Bavures policières et morts suspectes de citoyens en détention : Une impunité qui persiste


Rédigé le Dimanche 3 Octobre 2021 à 16:04 | Lu 392 fois | 2 commentaire(s)



Cheikh Niasse a été déclaré mort 6 jours après arrestation, suite à une altercation avec un policier, suivi de son déferrement à la prison du Cap Manuel. Alors que l’autopsie du médecin légiste a conclu une mort «naturelle», sa famille soupçonne un décès survenu suite à des sévices qui lui auraient valu d’être interné à l’hôpital Aristide Le Dantec. Cheikh Niasse n’est qu’une victime de plus qui vient s’ajouter à la longue liste de citoyens morts dans des lieux de privation des libertés. Sud Quotidien


Bavures policières et morts suspectes de citoyens en détention : Une impunité qui persiste
Cheikh Niasse est mort en détention préventive à la prison de Cap Manuel. Revenu au Sénégal, en provenance de la France, pour le Grand Magal de Touba, la victime n’aura pas eu le temps de séjourner en prison, puisque le juge qui venait de lui décerner un mandat de dépôt a ordonné son transfèrement immédiatement aux urgences de l’hôpital Aristide Le Dantec où il a rendu l’âme. Cheikh Niasse n’est qu’une victime de plus qui vient s’ajouter à la longue liste de citoyens morts dans des lieux de privation des libertés.

En détention préventive, jugés et condamnés ou ayant perdu la vie juste après l’interpellation des Forces de l’ordre, ils sont nombreux à mourir de manière brutale sans que les causes de leurs décès ne soient connues. La déclaration qui suit ces genres d’incidents est qu’«une enquête est ouverte». Toutefois, les résultats ne sont tout le temps connus du public.

Aussi, les familles des défunts ont tendance à décrier les résultats des autopsies qui ne confirmeraient pas, selon elles, les réelles causes des décès.

Prisons «voleuses d’âmes» de détenus

Depuis 2007, avec la mort de Dominique Lopy à Kolda, les cas se multiplient et se ressemblent. L’autopsie réalisée par le professeur agrégé Giséle Woto Gaye avait révélé que le corps présentait des «légions traumatiques multiples faites de contusions». Mais, pour le Procureur de la région de Kolda d’alors, aucune trace de sévices n’a été découverte sur le corps.

En 2017, Elimane Touré est retrouvé mort dans sa cellule de garde à vue au Commissariat spécial du port. La Police avait parlé d’une mort par pendaison, une thèse réfutée par ses parents.

A la prison de Diourbel, il y a eu aussi des morts. En mai 2020, le détenu El Hadji Thioune, condamné pour trafic de drogue, à une peine de 2 ans, a perdu la vie.

Avant lui, Fallou Ka, Moustapha Gueye, Papa Diagne et Mbaye y sont morts dans des conditions encore méconnues.

En 2019, deux détenus sont retrouvés morts à la prison de Reubeuss. Selon le communiqué de l’Administration pénitentiaire de l’époque, ils seraient décédés dans la nuit du 27 au 28 août 2019 à la suite d’étincelles produites par un ventilateur dans une chambre qui avaient provoqué un mouvement de panique parmi les prisonniers.

Des organisations sénégalaises de défense des droits de l’homme avaient demandé l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale, en vain.

En février 2020, Lamine Koïta, un jeune conducteur de moto Jakarta est mort à la suite d’une course poursuite avec la Police.

L’autopsie avait conclu une mort «naturelle», une version que ses parents n’ont pas voulu entendre. Pour ce cas, trois policiers ont été inculpés et placés sous contrôle judiciaire.

Manifestations «meurtrières »

Par ailleurs, les manifestations sont aussi des occasions pendant lesquelles des pertes en vies humaines sont enregistrées. Les bavures policières (policiers et gendarmes) sont souvent indexées dans ces cas.

Abdoulaye Wade Yingou (Yeumbeul) et Mamadou Diop (Place de la Nation, ex-Obélisque), en 2011, et les étudiants Bassirou Faye, Fallou Séne en sont des exemples.
Sadio Kamara, a perdu la vie lors des manifestations de mars 2021. Il n’est pas le seul. Plus d’une dizaine de jeunes ont perdu la vie notamment à Dakar et Bignona pour les mêmes causes et dans des circonstances similaires. La cause de leur décès n’est toujours pas élucidée.

Des organisations de défense de droits de l’homme, comme Amnesty International, ont eu, à plusieurs occasions, à sonner l’alerte. Dans son rapport 2020/2021, l’organisation a déploré un recours excessif à la force parlant du Sénégal.
Sud Quotidien



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