Ces femmes mariées qui ont des amants et ne le cachent presque pas


Rédigé le Mercredi 24 Mars 2021 à 12:50 | Lu 285 fois | 0 commentaire(s)



C’est devenu une mode. Elles le disent avec entrain « Amnaa jeukeur am faar » (j’ai un époux et un amant). Si certaines femmes justifient leur infidélité par des raisons économiques, d’autres évoquent un mal d’amour. Des personnes interrogées donnent les raisons de l’augmentation de cette pratique dans une société où la sexualité est un sujet très largement tabou…


Mutation d’une société sous l’emprise de la modernité ou désir de liberté ? Voire effets terrifiants d’une crise économique à ce point grave qu’elle a détruit toutes les valeurs dont notamment celle de la fidélité entre époux. En tout cas, ce qui était considéré comme une hérésie il y a quelques années, se joue aujourd’hui sous nos yeux sans que cela semble déranger outre mesure. En effet, de plus en plus des femmes mariées deviennent infidèles voire volages, butinant d’hommes à hommes. Exactement comme une abeille le ferait d’une fleur à l’autre !
Ces épouses aux pagnes légers trompent allègrement leurs conjoints pour diverses raisons. Certaines ne s’en cachent même pas souvent. C’est le phénomène du « am jëkër am far » (être mariée et avoir un amant !). Certaines revendiquent joyeusement s’adonner à cette pratique bannie par toutes les religions révélées. Et à chacune sa justification pour s’autoriser ces écarts. Effets de la crise ? Besoin de liberté ? Incompatibilité d’humeur avec le conjoint ?
Les questions ont toutes une réponse. C. D est une belle dame. Elle s’était mariée pour avoir une vie meilleure. Laquelle, au contraire, fut un enfer. Dix ans de mariage. Trois enfants et, tout d’un coup, un mari qui a complétement changé. L’homme, si attentionné au début, a commencé à se détourner d’elle passant son temps à courir les jeunes filles et reprenant ses virées en boites de nuit. C’est dans cette situation qu’elle s’est laissée aller à le tromper avec un de ses collègues.
Aujourd’hui, elle regrette cette mauvaise passe et s’est repliée sur ses enfants à qui elle transmet tout l’amour d’une mère, s’accommodant de la vie de son époux qui lui revient souvent après ses escapades. D’autres se sont retrouvées dans une prison dorée. Il ne leur manque rien dans les liens du mariage, sauf, justement, le bonheur sentimental. Ce qui a poussé certaines, s’ennuyant ferme, à se laisser tenter par l’envie de goûter à d’autres sauces auprès de personnes plus jeunes que leur époux. Et sont devenues accros.
Difficile pour elles d’arrêter. Voulant toujours plus de sexe « hard », elles multiplient les conquêtes. « Les femmes ne sont peut-être pas plus intelligentes que les hommes, mais elles sont plus rusées et plus manipulatrices. Et quand elles veulent faire une chose, rien, ni personne ne peut les arrêter », soutient Abdoulaye. T qui a eu dans le passé une relation avec une femme mariée en manque d’affection. Mais pour Mamadou Danfakha, polygame et père de 8 enfants, ce phénomène d’infidélité s’explique par la mutation de la société sénégalaise, même s’il juge inadmissible qu’une femme trompe son mari.
Quant à Mansour Cissé, il explique cette propension des femmes à se trouver un amant par la recherche de l’avoir et pour d’autres raisons encore dont la plus déterminante est sans doute l’insatisfaction sexuelle. Un désir sexuel qu’elles veulent compenser si elles ne l’ont pas dans le lit conjugal ou provoqué par l’absence du mari qui est à l’étranger. « Les cas d’adultères sont plus fréquents dans les grandes agglomérations comme Dakar où les difficultés de la vie n’épargnent pas souvent les couches les plus démunies. De ce fait, l’appât du gain pousse souvent les citadines à se trouver au cœur de l’infidélité », explique notre interlocuteur.
Ce qui pousse beaucoup de femmes mariées dans des bras autres que ceux de leur conjoint. Et leur permet de maintenir un certain standing. « Elles sont certes nombreuses à se trouver un amant. Mais elles le font de façon discrète et loin de leur domicile » , tente de justifier R. M. A en croire notre interlocutrice, l’amant est généralement plus assis financièrement que l’époux. Et ce même si elle reconnait que cela découle souvent d’une incompatibilité d’humeur ou d’un manque de chaleur dans le couple.
Et pour satisfaire leurs désirs sexuels, ces femmes choisissent des amants bien souvent jeunes et pleins de vigueur. « Aujourd’hui, beaucoup de femmes qui n’osent pas dévoiler l’impuissance sexuelle de leur mari à cause de l’hypocrite ‘’souteureu’’ sont obligées de vivre avec ce dilemme en se trouvant secrètement un amant », confie une autre dame.
Les époux ont leur part de responsabilité…
Aminata Sall, mariée et mère de cinq enfants, pense que les hommes ont une grande part de responsabilité dans cette situation. « Dans notre religion, c’est du devoir de l’homme de nourrir, loger, habiller et protéger sa femme. Ce qui n’est plus le cas avec les difficultés de la vie. De ce fait, ces femmes désespérées, qui veulent exister aux yeux d’autres, se trouvent d’autres revenus. Une de mes amies travaillait durement pour subvenir aux besoins de ses enfants et ceux personnels. Puis, son travail n’a plus marché et son époux a commencé à s’éloigner d’elle. Ne pouvant pas demander le divorce à cause des enfants nés de cette union, elle était obligée d’avoir des amants. Ce n’est pas de sa faute, mais celui de son époux qui l’a jetée dans les bras d’autres hommes. ‘’Ben jiguéen bonoul’’, mais elles sont obligées d’être infidèles face à certaines difficultés », tente de justifier la nommée Aminata Sall. Reste à savoir si les hommes accepteront ces arguments !
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Ces femmes mariées qui ont des amants et ne le cachent presque pas
Moustapha Wone, Sociologu«Les facteurs qui poussent les femmes mariées à l’infidélité sont multiples et variés»
« La pauvreté, le besoin d’indépendance ou l’insatisfaction chez la femme peuvent être les facteurs de ce phénomène. Beaucoup de femmes, pour subvenir aux besoins de leurs familles, peuvent essayer de se ‘’vendre’’. Pour d’autres, il y a ce qu’on appelle le développement de l’individualisme. Parce qu’elles pensent qu’elles doivent avoir beaucoup plus de liberté. C’est ce qu’on appelle en sociologie la compression. C’est la raison pour laquelle elles se donnent une liberté sexuelle. Il y a d’autres par contre qui sont insatisfaites dans leur mariage. C’est la raison pour laquelle elles franchissent le Rubicon et partent voir d’autres hommes beaucoup plus performants que leur mari en matière sexuelle. Tous ces facteurs peuvent être à l’origine de ce phénomène. Mais je ne peux pas vous dire que c’est à la femme d’être fidèle tandis que l’homme aurait le droit d’être infidèle. Je pense que les individus qui pratiquent l’infidélité ont des raisons que, peut-être, la société ne peut pas toujours tolérer. Mais de plus en plus, avec le développement de la primitivité et de l’individualisme peuvent apparaître ces différences. En tant que sociologue, je ne peux pas juger ces pratiques par un juridisme traditionnel. Mais plutôt de manière objective par rapport au contexte dans lequel nous évoluons actuellement. »
L’infidélité condamnable ?
« Aujourd’hui, la femme qui, pour subvenir aux besoins des ses enfants qui n’arrivent pas à manger à leur faim verse dans l’infidélité, cette femme est-elle condamnable ? Surtout si, encore une fois, c’est le seul moyen pour elle de s’en sortir. La femme qui n’est pas satisfaite dans son mariage au point de vue sexuel, et qui va voir ailleurs avec quelqu’un d’autre, est-ce qu’elle est condamnable ? Ce qui fait qu’en ma qualité de sociologue, je relativise. Un sociologue ne peut pas parler d’infidélité. Mais de poli-fidélité. Ce qui veut dire que les individus se sentent beaucoup plus libérés et ne veulent plus rester dans un seul partenariat pour x raisons. Ça peut être des raisons pécuniaires, sentimentales, sexuelles ou charnelles. Le concept d’infidélité, je le prends avec beaucoup de précautions et je le mets à côté pour prendre un autre concept qu’on appelle poli-fidélité où on résume les choses sans entrer dans les détails religieux ou moraux. Parce que le sociologue fait la sociologie de la morale. Mais ce n’est pas dans son rôle de donner des leçons de morale à quiconque. Il observe les faits et en tire des observations ». 
Le Témoin



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