Rewmi: Pourquoi les relations entre les bonnes et les patronnes ne sont-elles plus des meilleures ?
Un des facteurs qui expliquent les tensions ou conflits entre les travailleuses domestiques et employeuses, est à chercher dans les termes du contrat qui ne sont pas toujours clairs. Les contrats sont en général tacites et cela laisse place à beaucoup d’interprétations de part et d’autre. Les attentes ne sont pas clairement exprimées et les rôles pas suffisamment clarifiés. Je pense que c’est à l’employeuse de préciser les différentes tâches attendues de la travailleuse domestique : est-ce une femme de ménage simplement, une baby-sitter, une garde d’enfants, une aide-ménagère, une nounou, une éducatrice, etc.
Ces précisions sont importantes, car elles vont déterminer le nombre d’heures de travail par jour et le nombre de jours de travail par semaine ; ce qui est rarement débattu. Il y a une dimension culturelle à prendre en compte aussi : il n’est pas toujours facile pour une femme d’accepter l’autorité de sa patronne et d’obéir à ses ordres sans les discuter, comme elle le ferait avec un homme, par exemple. On connaît les relations entre femmes qui peuvent facilement verser dans la compétition ou la concurrence.
Ainsi, un petit rappel à l’ordre émanant de l’employeuse, peut facilement toucher l’orgueil de la travailleuse domestique, provoquant ainsi des réactions inappropriées et exagérées ; et vice-versa. S’y ajoute la précarité du travail qui est – de toute façon – un facteur de stress, qui place la travailleuse domestique en mode défensif, prête à contre-attaquer – excessivement parfois – pour la plus petite blague. Les antécédents scolaires (échec scolaire) ou familiaux (rupture familiale ou conjugale) peuvent constituer des facteurs aggravants, concernant le caractère impulsif ou agressif de certaines travailleuses. Mais il ne faut pas généraliser, il y a des relations travailleuse domestique/employeuse qui fonctionnent à merveille.
A qui la faute ?
Il faut éviter de tomber dans la stigmatisation, en accusant systématiquement une partie. Je pense que chacune des parties a sa part de responsabilité. Par exemple, il peut arriver que la patronne ne considère pas la travailleuse domestique comme un membre à part entière de la famille, ou comme un « être humain » tout court, avec des besoins à combler, en tant qu’être humain. Et ce manque de reconnaissance peut être mal vécu. Mais le risque, quelquefois, avec une travailleuse domestique trop bien intégrée, est qu’elle peut oublier qu’elle a une charge de travail quotidienne à accomplir. Qu’elle est dans la maison pour travailler d’abord, qu’elle à un contrat à honorer (même si c’est un contrat tacite).
Pourquoi les bonnes maltraitent-elles les enfants ?
Vous savez, notre rapport à l’enfant est déterminé, en grande partie, par notre culture et l’éducation qu’on a reçue. Chaque travailleuse domestique provient d’un groupe social qui lui dicte – d’une certaine façon –, ce que doit être une relation normale avec un enfant. Les travailleuses domestiques n’ont pas été préparées à s’occuper convenablement des enfants, comme le ferait une professionnelle. Elles ne mesurent pas toujours l’ampleur des actes qu’elles posent, aussi anodins soient-ils, la bonne conduite à tenir et comment satisfaire adéquatement les besoins des enfants. Les métiers de la petite enfance, cela s’apprend. Cela ne s’improvise pas.
Alors, si vous avez une travailleuse domestique qui se comporte de manière inappropriée avec vos enfants, il faut chercher à en comprendre les raisons d’abord : est-ce par ignorance, par négligence ou par « vengeance ». Cette dernière hypothèse n’est pas à écarter. Les employeuses doivent prendre le temps nécessaire pour discuter avec leurs travailleuses domestiques, pour mieux les connaître d’abord, ensuite avoir une idée de la compréhension qu’elles ont des enfants qu’elles sont censés prendre en charge, les valeurs importantes pour elles et les sensibiliser sur certains aspects liés à la maltraitance des enfants.
Accompagner un enfant, c’est un métier. Cela s’apprend.
Certaines patronnes préfèrent amener leurs enfants à la crèche. Est-ce normal ?
Oui, vous avez raison. Il y a certains parents qui estiment que la solution, c’est l’internat à la crèche. Mais la réalité est que la plupart des crèches peuvent s’occuper de l’hygiène de l’enfant, de son alimentation, dans une certaine mesure ; par contre, ce qui est moins évident pour ces crèches, c’est d’assurer le développement psychoaffectif de l’enfant. En fait, pour la plupart de ces structures, ce sont plus des garderies d’enfants, que des écoles pour enfants à proprement parler.
A mon avis, c’est la politique de l’enfance qu’il faut revoir dans sa globalité, aussi bien les structures formelles d’éducation que les espaces non formels, les familles et communautés. On parle de travailleuses domestiques certes, mais les enjeux sociétaux, psychologiques et économiques sont énormes, à tout point de vue, pour être négligés à ce point.
Un des facteurs qui expliquent les tensions ou conflits entre les travailleuses domestiques et employeuses, est à chercher dans les termes du contrat qui ne sont pas toujours clairs. Les contrats sont en général tacites et cela laisse place à beaucoup d’interprétations de part et d’autre. Les attentes ne sont pas clairement exprimées et les rôles pas suffisamment clarifiés. Je pense que c’est à l’employeuse de préciser les différentes tâches attendues de la travailleuse domestique : est-ce une femme de ménage simplement, une baby-sitter, une garde d’enfants, une aide-ménagère, une nounou, une éducatrice, etc.
Ces précisions sont importantes, car elles vont déterminer le nombre d’heures de travail par jour et le nombre de jours de travail par semaine ; ce qui est rarement débattu. Il y a une dimension culturelle à prendre en compte aussi : il n’est pas toujours facile pour une femme d’accepter l’autorité de sa patronne et d’obéir à ses ordres sans les discuter, comme elle le ferait avec un homme, par exemple. On connaît les relations entre femmes qui peuvent facilement verser dans la compétition ou la concurrence.
Ainsi, un petit rappel à l’ordre émanant de l’employeuse, peut facilement toucher l’orgueil de la travailleuse domestique, provoquant ainsi des réactions inappropriées et exagérées ; et vice-versa. S’y ajoute la précarité du travail qui est – de toute façon – un facteur de stress, qui place la travailleuse domestique en mode défensif, prête à contre-attaquer – excessivement parfois – pour la plus petite blague. Les antécédents scolaires (échec scolaire) ou familiaux (rupture familiale ou conjugale) peuvent constituer des facteurs aggravants, concernant le caractère impulsif ou agressif de certaines travailleuses. Mais il ne faut pas généraliser, il y a des relations travailleuse domestique/employeuse qui fonctionnent à merveille.
A qui la faute ?
Il faut éviter de tomber dans la stigmatisation, en accusant systématiquement une partie. Je pense que chacune des parties a sa part de responsabilité. Par exemple, il peut arriver que la patronne ne considère pas la travailleuse domestique comme un membre à part entière de la famille, ou comme un « être humain » tout court, avec des besoins à combler, en tant qu’être humain. Et ce manque de reconnaissance peut être mal vécu. Mais le risque, quelquefois, avec une travailleuse domestique trop bien intégrée, est qu’elle peut oublier qu’elle a une charge de travail quotidienne à accomplir. Qu’elle est dans la maison pour travailler d’abord, qu’elle à un contrat à honorer (même si c’est un contrat tacite).
Pourquoi les bonnes maltraitent-elles les enfants ?
Vous savez, notre rapport à l’enfant est déterminé, en grande partie, par notre culture et l’éducation qu’on a reçue. Chaque travailleuse domestique provient d’un groupe social qui lui dicte – d’une certaine façon –, ce que doit être une relation normale avec un enfant. Les travailleuses domestiques n’ont pas été préparées à s’occuper convenablement des enfants, comme le ferait une professionnelle. Elles ne mesurent pas toujours l’ampleur des actes qu’elles posent, aussi anodins soient-ils, la bonne conduite à tenir et comment satisfaire adéquatement les besoins des enfants. Les métiers de la petite enfance, cela s’apprend. Cela ne s’improvise pas.
Alors, si vous avez une travailleuse domestique qui se comporte de manière inappropriée avec vos enfants, il faut chercher à en comprendre les raisons d’abord : est-ce par ignorance, par négligence ou par « vengeance ». Cette dernière hypothèse n’est pas à écarter. Les employeuses doivent prendre le temps nécessaire pour discuter avec leurs travailleuses domestiques, pour mieux les connaître d’abord, ensuite avoir une idée de la compréhension qu’elles ont des enfants qu’elles sont censés prendre en charge, les valeurs importantes pour elles et les sensibiliser sur certains aspects liés à la maltraitance des enfants.
Accompagner un enfant, c’est un métier. Cela s’apprend.
Certaines patronnes préfèrent amener leurs enfants à la crèche. Est-ce normal ?
Oui, vous avez raison. Il y a certains parents qui estiment que la solution, c’est l’internat à la crèche. Mais la réalité est que la plupart des crèches peuvent s’occuper de l’hygiène de l’enfant, de son alimentation, dans une certaine mesure ; par contre, ce qui est moins évident pour ces crèches, c’est d’assurer le développement psychoaffectif de l’enfant. En fait, pour la plupart de ces structures, ce sont plus des garderies d’enfants, que des écoles pour enfants à proprement parler.
A mon avis, c’est la politique de l’enfance qu’il faut revoir dans sa globalité, aussi bien les structures formelles d’éducation que les espaces non formels, les familles et communautés. On parle de travailleuses domestiques certes, mais les enjeux sociétaux, psychologiques et économiques sont énormes, à tout point de vue, pour être négligés à ce point.