POINT DE PRESSE EXTRAORDINAIRE
BARA GAYE VOUS PARLE DEPUIS REBEUSS
Propos Liminaire
I°/ Situation politique nationale
Remercier de prime abord les sénégalais pour leur soutien à ma modeste personne. De la jeunesse sénégalaise et africaine d’une manière générale à l’UJTL en particulier, passant par les organismes de défense des droits de l’homme, certains leaders politiques, les intervenants aux ‘’Wax sa Xalat’’, les élèves et étudiants, les populations de la banlieue et surtout de Yeumbeul sud. En prison, rien ne m’échappe.
Me réjouir de la visite du Président OBAMA dans le pays de la Téranga qui est une victoire de la démocratie sénégalaise qui ne date point du 25 mars 2012.
Me féliciter de la nouvelle position de Macky Sall sur la question de l’homosexualité qui a finalement épousé la position du peuple souverain par ailleurs contraire à celle de la 1ère puissance mondiale. TOUT LE SENS DE MON COMBAT.
Féliciter le peuple sénégalais d’avoir montré à son Président la voie à suivre même en face du Président le plus puissant du monde. Je suis fier d’appartenir à ce peuple au passé et au futur sans doute glorieux.
Me réjouir du fait que l’Etat du Sénégal ait enfin reconnu au Président Wade son statut d’ancien Président du Sénégal même s’il est regrettable d’avoir vécu ce bruit qui n’en valait pas un mais important car donnant une idée sur le comportement antirépublicain des tenants du pouvoir.
Saluer le vote de la loi sur le code de la nationalité et rappelle aux femmes de l’APR que c’est l’aboutissement d’un long processus allant de l’émancipation à la parité, en passant par la politique sur le Genre.
Déplorer les conditions d’enlèvement du Président Habré dans un Etat de droit comme le Sénégal, me désolidariser totalement du réquisitoire du Procureur Mbacké Fall allant jusqu’à dire que Mr Habré détenait chez lui des armes de guerre. Qu’attend alors l’Etat pour le désarmer si tant est que seul l’Etat détient le monopole de la violence. Enfin, compatir à la douleur de la famille Habré et prier pour elle.
II°/ Projet de Proposition de Loi permettant aux Députés du Sénégal de pouvoir visiter les prisons du pays autant de fois qu’ils le veulent sans autorisation du parquet.
CONSTAT
Les prisons du pays ont fait le trop plein. Exemple : la capacité d’accueil de celle de Rebeuss est de 700 personnes. Aujourd’hui, elle abrite en moyenne 2.500.
A Rebeuss, les chambres 3, 4, 9 et 10 qui doivent contenir tout au plus 50 détenus, sont aujourd’hui remplis jusqu’à 270, 280 détenus.
Conséquence : il ne se passe pas 2 semaines sans qu’il y ait mort d’homme.
Certains détenus passent dès fois une semaine sans pouvoir fermer l’œil pendant la nuit ou avoir l’opportunité de se laver. En réalité, dans certaines chambres, il est impossible de dormir la nuit, faute de place ou d’air pur malgré les brasseurs et aspirateurs que se démerdent d’installer la direction de la maison d’arrêt.
Pour la restauration, il est interdit même d’en parler. Il faut juste retenir que ceux qui n’ont pas de parents qui s’occupent d’eux, ne mangent pas à leur faim si ce n’est les restes des autres détenus.
90% des détenus de Rebeuss sont incarcérés à cause de la loi Latif Guèye et par des affaires civiles et commerciales dont les maisons de justice doivent pouvoir régler.
Le parquet ne fait rien pour le désengorgement de la prison dans la mesure où chaque jour, il y a en moyenne 50 placements sous mandat de dépôt.
Les gardes pénitentiaires qui abattent un travail de titan ne sont pas en sécurité, compte tenu de leur nombre minime par rapport à la population carcérale.
Les tenants actuels du pouvoir, si ce n’est un manque d’information, n’ont aucune considération pour les détenus et l’administration pénitentiaire. Pour rappel, le budget de la Pénitence a chuté de manière drastique entre 2012 et 2013. Mieux, l’ancien Président Abdoulaye Wade a porté sa grâce sur 1009 détenus en 2012 là où le Président Macky Sall la porte sur seulement à 203 détenus sur toute l’étendue du territoire national en 2013.
Hormis certains organismes de défense des droits de l’homme, il est interdit à toute personne étrangère à l’administration pénitentiaire de mettre les pieds à l’intérieur de la prison.
Dans les grandes démocraties comme en France, tout député avec sa cocarde en bandoulière a le droit de visiter les prisons pour constater les conditions de vie de ses concitoyens.
Par voie de conséquence, au nom de tous mes co-détenus de la Maison d’Arrêt et de Correction de Rebeuss, je voudrais faire introduire une proposition de loi à l’Assemblée Nationale Sénégalaise. Je voudrais que cette proposition de loi soit portée par mes concitoyens ‘’cadets de l’Assemblée Nationale’’ sous la houlette de ma sœur, l’honorable député Fatou Thiam. J’en appelle à l’esprit républicain des Honorables députés Aminata Diallo, Sira Ndiaye, Abdou Mbow, Thierno Bocoum, Barthélémy Dias, entre autres.
Notre proposition de loi permettra à cinq (5) députés munis de leur écharpe sans autorisation du parquet encore moins des Directeurs de prison de pouvoir, à n’importe quelle heure de la journée, visiter les prisons du Sénégal. Ceci permettra, le cas échéant, aux représentants du peuple de mieux contrôler, conseiller, sensibiliser, réorienter et même sanctionner l’exécutif dans ce domaine judiciaire et de corriger eux-mêmes les conditions d’existence inhumaines dans nos prisons.
J’en appelle également à la clairvoyance des organismes de défense des droits de l’homme tels que la FIDH, la RADDHO, le Forum Civil, la LSDH, Amnesty International, la CNDH.
J’en appelle enfin à la responsabilité du Garde des sceaux, Mme le Ministre de la Justice, du Premier Ministre et de son Gouvernement pour la diligence de cette proposition.
Mes pensées pieuses à mon co-détenu, Mamadou Sow, habitant à Labbé et mort en ce début de semaine en prison. Mamadou, ta mort m’a inspiré cette idée.
Mes prières t’accompagneront toi qui m’a toujours voué le respect depuis mon arrivée à Rebeuss, toi qui m’as toujours interpellé dans les heures de promenade pour que je te parle de Me Abdoulaye Wade, toi qui m’as pendant tout ce temps apostrophé pour me demander de dire à Karim Wade que tu priais pour lui…. Puisse Allah, le Clément et Miséricordieux t’accepter dans son Paradis Eternel. Amen.
Bara GAYE
Prisonnier Politique à la MAC
de Rebeuss
BARA GAYE VOUS PARLE DEPUIS REBEUSS
Propos Liminaire
I°/ Situation politique nationale
Remercier de prime abord les sénégalais pour leur soutien à ma modeste personne. De la jeunesse sénégalaise et africaine d’une manière générale à l’UJTL en particulier, passant par les organismes de défense des droits de l’homme, certains leaders politiques, les intervenants aux ‘’Wax sa Xalat’’, les élèves et étudiants, les populations de la banlieue et surtout de Yeumbeul sud. En prison, rien ne m’échappe.
Me réjouir de la visite du Président OBAMA dans le pays de la Téranga qui est une victoire de la démocratie sénégalaise qui ne date point du 25 mars 2012.
Me féliciter de la nouvelle position de Macky Sall sur la question de l’homosexualité qui a finalement épousé la position du peuple souverain par ailleurs contraire à celle de la 1ère puissance mondiale. TOUT LE SENS DE MON COMBAT.
Féliciter le peuple sénégalais d’avoir montré à son Président la voie à suivre même en face du Président le plus puissant du monde. Je suis fier d’appartenir à ce peuple au passé et au futur sans doute glorieux.
Me réjouir du fait que l’Etat du Sénégal ait enfin reconnu au Président Wade son statut d’ancien Président du Sénégal même s’il est regrettable d’avoir vécu ce bruit qui n’en valait pas un mais important car donnant une idée sur le comportement antirépublicain des tenants du pouvoir.
Saluer le vote de la loi sur le code de la nationalité et rappelle aux femmes de l’APR que c’est l’aboutissement d’un long processus allant de l’émancipation à la parité, en passant par la politique sur le Genre.
Déplorer les conditions d’enlèvement du Président Habré dans un Etat de droit comme le Sénégal, me désolidariser totalement du réquisitoire du Procureur Mbacké Fall allant jusqu’à dire que Mr Habré détenait chez lui des armes de guerre. Qu’attend alors l’Etat pour le désarmer si tant est que seul l’Etat détient le monopole de la violence. Enfin, compatir à la douleur de la famille Habré et prier pour elle.
II°/ Projet de Proposition de Loi permettant aux Députés du Sénégal de pouvoir visiter les prisons du pays autant de fois qu’ils le veulent sans autorisation du parquet.
CONSTAT
Les prisons du pays ont fait le trop plein. Exemple : la capacité d’accueil de celle de Rebeuss est de 700 personnes. Aujourd’hui, elle abrite en moyenne 2.500.
A Rebeuss, les chambres 3, 4, 9 et 10 qui doivent contenir tout au plus 50 détenus, sont aujourd’hui remplis jusqu’à 270, 280 détenus.
Conséquence : il ne se passe pas 2 semaines sans qu’il y ait mort d’homme.
Certains détenus passent dès fois une semaine sans pouvoir fermer l’œil pendant la nuit ou avoir l’opportunité de se laver. En réalité, dans certaines chambres, il est impossible de dormir la nuit, faute de place ou d’air pur malgré les brasseurs et aspirateurs que se démerdent d’installer la direction de la maison d’arrêt.
Pour la restauration, il est interdit même d’en parler. Il faut juste retenir que ceux qui n’ont pas de parents qui s’occupent d’eux, ne mangent pas à leur faim si ce n’est les restes des autres détenus.
90% des détenus de Rebeuss sont incarcérés à cause de la loi Latif Guèye et par des affaires civiles et commerciales dont les maisons de justice doivent pouvoir régler.
Le parquet ne fait rien pour le désengorgement de la prison dans la mesure où chaque jour, il y a en moyenne 50 placements sous mandat de dépôt.
Les gardes pénitentiaires qui abattent un travail de titan ne sont pas en sécurité, compte tenu de leur nombre minime par rapport à la population carcérale.
Les tenants actuels du pouvoir, si ce n’est un manque d’information, n’ont aucune considération pour les détenus et l’administration pénitentiaire. Pour rappel, le budget de la Pénitence a chuté de manière drastique entre 2012 et 2013. Mieux, l’ancien Président Abdoulaye Wade a porté sa grâce sur 1009 détenus en 2012 là où le Président Macky Sall la porte sur seulement à 203 détenus sur toute l’étendue du territoire national en 2013.
Hormis certains organismes de défense des droits de l’homme, il est interdit à toute personne étrangère à l’administration pénitentiaire de mettre les pieds à l’intérieur de la prison.
Dans les grandes démocraties comme en France, tout député avec sa cocarde en bandoulière a le droit de visiter les prisons pour constater les conditions de vie de ses concitoyens.
Par voie de conséquence, au nom de tous mes co-détenus de la Maison d’Arrêt et de Correction de Rebeuss, je voudrais faire introduire une proposition de loi à l’Assemblée Nationale Sénégalaise. Je voudrais que cette proposition de loi soit portée par mes concitoyens ‘’cadets de l’Assemblée Nationale’’ sous la houlette de ma sœur, l’honorable député Fatou Thiam. J’en appelle à l’esprit républicain des Honorables députés Aminata Diallo, Sira Ndiaye, Abdou Mbow, Thierno Bocoum, Barthélémy Dias, entre autres.
Notre proposition de loi permettra à cinq (5) députés munis de leur écharpe sans autorisation du parquet encore moins des Directeurs de prison de pouvoir, à n’importe quelle heure de la journée, visiter les prisons du Sénégal. Ceci permettra, le cas échéant, aux représentants du peuple de mieux contrôler, conseiller, sensibiliser, réorienter et même sanctionner l’exécutif dans ce domaine judiciaire et de corriger eux-mêmes les conditions d’existence inhumaines dans nos prisons.
J’en appelle également à la clairvoyance des organismes de défense des droits de l’homme tels que la FIDH, la RADDHO, le Forum Civil, la LSDH, Amnesty International, la CNDH.
J’en appelle enfin à la responsabilité du Garde des sceaux, Mme le Ministre de la Justice, du Premier Ministre et de son Gouvernement pour la diligence de cette proposition.
Mes pensées pieuses à mon co-détenu, Mamadou Sow, habitant à Labbé et mort en ce début de semaine en prison. Mamadou, ta mort m’a inspiré cette idée.
Mes prières t’accompagneront toi qui m’a toujours voué le respect depuis mon arrivée à Rebeuss, toi qui m’as toujours interpellé dans les heures de promenade pour que je te parle de Me Abdoulaye Wade, toi qui m’as pendant tout ce temps apostrophé pour me demander de dire à Karim Wade que tu priais pour lui…. Puisse Allah, le Clément et Miséricordieux t’accepter dans son Paradis Eternel. Amen.
Bara GAYE
Prisonnier Politique à la MAC
de Rebeuss