Baba Maal sur sa carrière: « quand j’ai quitté Fouta pour venir faire la musique à Dakar, c’était … »


Rédigé le Samedi 30 Septembre 2017 à 21:32 | Lu 179 fois | 0 commentaire(s)




Baba Maal sur sa carrière: « quand j’ai quitté Fouta pour venir faire la musique à Dakar, c’était très difficile… »

Le lead vocal de , Baaba Maal, est en pleine préparation pour la soirée anniversaire des 32 ans de son orchestre prévue le 7 octobre prochain au Grand Théâtre, sur le thème « Cohésion sociale et unité nationale ». Dans sa maison sise à Toubab Dialaw, le musicien Haal Pulaar a fait avant-hier, une séance de répétition avec les grandes divas de la musique sénégalaise qui ont composé une chanson en son honneur et avec qui, il a va partager la scène lors de cette soirée. Histoire de les remercier, dit-il. A cette occasion, Baaba Maal, qui a fini de tisser sa toile aussi bien sur la scène nationale qu’internationale, et en chantant en pulaar, s’est confié à Sud Quotidien. Dans cet entretien, il fait le bilan de sa carrière qui a connu des « hauts et des bas » car il « n’était pas préparé à la musique ». Pis, les moyens faisaient aussi défaut à l’en croire. Baaba Maal raconte aussi comment il a construit sa carrière internationale en chantant en pulaar, «ce qui n’était pas facile» selon lui. Le natif de Podor est également revenu sur sa conception de la musique, qui doit selon lui permettre « d’éduquer », et sur ses nombreux voyages, qui ont enrichi sa musique.

 

Que réservez-vous à vos fans pour votre anniversaire le 7 octobre prochain ?

Pour l’anniversaire, ça va être une communion. Il y a beaucoup de mes fans qui disent que quand ils viennent, Baaba Maal ne commence pas très tôt, il y a beaucoup d’invités. Cette fois-ci, je leur dis que c’est moi qui commence et c’est moi qui clôture. Il y aura du 100% Baaba Maal, du début jusqu’à la fin, avec des invités en 5 à 6 tableaux. Donc, la musique traditionnelle sera vraiment très présente dedans avec l’invitation de beaucoup de divas en l’occurrence celles qui avaient écrit une chanson en mon honneur (Kiné Lam, Athia Wélé, Adja Daro Mbaye, Soda Mama Fall, Ndèye Fatou Ndiaye Ndlr). Mais aussi Fatou Guéwel Diouf avec qui on a enregistré 4 titres qu’on va présenter sur scène. Elle chante en wolof et peut-être en sérère. Moi, je chante en pulaar. C’est une mouride et moi je suis tidiane. Donc, c’est un symbole qui est là pour dire que nous, c’est le Sénégal que nous voulons. Il y a aussi les jeunes comme Abou Diouba Deh, Demba Tandia, et d’autres jeunes artistes qui vont nous rejoindre sur la scène.

Quel bilan faites-vous de votre carrière ?


C’est une carrière qui n’était pas évidente. Parce qu’au départ, je n’étais pas préparé à ça (la musique). J’aimais bien la musique. Je suis arrivé au lycée Charles de Gaulles (Saint-Louis, Ndlr), j’ai commencé à chantonner un peu dans le mouvement scout. Je suis venu à Dakar. C’est en ce moment que j’ai pris ma décision d’intégrer le Lasli Fouta et d’aller au conservatoire. Et ainsi de suite ma carrière est partie. Mais disons que quand on vient de Podor, du Fouta, on vient à Dakar et on veut faire de la musique, en ce temps-là, il fallait vraiment se battre parce qu’il n’y avait pas beaucoup de moyens. C’est vrai que la communauté m’a beaucoup soutenu. J’ai eu beaucoup d’estime et d’amour de la part de ma communauté mais parfois les moyens faisaient défaut jusqu’au moment où j’ai eu la chance quand même d’avoir une signature avec une grande multinationale comme Island Records. C’est en ce moment qu’on a commencé à sillonner. L’orchestre Daande Lenol est quand même devenu un orchestre phare dans la prestation artistique de ce monde, les grandes scènes, les grands festivals, les grandes salles comme Hollywood Board et beaucoup d’autres espaces comme Wembley avec Carlos Santana. C’est une carrière qui a été constituée de hauts et de bas, de craintes parfois, de peur mais il y a une chose qui a été vraiment solide et qui était déjà ancré dans notre vie, c’est le Daande Lenol. Le Daande Lenol est resté depuis le début une famille au-delà même de la profession de musique, sur le plan commercial mais une famille. Des gens qui s’aiment, qui s’accompagnent dans la vie.

Comment avez-vous construit une carrière internationale en chantant en pulaar sur n’importe quelle scène ?

Au Sénégal, ce n’était pas très facile parce qu’il y avait déjà quelque chose qui était à craindre. Il y a d’autres cultures. Peut-être même pas seulement la culture wolof mais la culture même de la Casamance, Touré Kunda par exemple et beaucoup d’autres. Donc, ce n’était pas facile de trouver sa place dans cet espace culturel. Mais d’un autre côté, il était très facile pour moi de voyager, d’aller en Mauritanie, en Guinée, au Mali, au Niger parce que c’est des gens qui parlent pulaar. Donc, les productions que j’avais effectuées avec Syllart production, comme « Wango Arti », « Ndemgalam », étaient arrivées très rapidement dans des pays de l’Afrique et ça m’a permis d’asseoir quand même une audience qui est beaucoup plus internationale avant même d’avoir une audience nationale. Et avec la signature avec Island, il s’est trouvé qu’au moment où je revenais m’installer musicalement au niveau du Sénégal, les gens étaient trop préparés à recevoir des artistes intellectuels qui ne sont pas issus de la famille des griots et ça était un problème au départ. Heureusement que j’avais Mansour Seck avec moi.

Vous êtes très pédagogue sur scène, vous traduisez régulièrement certains passages de vos chansons. Peut-être parce que vous avez rêvé d’être professeur ?

(Rires) Oui, il y a tout cela. Je pense que la musique généralement doit être là pour éduquer surtout la musique africaine. Parce que nous, on a appris beaucoup de choses par la musique et pour moi, le meilleur moyen de faire de la musique, c’est de remplir les chansons, les messages qui sont très forts d’autant plus que j’eus la bénédiction de mon père pour faire de la musique quand il a écouté une chanson : « Taara ». Mais comme je chante en pulaar aussi, il y a un grand nombre de personnes, de mélomanes qui disent que quand on entend Baaba Maal chanter, on sait que c’est profond, c’est solide mais on ne comprend pas le pulaar d’où la raison pour moi d’introduire toujours les chansons avec un texte ou bien après la chanson, pour expliquer de quoi parle la chanson parce que la chanson africaine n’est pas une chanson uniquement pour accompagner le temps. C’est une chanson aussi pour éduquer, pour camper l’histoire, pour préparer les responsabilités sur le plan social des jeunes. Ça m’a aussi valu le fait que les Haal Pulaar me respectent beaucoup. Je pense que la voix y est, la musique y est mais je pense que c’est surtout les messages. Les gens disent qu’on a appris beaucoup de choses à travers les chansons de Baaba Maal.

Le voyage fait partie de vous et de votre musique. Votre dernier album s’intitule d’ailleurs « The Traveller » (le voyageur). Qu’est-ce que ces nombreux voyages vous ont apporté ?

Le voyage m’a apporté beaucoup de choses. Parce que pour moi, la vie c’est un voyage et la musique c’est un voyage aussi. Parce que quand on écrit une chanson, je suis là dans mon salon, je prends ma guitare, je compose une chanson, il faut que la chanson voyage pour que les gens puissent partager cela. Pour moi, je pense que c’est mon côté pulaar, mon côté nomade qui fait que le voyage est un symbole important pour moi. Parce que la leçon la plus grande de la vie, c’est le voyage

 Dakarflash


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