Niarra Diatta a la banane. Physique efflanqué, voix tonnante, la quinqua est de ces femmes de devoir, de ces mères de famille qui gèrent la maisonnée de main de…maîtresse. Surprise sur un petit banc en chemin de traverse, le foulard au vent, des cyprées autour du cou, la famille tout au tour, Maman Niarra convie, le verbe chambreur : « Venez mangez ! C’est un régal que vous ne trouverez pas ailleurs dans Kolda ». Son plat du jour : du riz blanc, arrosé d’une sauce claire dans laquelle fument encore quelques bons morceaux de viande. Consciente de la réputation de mangeurs de charognes que traînent les gens de son ethnie, elle poursuit, sur le même ton de la plaisanterie. « Vous pouvez vous joindre à nous. Ce n’est pas la viande de charogne. Je vous assure !» On décline tout de même. Mais maman Niarra insiste. Puis lâche : « La semaine dernière, on m’a filée une carcasse de veau qui venait d’être tué par une moto Jakarta. C’était de la bonne viande et la famille l’a bien dégustée. La consommation de viande de cadavre animal fait partie de notre culture nous les Mansoikés. Pour nous, cette viande est comme les autres, consommable sans danger. Personnellement, j’en raffole. Je suis né et j’ai grandi dans ça. J’en consomme depuis que je suis toute petite. Et je n’ai jamais eu de problème avec ». C’est dit !
Issus de la Guinée Bissau
Si pour certains, la consommation de cadavre animal ou charogne, est un exercice de tarés, une pratique répugnante, abjecte ; pour d’autres ethnies, comme celle Mansoikés, le fait est des plus normaux. Chez eux, la pratique est culturelle et remonte à Mathusalem. Elle a survécu aux brassages et continue de faire front aux religions.
Originaire de la contrée de Mansoi Sanguiri en Guinée-Bissau, les Masoikés, sont une ethnie singulière, aux faits et pratiques qui tranchent avec ceux du voisinage. « Nous les Mansoikés, nous sommes apparentés aux ethnies Pépels et Balantes. A la recherche d’une vie meilleure, nos ancêtres ont migré de la Guinée Bissau vers le Sud du Sénégal. C’est ce qui explique, d’ailleurs, la forte présence des Mansoikés en Casamance. Nous avons hérité de nos aïeux de riches rites, traditions, coutumes et mœurs, notamment la propriété exclusive de consommer de la viande de cadavre d’animal. Mais, aujourd’hui, la majorité des jeunes ne sait pas en tirer profit ». A Gadapara, à Hillèle ou à Sikilo, dans la commune de Kolda ou ailleurs en Casamance, les Mansoikés consomment fièrement la viande issue de cadavre animal. Chez eux, on ne fait pas le distinguo entre un animal mort ou vivant. La viande reste la viande. Elle est bonne et a le même gout à la cuisson, tant qu’elle n’est pas en état de putréfaction. C’est d’ailleurs cette différence qui fait tout le charme de cette ethnie.
Animaux morts naturellement ou malades
Pierre kabou a 96 ans, les cheveux blancs, le visage creusé de rides et cerné par la fatigue. Le nonagénaire passe la journée entre les quatre murets de sa maison, nichée au cœur du quartier Gadapara de Kolda. Où vive une forte communauté de Mansoikés. Malgré son âge avancé, Pierre Kabou respire la forme. Il a peu perdu de sa superbe. Sa petite barbichette tutoie subtilement ses joues tombantes. Kabou vit présent, mais reste attaché au passé. Au bon vieux temps où croquant la vie en pleines dents, il faisait le tour des concessions à la recherche de cadavre animal. En cette époque-là , le jeune Pierre, un bout d’homme au commerce facile, ne rentrait jamais bredouille. En bon prédateur, celui qu’on surnommait le « boucher » des Mansoikés trouvait toujours de quoi ramener à la maison. Au grand bonheur de toute sa fratrie. Mais aujourd’hui, la réalité est autre. Le Mansoiké a pris de l’âge et ne fait plus la chasse aux cadavres d’animaux.
Aujourd’hui, toute l’entreprise de prise tourne autour de sa grande volonté de d’inculquer, vaille que vaille, les us et coutumes de son ethnie à ses fils et petits-fils. « Il est important de souligner que nous ne mangeons pas toute viande issue de cadavre animal. Les animaux morts des suites de maladies, ne sont pas consommables. Cela est dû au fait que nous pouvons, en consommant ces animaux malades, attraper la même maladie ou pire ».
L’Observateur
Issus de la Guinée Bissau
Si pour certains, la consommation de cadavre animal ou charogne, est un exercice de tarés, une pratique répugnante, abjecte ; pour d’autres ethnies, comme celle Mansoikés, le fait est des plus normaux. Chez eux, la pratique est culturelle et remonte à Mathusalem. Elle a survécu aux brassages et continue de faire front aux religions.
Originaire de la contrée de Mansoi Sanguiri en Guinée-Bissau, les Masoikés, sont une ethnie singulière, aux faits et pratiques qui tranchent avec ceux du voisinage. « Nous les Mansoikés, nous sommes apparentés aux ethnies Pépels et Balantes. A la recherche d’une vie meilleure, nos ancêtres ont migré de la Guinée Bissau vers le Sud du Sénégal. C’est ce qui explique, d’ailleurs, la forte présence des Mansoikés en Casamance. Nous avons hérité de nos aïeux de riches rites, traditions, coutumes et mœurs, notamment la propriété exclusive de consommer de la viande de cadavre d’animal. Mais, aujourd’hui, la majorité des jeunes ne sait pas en tirer profit ». A Gadapara, à Hillèle ou à Sikilo, dans la commune de Kolda ou ailleurs en Casamance, les Mansoikés consomment fièrement la viande issue de cadavre animal. Chez eux, on ne fait pas le distinguo entre un animal mort ou vivant. La viande reste la viande. Elle est bonne et a le même gout à la cuisson, tant qu’elle n’est pas en état de putréfaction. C’est d’ailleurs cette différence qui fait tout le charme de cette ethnie.
Animaux morts naturellement ou malades
Pierre kabou a 96 ans, les cheveux blancs, le visage creusé de rides et cerné par la fatigue. Le nonagénaire passe la journée entre les quatre murets de sa maison, nichée au cœur du quartier Gadapara de Kolda. Où vive une forte communauté de Mansoikés. Malgré son âge avancé, Pierre Kabou respire la forme. Il a peu perdu de sa superbe. Sa petite barbichette tutoie subtilement ses joues tombantes. Kabou vit présent, mais reste attaché au passé. Au bon vieux temps où croquant la vie en pleines dents, il faisait le tour des concessions à la recherche de cadavre animal. En cette époque-là , le jeune Pierre, un bout d’homme au commerce facile, ne rentrait jamais bredouille. En bon prédateur, celui qu’on surnommait le « boucher » des Mansoikés trouvait toujours de quoi ramener à la maison. Au grand bonheur de toute sa fratrie. Mais aujourd’hui, la réalité est autre. Le Mansoiké a pris de l’âge et ne fait plus la chasse aux cadavres d’animaux.
Aujourd’hui, toute l’entreprise de prise tourne autour de sa grande volonté de d’inculquer, vaille que vaille, les us et coutumes de son ethnie à ses fils et petits-fils. « Il est important de souligner que nous ne mangeons pas toute viande issue de cadavre animal. Les animaux morts des suites de maladies, ne sont pas consommables. Cela est dû au fait que nous pouvons, en consommant ces animaux malades, attraper la même maladie ou pire ».
L’Observateur