EnQuête Le président de la République Macky Sall a récemment évoqué dans la presse quelques sentiments qui l’habitent à quelques mois de la fin de son mandat. Parmi eux, le sentiment d’avoir été trahi par ses collaborateurs. Vous sentez-vous visé par ces propos, après avoir passé 10 ans à ses côtés dans l’exercice du pouvoir ?
Aminata Touré Mimi : Déjà, je pense que ce n’est pas le ton que devrait avoir un président de la République après avoir passé 12 ans à la tête du pays. Son mandat a été renouvelé. Le peuple lui a fait un grand honneur ! C’est un honneur d’occuper des fonctions et diriger nos compatriotes. C’est plus un message de gratitude qu’il devrait exprimer, y compris à l’endroit de ses collaborateurs.
Quand on accompagnait Macky Sall en 2011, il y avait 13 autres candidats au siège du président de la République, plus le président sortant, Me Abdoulaye Wade. Au moment où il n’avait rien à offrir, Macky Sall a été notre choix. Il était officiellement sans emploi. Nous nous sommes battus à ses côtés dans un contexte très incertain en prenant des risques.
J’étais fonctionnaire international avec un contrat à durée indéterminée et j’ai pris un congé sans solde. Je voudrais également parler au nom de feu Alioune Badara Cissé (ancien médiateur de la République) qui a laissé un poste d’avocat pour le suivre, et tant d’autres compagnons. On avait le choix d’accompagner d’autres candidats. Mais nous l’avons choisi, alors qu’il n’était même pas le favori de l’élection. C’était un choix de raison et affectif.
Maintenant, le présidentialisme dans nos pays est tel que cela peut faire tourner la tête de la première institution du pays. Il faut des gardefous. Dans les grandes démocraties, le président de la République ne peut pas tout faire. Mais chez nous, le pouvoir du président est illimité. Donc, lorsque certains de vos compagnons ne sont pas d’accord avec ce que vous voulez, vous les considérez comme des traîtres.
Je fustige cette explication de notre compagnonnage. C’est une trahison de plus de nous considérer globalement comme des traîtres, lorsque je pense à Alioune Badara Cissé qui n’est pas là pour le dire. Il avait sa personnalité et ses idées et on a tous vu comment cela s’est terminé entre lui et le président Macky Sall
Quels que soient les aléas du compagnonnage, je pense qu’il devrait leur exprimer de la gratitude de l’avoir choisi comme compagnon dans des moments incertains. J’aurais aimé entendre ça dans son discours. 12 ans après, que le mot trahison sorte, c’est une grande déception ! Maintenant, on peut rentrer dans les détails de qui a trahi qui ? Cela peut faire l’objet d’un débat ! Il est président de la République, par respect pour cette institution, je m’en arrête là
En ce qui me concerne, j’ai consacré mon énergie, mon temps et mes ressources à le soutenir. On a vu comment la relation s’est terminée. Je suis allée au-delà de la loyauté avec lui. Je vivais à New York, une ville agréable à vivre, avec mes enfants. J’y ai un titre foncier. J’ai tout mis en parenthèse pour accompagner un opposant. Macky Sall, quels que soient nos différends, devait reconnaître que nous avons contribué à son parcours. Ce qu’il nous doit, c’est de la gratitude. S’il en est arrivé à signer des décrets et à ordonner des dépenses, à nommer aux fonctions civiles et militaires, c’est parce qu’on l’a accompagné pour qu’il se fasse élire.
Un président doit savoir que les Sénégalais lui confient leur destin pour un laps de temps bien déterminé. Nous ne sommes pas dans une royauté, encore moins dans un empire. Il a vocation à élever le bienêtre des Sénégalais, dans la justice, l’équité et la bonne gestion de nos ressources. C’est un conseil pour le prochain président de la République et j’espère que ce sera moi. Il faut toujours rester chevillé aux intérêts de votre population, ne pas se laisser influencer par les thuriféraires, les griots, la famille etc. A l’arrivée, ce qui compte, c’est l’appréciation du peuple sénégalais.
Extrait de son entretien avec EnQuete
Aminata Touré Mimi : Déjà, je pense que ce n’est pas le ton que devrait avoir un président de la République après avoir passé 12 ans à la tête du pays. Son mandat a été renouvelé. Le peuple lui a fait un grand honneur ! C’est un honneur d’occuper des fonctions et diriger nos compatriotes. C’est plus un message de gratitude qu’il devrait exprimer, y compris à l’endroit de ses collaborateurs.
Quand on accompagnait Macky Sall en 2011, il y avait 13 autres candidats au siège du président de la République, plus le président sortant, Me Abdoulaye Wade. Au moment où il n’avait rien à offrir, Macky Sall a été notre choix. Il était officiellement sans emploi. Nous nous sommes battus à ses côtés dans un contexte très incertain en prenant des risques.
J’étais fonctionnaire international avec un contrat à durée indéterminée et j’ai pris un congé sans solde. Je voudrais également parler au nom de feu Alioune Badara Cissé (ancien médiateur de la République) qui a laissé un poste d’avocat pour le suivre, et tant d’autres compagnons. On avait le choix d’accompagner d’autres candidats. Mais nous l’avons choisi, alors qu’il n’était même pas le favori de l’élection. C’était un choix de raison et affectif.
Maintenant, le présidentialisme dans nos pays est tel que cela peut faire tourner la tête de la première institution du pays. Il faut des gardefous. Dans les grandes démocraties, le président de la République ne peut pas tout faire. Mais chez nous, le pouvoir du président est illimité. Donc, lorsque certains de vos compagnons ne sont pas d’accord avec ce que vous voulez, vous les considérez comme des traîtres.
Je fustige cette explication de notre compagnonnage. C’est une trahison de plus de nous considérer globalement comme des traîtres, lorsque je pense à Alioune Badara Cissé qui n’est pas là pour le dire. Il avait sa personnalité et ses idées et on a tous vu comment cela s’est terminé entre lui et le président Macky Sall
Quels que soient les aléas du compagnonnage, je pense qu’il devrait leur exprimer de la gratitude de l’avoir choisi comme compagnon dans des moments incertains. J’aurais aimé entendre ça dans son discours. 12 ans après, que le mot trahison sorte, c’est une grande déception ! Maintenant, on peut rentrer dans les détails de qui a trahi qui ? Cela peut faire l’objet d’un débat ! Il est président de la République, par respect pour cette institution, je m’en arrête là
En ce qui me concerne, j’ai consacré mon énergie, mon temps et mes ressources à le soutenir. On a vu comment la relation s’est terminée. Je suis allée au-delà de la loyauté avec lui. Je vivais à New York, une ville agréable à vivre, avec mes enfants. J’y ai un titre foncier. J’ai tout mis en parenthèse pour accompagner un opposant. Macky Sall, quels que soient nos différends, devait reconnaître que nous avons contribué à son parcours. Ce qu’il nous doit, c’est de la gratitude. S’il en est arrivé à signer des décrets et à ordonner des dépenses, à nommer aux fonctions civiles et militaires, c’est parce qu’on l’a accompagné pour qu’il se fasse élire.
Un président doit savoir que les Sénégalais lui confient leur destin pour un laps de temps bien déterminé. Nous ne sommes pas dans une royauté, encore moins dans un empire. Il a vocation à élever le bienêtre des Sénégalais, dans la justice, l’équité et la bonne gestion de nos ressources. C’est un conseil pour le prochain président de la République et j’espère que ce sera moi. Il faut toujours rester chevillé aux intérêts de votre population, ne pas se laisser influencer par les thuriféraires, les griots, la famille etc. A l’arrivée, ce qui compte, c’est l’appréciation du peuple sénégalais.
Extrait de son entretien avec EnQuete