Sall, pour que tous les «haut-parleurs» du parti présidentiel ou du gouvernement décrètent l’état d’urgence et la mobilisation générale ? Ce sont les réactions de responsables de l’Apr qui ont donné le buzz médiatique à la tournée de Idrissa Seck dans le Fouta ou à celle en cours dans le Balantacounda. Tout le monde, jusqu’au Premier ministre, se sent obligé de répondre à la moindre critique sans pour autant que les réponses soient préparées ou que les vecteurs soient définis ou même la forme indiquée. On semble assister à une course où chacun voudrait, bille en tête, donner des gages. Résultat des courses ? Ils obtiennent l’effet inverse. 
 
 


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