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Attentat à Charlie Hebdo-Oumar Diakité dit Odia, caricaturiste de presse : «Ils ont exercé leur liberté de ton à leurs risques et périls et ils en étaient conscients!»


Rédigé le Dimanche 11 Janvier 2015 à 22:00 | Lu 145 fois | 0 commentaire(s)



Le monde s’est réveillé stupéfait le mercredi 7 janvier. Le journal satirique Charlie Hebdo venait de voir l’essentiel de sa rédaction assassinée par trois terroristes. Bilan 12 morts et 4 blessés très graves. Le choc! La cause de ce carnage? Les caricatures souvent faites dans les pages de ce journal aux caricatures saignantes, à propos des religions et des clergés, notamment les dessins sur le Prophète Mohamed (PSL) qui avaient fait l’objet de nombreuses Fatwas de la part des fondamentalistes musulmans. Nous avons interrogé Omar Diakité dit ODIA, qui signe souvent dans la presse nationale des dessins de presse et qui connaissait Cabu, assassiné hier soir, caricaturiste du Monde, du Canard Enchaîné et de Charlie Hebdo, dont le ton et la forme éditoriale des dessins avaient beaucoup inspiré dans sa carrière.


Attentat à Charlie Hebdo-Oumar Diakité dit Odia, caricaturiste de presse : «Ils ont exercé leur liberté de ton à leurs risques et périls et ils en étaient conscients!»

Dakaractu : Odia, quel est votre sentiment après l’attentat commis dans les locaux de Charlie Hebdo? 
  

ODIA : Je suis profondément choqué et meurtri par ce qui s’est passé dans les locaux de Charlie Hebdo. D’abord parce qu’il s’agit de personnes, avant d’être des confrères, qui ont été sauvagement assassinés aujourd’hui. Ce sont mes confrères caricaturistes et mon dégoût est à son paroxysme. Je suis extrêmement choqué. 
  

D.A. Cabu était votre ami, quels étaient vos rapports et vous confiait-il les risques que lui faisait courir sa liberté de plume? 

Odia : Cabu était un ami de plume. On se connaissait plus à travers nos dessins respectifs, qu’à travers nos personnalités. Cabu est un homme que j’ai toujours suivi, il était pour moi une référence, et il a compté dans l’évolution de ma trajectoire de dessinateur et m’avait beaucoup marqué par ses dessins. 
  

D.A. : Quelle est la limite que vous vous imposez dans l’expression de vos caricatures qui ont souvent une véritable fonction éditoriale? 

Odia : Il faut savoir que Charlie Hebdo est un journal assez spécial, c’est un journal qui ne se fixe pas de limites. Tout est bon à dessiner, tout est matière à dérision, y compris les religions. Ces hommes se donnaient la liberté de dérision sur tous les aspects qui fondent nos sociétés, même sur la religion et c’est ce qui malheureusement a causé leur perte aujourd’hui, parce qu’ils ont touché à une chose très très sensible, à savoir le fondamentalisme religieux. Il faut savoir à ce sujet, que Cabu avait deux casquettes de dessinateur de presse, il travaillait au Canard Enchaîné, au journal «Le Monde», où il avait un ton mesuré et modéré, tandis qu’à Charlie Hebdo, il se lâchait dans ses caricatures, lié par ce «no limit» de la ligne éditoriale de cet hebdomadaire. 
  

D.A. : En quoi une caricature est-elle plus énervante, plus directe et plus dure à vivre qu’un article de fond sur une situation? 

Odia : Parce que c’est justement la nature de la caricature même, d’exagérer et de grossir le propos. On comprend ou on ne comprend pas. 
  

            D.A. Si vous aviez à faire un dessin de presse aujourd’hui, quel en serait visuellement le contenu et que feriez-vous dire au personnage dans sa bulle? 
  

Odia : J’ai croqué ce jour, un dessinateur de presse avec une armure moyenâgeuse et un casque sur la tête et qui dit : «On est dans quel monde»? 
  

D.A. : Certaines caricatures au Sénégal vous ont-elles valu des menaces? Etes-vous Charlie aujourd’hui? 

ODIA : Dans la forme, on est Charlie Hebdo, mais dans le fond, non, parce qu’ils se sont attaqués à la référence même de l’Islam, à savoir le Prophète, (PSL) et cela est inadmissible pour les fondamentalistes. Ces journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo l’ont fait à leurs risques et périls et ils en étaient conscients. Ils avaient reçu un violent avertissement en 2011, lors de l’incendie de leurs locaux après la publication dans Charlie Hebdo de caricatures de Mohamed (PSL). 



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