Actuellement, environ 150 000 réfugiés maliens se trouvent à Mbera, ce qui en fait la seconde ville la plus peuplée de Mauritanie après Nouakchott. De plus, des milliers de réfugiés préfèrent résider en dehors des camps pour rester près de leur bétail. L'ensemble des groupes ethniques est représenté parmi ces populations réfugiées, certains préférant s'installer à Nouakchott ou dans d'autres grandes villes.
Cependant, il est à déplorer que les autorités mauritaniennes refusent de reconnaître et d'intégrer dans leur nationalité environ 15 000 apatrides (mauritaniens) présents au Mali depuis 1989. En outre, au Sénégal, quelques milliers se trouvent dans une situation juridique similaire. Il est incompréhensible de renvoyer des personnes qui sont à la fois réfugiées, apatrides (mauritaniennes) et résidant au Mali, un pays en situation de conflit et d'insécurité ayant motivé leur fuite vers la Mauritanie.
Il est essentiel de demander des explications sur ce refoulement, notamment en se référant aux conventions internationales ratifiées par la Mauritanie. Un État ne peut renvoyer des personnes fuyant une situation d'insécurité vers un pays où elles risquent d'être exposées à des dangers. De même, un État ne devrait pas refuser à ses propres citoyens, même s'ils ont commis des actes répréhensibles, le droit de retourner dans leur pays d'origine.
Il est également crucial de se questionner sur la possible discrimination opérée par la Mauritanie envers des populations en fonction de leur apparence physique, face à un afflux de personnes issues du même pays, fuyant des causes similaires.
Mohamed Askia Touré