Antoine Diome : "Ils ont fait tellement de montages de sociétés-tiroirs que tout le monde pouvait s'y perdre"


Rédigé le Mercredi 18 Février 2015 à 13:35 | Lu 95 fois | 0 commentaire(s)



Le parquet spécial n'a pas été tendre avec les prévenus, indique EnQuête,. Pour le magistrat, le désir de possession illimité de Karim Wade et de ses co-détenus avait quelque chose de puéril.


Antoine Diome : "Ils ont fait tellement de montages de sociétés-tiroirs que tout le monde pouvait s'y perdre"
C'était le réquisitoire à ne pas rater. Antoine Diome, substitut du procureur, a été la robe noire des prévenus. Sans surprise, le magistrat s'est montré impitoyable face aux inculpés. "Comment peut se prévaloir de sa propre turpitude ?", s'est-il d'emblée demandé, en référence aux récurrentes questions des prévenus sur l'absence du nom de Karim Wade. Le substitut du procureur s'est étonné du comportement des prévenus qu'il assimile à un enfantillage. "Je dois dire qu'ils se sont comportés comme des enfants. Ils ont usé et abusé des pouvoirs qui étaient entre leurs mains comme de véritables enfants", a-t-il fustigé. 

Plus incisif dans son réquisitoire, il est revus, selon nos confrères, sur les incongruités des accusés tout le long de la procédure. "Quand on présente une ligne de défense, il faut que les éléments soient cohérents et renseignent sur la chronologie des faits", a-t-il déclaré à l'intention de Alioune Samba Diassé, en abordant le cas Abs. D'ailleurs, pour signifier à quel point ce prévenu a été manipulé, il a martelé : "Voilà quelqu'un qui n'a rien compris. De tous prévenus, c'est celui qui inspire le plus de sympathie. Quand je pense à lui, des sentiments s'entrechoquent chez moi. Il na absolument rien compris. A l'enquête préliminaire, à l'instruction, à la barre, et même s'il est condamné, il ne comprendra pas. Le chapeau est trop grand pour vous", a-t-il poursuivi. 

La genèse de toutes les sociétés incriminées a été explicitée à tour de rôle par le substitut du procureur dans un style analytique, renseigne le journal. Prenant en exemple "la société immobilière Dahlia qui acquiert un droit de quatre ans, avant sa naissance" et le "milliard 896 millions injectés en liquide dans Hardstand", le substitut a aussi mis en évidence la similitude des modes opératoires entre Ahs et Abs, en dénonçant "des hommes de paille qui constituaient le premier cercle de fictivité, suivi par les cerveaux, dont certaines activités n'étaient cloisonnées et connues dans leur intégralité que par Karim Wade et Ibrahim Aboukhalil". 

Ainsi, le procureur a été tranchant, rapportent nos confrères, dans la conclusion de son réquisitoire en confondant les bénéficiaires économiques. "Ils ont tellement fait de montages de sociétés-tiroirs que tout le monde pouvait s'y perdre. Karim Wade faisait ce qu'il faut pour ouvrir et qui est là pour réceptionner ? Ibrahim Aboukhalil, Karim Aboukhalil, Mamadou Pouye", a-t-il martelé avant de poursuivre : "L'Etat vous confie le diagnostic du Plan Takkal, la privatisation de la Sonacos, du Méridient Président, l'émission de l'emprunt obligataire du Port autonome de Dakar, la gestion de l'aéroport de Diass, dissout les Ads pour vous mettre à sa place. On déblaie tout pour vous". 

Ce quatuor de prévenus "qui se sont comportés comme des enfants" est, selon Antoine Diome, l'instigateur principal de tous ces actes de mauvaise gestion. Il s'est insurgé, in fine, contre leur influence tentaculaire au moment des faits. "On ne peut pas prendre en otage, dans un pays, autant de secteurs-clés de l'économie nationale. En quoi Ibrahim Aboukhalil, Karim Aboukhalil, Mamdou Pouye et Karim Wade seraient plus méritants que les autres Sénégalais pour gérer l'aéroport de Diass à 90% ?". Des questions auxquelles les conseils des prévenus ne pourront guère apporter des réponses édifiantes.


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