Cases des tout-petits ou de l’esclavage non salarié, Directrice, vous aussi ? (Par Guy Marius Sagna)


Rédigé le Vendredi 8 Juin 2018 à 15:12 | Lu 114 fois | 0 commentaire(s)



Lors d’une émission sur une radio privée de la place, aujourd’hui 07 juin 2018, la directrice de l’agence nationale de la case des tout-petits a révélé un certain nombre de choses les unes plus intéressantes que les autres. Nous allons commenter quelques unes des questions qu’elle a abordées.


Cases des tout-petits ou de l’esclavage non salarié, Directrice, vous aussi ? (Par Guy Marius Sagna)
Madame la directrice dit qu’en 2012, elle s’est attelée au règlement des problèmes des animateurs polyvalents des cases des tout-petits. Elle a raison. Sauf qu’elle omet volontairement qu’elle s’y est attelée grâce à la formidable lutte des animateurs polyvalents de 2011 à maintenant. Lutte qui amené plusieurs de ces enseignants en garde vue (plus d’une dizaine fois à Tambacounda, 03 fois à Dakar), à passer la nuit (04 fois) devant des institutions de l’Etat (gouvernance, place de l’Obélisque, agence nationale de la petite enfance et des cases des tout-petits), à être déférés pendant 04 jours à la maison d’arrêt et de correction de Tambacounda, à être présentés au juge de Tambacounda qui a jugé « illégal mais légitime ». C’est cette lutte qui a donné comme résultat l’envoi de 419 animateurs polyvalents en formation. Et même quand ils sont sortis de formation ces animateurs polyvalents ont été obligés de revenir se battre à Dakar pour recevoir leur salaire. Que Madame la directrice nous explique pourquoi les 219 animateurs formés en 2016 ont dû rester de janvier à octobre sans être payés ? Ils ont dû venir se battre à Dakar pour être enfin payés en Octobre 2017. 
  
Les 219 formés en 2017 ont dû venir se battre à Dakar pour enfin être payés au mois d’avril et mai. Madame la directrice cache sciemment ce moteur de l’histoire des animateurs polyvalents sans lequel point de formation de ces 419 enseignants. Ce « détail » est important. Car il révèle que jamais le gouvernement de Son Excellence Macky Sall n’a donné gentiment des choses aux animateurs polyvalents. 
  
Madame la directrice dit qu’il a fallu 30 millions de franc CFA pour assurer la formation de ces 419 enseignants des cases des tout-petits. Autrement dit, le coût de la formation de chaque animateur est de 71.599,04534606205 francs CFA. Madame la directrice, nous permettra sans doute de ne pas tenir compte des chiffres après la virgule. Alors disons : 71.599 francs Cfa. C’est à cause de 71.599 francs Cfa que le gouvernement de Macky Sall pousse ces dignes filles et fils de notre peuple à la grève de la faim ? Comment un président qui a au moins 8 milliards de fonds politique par an, un président de l’assemblée national qui a au moins 500 millions de fonds politique par an un président du HCCT qui a au moins 500 millions de fonds politiques par an peuvent-ils priver ces enseignants de formation ? Que représentent 30 millions de francs Cfa et 71.599 francs Cfa comparés au train de vie indécent et insultant de l’Etat ? Ils avaient raison de dire que « Réew dan koy pencoo ken du ko paacoo ». Est-ce cela l’« année sociale » chantée partout ? 
  
Ces enseignants du préscolaire public s’occupent des filles et fils de paysans, d’ouvriers et autres masses populaires. La majorité du peuple sénégalais. Les fils et filles de gouverneurs, de préfets, de ministres, et de la directrice de l’agence de la petite enfance ne vont pas dans ces cases des tout petits. Est-ce la raison pour laquelle le gouvernement pense que ces filles et filles qui vont dans ces cases des tout petits ne méritent que des enseignants sans salaire et sans formation ? L’école sénégalaise est encore anti démocratique antipopulaire et cela se vérifie le plus dans le préscolaire. 
  
Enfin, madame la directrice de l’agence de la petite enfance dit aux animateurs polyvalents qu’ils ne doivent pas être avec des « politiciens » et des « activistes » et que ce dossiers de ces enseignants est politisé. Madame la directrice oublie-t-elle que le président de la république est membre d’un parti politique, que les membres du gouvernement aussi et qu’elle dirige la Cojer ? Si on suit madame la directrice dans son raisonnement, parce qu’elle dirige la Cojer, tout ce qu’elle fait ou dit n’est pas crédible. Pour notre part, nous ne jugeons pas ses propos et ses actes sous le prisme de son manteau de membre de l’APR. Nous pensons comme Camus qui a dit : « L’engagement n’exclut pas le goût de la vérité ». Et c’est là où nous devons passer à l’essentiel. 
  
1-ces gens sont-ils des animateurs polyvalents des cases des tout petits ? La réponse est oui. 
  
2-sont-ils des bénévoles depuis plus des années (entre 02 et 07 ans) ? La réponse est oui. 
  
3-Sont-ils formés ? la réponse est non. 
  
5-Font-ils des fiches, des rapports de rentrée et de fin d’année, sont-ils obligés de faire des fiches journalières ? La réponse est oui 
  
6-l’Etat du Sénégal leur avait-il dit qu’il ferait deux ans de bénévolat aux termes desquels il les enverrait en formation ? La réponse est oui. 
  
7-admettons que l’Etat sous Son Excellence Macky Sall nie cette vérité. Est-il normal que les travailleurs des cases des tout petits n’aient pas de formation ? La réponse est non. 
  
8-le taux brut de préscolarisation est-il inférieur à 20% ? La réponse est oui. 
  
9-A-t-on besoin de ces animateurs polyvalents des cases des tout petits ? La réponse est oui. 
  
Voilà où git le débat et non dans la recherche d’imaginaires boucs émissaires. 
  
Madame la directrice, au lieu d’envoyer les renseignements généraux, comme aujourd’hui, aux animateurs polyvalents, envoyait ces animateurs polyvalents en formation. 
  
Dakar, le 07 juin 2018
 
 


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