Dans la filiation directe de ma première audition, en avril 2013, devant la Commission d’Instruction de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI), j’ai l’honneur de vous transmettre un mémoire relatif à CD Media Group dans lequel, mon souci constant et permanent reste de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
En fait, si j’ai passé six longs mois dans les liens de la détention provisoire, c’est parce qu’en vérité, celui que j’avais toujours considéré comme un ami et un frère, Monsieur Karim Wade, en l’occurrence, n’a pas eu pendant cette épreuve particulièrement difficile, l’attitude chevaleresque, le sens des responsabilités et le moindre égard à mon endroit. A preuve : jamais il n’a souhaité rétablir la vérité sur ce dossier me concernant. Alors que durant notre séjour carcéral, il suffisait simplement qu’il transmette une requête au Procureur Spécial et aux Juges d’Instruction de la CREI, en reconnaissant une évidence : « CD Media Group fait partie du patrimoine personnel de Monsieur Karim Wade ». Mais jusqu’à ce que je bénéficie d’une liberté provisoire, grâce à mes avocats Mes Borso Pouye, Ousmane Sèye et Moustapha Diop, pris intégralement en charge par une amie personnelle au sens fort du terme, Monsieur Wade n’a posé aucun acte allant dans le sens de la manifestation de la vérité. Puisqu’il se refuse à le faire, je le ferai moi-même.
Ce n’est pas compliquer de prouver que Monsieur Karim Wade est le propriétaire exclusif de CD Media Group. En plus d’une certitude mathématique, c’est même une évidence. Et à travers ce mémoire, je citerai des témoins oculaires et rapporterai des documents authentiquement datés et illustrés. Avant de commencer, il faut comprendre que la stratégie d’approche de Monsieur Karim Wade consistant à nier systématiquement des faits constants ; à refuser catégoriquement l’évidence ; et à se défausser lourdement sur les autres, se manifeste en mars 2013, dès la première mise en demeure du Procureur Spécial près la CREI, à lui adressée. Et c’est à partir de cette date que je réalise son revirement, sous la forme d’un courrier déposé par Monsieur Victor Tendeng, à mon domicile, le 19 mars 2013 à 12h20, près d’un mois avant notre placement sous mandat de dépôt.
Il s’agit d’une lettre de Monsieur Karim Wade signée par ses avocats Mes Ciré Clédor Ly, Demba Ciré Bathily et Mohamed Seydou Diagne. Dans cette surprenante lettre, Monsieur Wade me met… en demeure, à mon tour, après avoir reçu une mise en demeure et entend me faire soutenir que CD Media Group ne fait pas partie de son patrimoine. Dans le cas contraire, et je cite, je cours « un risque évident d’expropriation d’un bien, de surcroît n’appartenant pas à Karim Wade mais à des actionnaires ». Je n’ai pas répondu à cette dérobade parce que « les grandes douleurs sont muettes », j’ai gardé le silence et la lettre également. [Voir Pièce Jointe à votre disposition].
CD Media Group, éditeur du Pays au Quotidien et du portail d’informations www.lesenegalais.net, est statutairement I), matériellement II) et financièrement III) une propriété exclusive de Monsieur Karim Wade. Qui plusè, il avait prévu un plan de développement de cette entreprise de presse IV).
I. Statutairement CD Media Group est un patrimoine de Monsieur Karim Wade
Il suffit de remonter à l’historique et à la constitution de cette société d’une part et d’entrer dans la géographie du capital pour le savoir d’autre part. Deux questions évidentes viennent à l’esprit du premier venu. Qui a composé la clé de répartition ? Et quelle est cette clé de répartition ? C’est seulement celui qui détient un bien qui peut le partager. Fort de cela, Monsieur Karim Wade, propriétaire exclusif, a désigné lui-même ses deux actionnaires que sont Patrick Williams et Cheikh Diallo. En me donnant à 30 % et en faisant de Patrick William l’actionnaire de référence, l’actionnaire principal, avec 70 % des parts. [Voir d’abord la note que j’ai envoyée simultanément à la notaire Me Patricia Lake Diop et à Monsieur Karim Wade, en date du 11 mai 2011 à 18h11. Voir ensuite la note envoyée par la notaire Me Patricia Lake Diop, en date du 26 octobre 2011 à 14h59. Voir enfin la note envoyée par la notaire Me Patricia Lake Diop dans laquelle elle m’instruit, je cite, « de faire valider tous les dossiers au préalable par Mr K.W », sous-entendu Karim Wade, en date du 4 novembre 2011 à 9h49. Toutes ces notes sont versées dans le dossier].
En plus c’est en pleine audition à la Gendarmerie que j’ai été informé que Monsieur Victor Tendeng, agissant au nom et pour le compte de Monsieur Karim Wade, s’est acquitté du paiement de la somme de trois (3) millions de FCFA au titre des 30 % que Monsieur Wade m’avait attribués, [photocopie du chèque reçu par Me Patricia Lake Diop à l’appui].
En sus de cela, je précise, d’emblée, que jamais je n’ai évoqué le dossier CD Media avec Monsieur Williams, je n’ai pas non plus tenu de réunion encore moins un Conseil d’administration avec lui. D’ailleurs comment aurais-je pu, dès lors que je n’ai rencontré Monsieur Williams que deux fois et dans des circonstances particulières : la première fois, le 1er novembre 2007 à 17h au siège de l’ANOCI – jour de naissance d’un de mes garçons – donc quatre (4) ans avant la constitution de CD Media Group et la dernière fois, lors de mon audition à la Gendarmerie dans le bureau du Commandant Cheikh Sarr.
Ceci étant précisé, c’est plus tard, que j’apprendrai que Monsieur Williams, après avoir signé les actes notariés, s’en est retourné chez la même notaire pour signer une cession de l’intégralité de ses parts, sur instruction du vrai propriétaire qui est Monsieur Karim Wade. Jamais Me Patricia Lake Diop ne m’a informé de ce changement notable de la géographie du capital, encore moins Monsieur Wade.
Cette entourloupe a été le second acte fondateur de revirement de Monsieur Wade à mon endroit, après son refus catégorique de reconnaître, lors de ses auditions, que CD Media Group est sa propriété exclusive. En plus des preuves statutaires, il y a une autre série de preuves matérielles.
II. Matériellement CD Media Group est une propriété de Monsieur Karim Wade
A l’effet de mettre en place les équipes du journal Le Pays au Quotidien et le portail d’informationswwww.lesenegalais.net de les éditer en juillet 2011, j’ai proposé, au « propriétaire de l’affaire » Monsieur Karim Wade, à l’époque Ministre d’Etat, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, la nomination du journaliste Serigne Saliou Sambe en qualité de Directeur du publication dudit journal. Monsieur Sambe était alors Directeur de la Rédaction de L’Observateur. Monsieur Karim Wade a accepté ma proposition, tout en me désignant également comme Directeur général. Sur ce point, je lui ai précisé que je dispense des cours, en plus de la préparation de ma thèse de doctorat en Science Politique et de mes consultances. En conséquence, je ne pourrai pas être dans la quotidienneté des médias.
L’installation des équipements des deux supports de presse pouvait commencer. Et, c’est ainsi qu’entre mai et juin 2011 – peu avant la sortie du premier numéro du journal Le Pays au Quotidien -, Monsieur Sambe a réceptionné des mains de Victor Tendeng, le matériel informatique, le matériel de bureaux, le groupe électrogène, et plus tard les voitures de reportage devant la villa louée qui faisait office de siège dudit journal. [Voir la note adressée à Monsieur Karim Wade, en date du 9 juin 2011 à 18h51. Copie à votre disposition]. Dois-je préciser que je n’ai pas assisté à la réception de matériel. C’est bien après qu’il m’est revenu que les équipements provenaient de Oumou Informatique Services.
Il faut reconnaître que Le Pays au Quotidien, n’a jamais été un centre de profits mais un centre de coûts. Alors pour pallier le manque de recettes indispensables à la marche de l’entreprise, c’est Monsieur Karim Wade qui se chargeait d’assurer financièrement la survie de son journal.
III. Financièrement CD Media Group est une propriété de Monsieur Karim Wade
Les frais d’impression du journal, la masse salariale et les autres rubriques de dépenses étaient couverts par Monsieur Karim Wade, compte non tenu des frais de reportage, de téléphone, d’électricité et d’intendance qui provenaient de la petite caisse.
Le journal a commencé à tirer à 10.000 exemplaires avant de passer à 7.500 puis à 5.000 FCFA et était vendu à 100 FCFA l’unité ». Dans un premier temps, il était imprimé chez Baba Tandian et dans un second temps à Graphik Solutions. Et là encore, Monsieur Tendeng a eu à effectuer le règlement des factures auprès dudit imprimeur, plus exactement pendant les derniers mois avant la fermeture du journal. Les tensions de trésorerie étaient telles que notre imprimeur commençait à refuser nos dernières impressions du fait de nos arriérés.
[Voir la note de l’imprimeur en date du 20 mars 2013 à 13h08, note que j’ai transférée à Karim Wade le même jour. Copie à votre disposition]. A la date du 20 avril 2013, jour de cessation des activités du journal, nous restons devoir environ 8. 000 000 FCFA à l’imprimeur et environ 15 mois d’arriérés de loyer à notre bailleur Monsieur Diop.
Quant à la masse salariale, elle oscillait entre 6 et 7 millions FCFA et était en place entre le 30 et le 5 de chaque mois. Monsieur Karim Wade payait les salaires lui-même, ce qui fera environ 20 mensualités, allant de la période juillet 2011 à mars 2013. Toutefois lorsqu’il était hors du territoire national, comme ce fut le cas, entre octobre, novembre et décembre 2012, je recevais le budget des mains de Monsieur Victor Tendeng et souvent avant cette période, des mains de son assistante. Cela étant, il arrivait que les salaires ne soient pas intégralement payés à temps. Dans ce cas, je prenais en charge quelques cas urgents en attendant qu’il me rembourse. [Voir la note que Karim Wade m’a adressée en mettant son assistante en copie, à la date du 8 mars 2012 à 5h09. Copie à votre disposition]. Enfin sur ce point, il arrivait que Monsieur Wade me remît directement le budget de la masse salariale. La dernière remise en date remonte au 28 mars 2013 à 10h 20 à son domicile du Point E ; il m’a remis cinq (5) millions pour payer les salaires. J’avais décidé de ne plus toucher le million qu’il me donnait comme traitement salarial parce qu’il me demandait avec insistance de faire une compression du personnel, j’ai donc préféré abandonner mes trois derniers salaires mensuels, plutôt que de virer une partie du personnel. [Voir la note que j’ai adressée à Monsieur Karim Wade le 28 mars 2013 à 11h38.Copie à votre disposition]. Enfin pour conclure sur ce chapitre financier… Salarié et Directeur général de l’entreprise, avec un million de francs CFA par mois, au même titre que Monsieur Mamadou Mamadou Diop, nommé Président du Conseil d’Administration par Monsieur Karim Wade, le PCA m’informe, dès le début que Monsieur Wade exige une double signature (du DG et du PCA) sur les chèques de CD Media Group. Ce que j’accepte volontiers.
Après les charges financières, abordons à présent, le plan de développement de CD Media Group.
IV Le plan de développement de CD Media Group
Ce plan de développement comprenait une radio.
En effet, Monsieur Karim Wade a voulu passer à la vitesse supérieure, après la parution régulière du journal Le Pays au Quotidien, en lançant une radio. Il semblait avoir pris les dispositions bien avant de m’en informer. C’est ainsi que le mercredi 11 janvier 2012 à 8h46, à partir de son propre numéro d’appel 77 644 .. .., Monsieur Wade m’envoie un message électronique en ces termes : « merci de contacter de ma part pour dossier radio Monsieur Amar 77 637.. .. ». [Voir message constaté par exploit d’huissier. Copie à votre disposition]. Plus tard, j’ai rencontré Monsieur Amar qui m’a informé de l’arrivée du matériel de radio qu’il a réceptionné et gardé dans un entrepôt dont j’ignore le lieu. Et là encore, je dois dire que je n’ai pas vu le matériel radiophonique et je ne sais là où il était stocké. En conséquence, je n’en connais ni les spécifications, ni les montants, encore moins l’origine.
Arrivé au terme de ce mémoire, je pose une question d’un simplicité bouleversante : Quand on n’est pas propriétaire d’une société, comment peut-on avoir des pouvoirs exorbitants tels que la constitution de sociétés, la désignation des actionnaires, la clé de répartition de l’actionnariat, la géographie du capital, la répartition des tâches, la couverture des frais d’équipements et d’installation, la couverture des frais d’impression et enfin la couverture de la masse salariale ?
« On peut tout soutenir sauf l’inconséquence ».
En conclusion, CD Media Group qui édite Le Pays au Quotidien et le portail d’informationswww.lesenegalais.net est bel et bien un patrimoine personnel de Monsieur Karim Wade.
Cheikh Diallo
Fait à Dakar le 9 avril 2014.