Son groupe s’est diversifié, avec la fabrication de pâtes alimentaires (marque Pastami) et d’aliments pour volaille et bétail, domaine dans lequel il s’est allié avec le français Sanders (filiale du groupe Avril, ex-Sofiprotéol) et dont il tire 40 % de ses revenus. Il pose un regard sans concession sur les défis auxquels le secteur privé reste confronté et sur le rôle qu’il doit jouer dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE).
Jeune Afrique : Le secteur privé local joue-t-il pleinement son rôle dans le Plan Sénégal émergent, en particulier dans son volet agricole ?
Ameth Amar : Pas encore. Mais je pense qu’il a l’obligation de le faire, parce que l’agriculture reste l’un des piliers de l’économie sénégalaise, même si, aujourd’hui, on parle beaucoup du pétrole. L’État est en train de faire ce qu’il peut pour impliquer davantage le secteur privé, mais il y a encore beaucoup d’efforts à fournir.
Le gouvernement et les acteurs du privé ont déjà tenu des ateliers en ce sens, dont on attend les conclusions. C’est souvent un peu lent, mais je suis convaincu que nous finirons par trouver la bonne solution. En attendant, certaines conditions sont déjà réunies : les terres, la consommation et les marchés sont là . Reste à produire et à vendre. À condition, bien sûr, de disposer des moyens nécessaires.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret d’investissement ?
Prenons le dossier que je maîtrise le mieux, celui de NMA. Avec le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), le groupe français Avril et l’entreprise marocaine Zalar, nous avons créé une société pour l’exploitation de terres près du lac de Guiers, dans la vallée du fleuve Sénégal. Nous y cultivons des produits bio pour Sanders, partenaire traditionnel de NMA et actionnaire dans le projet. Nous allons aussi y produire du maïs pour NMA. C’est un partenariat public-privé très important, dont l’investissement global est de 6 millions d’euros.
Le problème est que beaucoup d’opérateurs privés n’ont pas les moyens nécessaires et ne sont pas solvables. Les projets viables ne sont donc pas nombreux. C’est d’ailleurs inquiétant, car les investisseurs étrangers viennent avec beaucoup de moyens sur le continent. Et si les Africains, eux, n’ont pas les moyens d’investir, on risque d’assister à une « recolonisation économique ». Voici un exemple : vous ne voyez presque plus de sociétés sénégalaises opérer sur le port de Dakar.
Au môle 8, vous trouvez DP World [Dubai Port World] et le français Necotrans ; au môle 2, son compatriote Bolloré… Pourtant, beaucoup de sociétés sénégalaises opèrent dans le maritime, mais elles n’ont pas les reins suffisamment solides sur le plan financier.
Si les les Africaines n’ont pas les moyens d’investir , on risque d’assister à une « recolonisation économique »
Quelles solutions préconisez-vous ?
Nous devons faire des regroupements stratégiques, même si, en général, les entrepreneurs africains ne sont pas à l’aise dans ce genre de structures. Ensuite, les banques doivent faire confiance aux opérateurs. De toute façon, avec l’arrivée massive de fonds d’investissement sur le continent, elles n’auront plus le choix. Grâce aux emprunts obligataires, on constate d’ailleurs que les États lèvent eux-mêmes de plus en plus de fonds à meilleur marché et plus facilement.
La polémique autour de l’élection du président de la chambre de commerce et d’industrie de Dakar est-elle révélatrice du manque de cohésion au sein du secteur privé ?
Le regretté Mamadou Lamine Niang [président de l’organisme consulaire, décédé en juillet] a fait tout ce qui était en son pouvoir pour résoudre d’interminables conflits pendant son deuxième mandat, en vain. Mais on ne peut pas s’éterniser dans cette impasse qui dure depuis cinq ans. Il faut revoir la représentativité des uns et des autres et procéder à des élections transparentes.
Jeune Afrique : Le secteur privé local joue-t-il pleinement son rôle dans le Plan Sénégal émergent, en particulier dans son volet agricole ?
Ameth Amar : Pas encore. Mais je pense qu’il a l’obligation de le faire, parce que l’agriculture reste l’un des piliers de l’économie sénégalaise, même si, aujourd’hui, on parle beaucoup du pétrole. L’État est en train de faire ce qu’il peut pour impliquer davantage le secteur privé, mais il y a encore beaucoup d’efforts à fournir.
Le gouvernement et les acteurs du privé ont déjà tenu des ateliers en ce sens, dont on attend les conclusions. C’est souvent un peu lent, mais je suis convaincu que nous finirons par trouver la bonne solution. En attendant, certaines conditions sont déjà réunies : les terres, la consommation et les marchés sont là . Reste à produire et à vendre. À condition, bien sûr, de disposer des moyens nécessaires.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret d’investissement ?
Prenons le dossier que je maîtrise le mieux, celui de NMA. Avec le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), le groupe français Avril et l’entreprise marocaine Zalar, nous avons créé une société pour l’exploitation de terres près du lac de Guiers, dans la vallée du fleuve Sénégal. Nous y cultivons des produits bio pour Sanders, partenaire traditionnel de NMA et actionnaire dans le projet. Nous allons aussi y produire du maïs pour NMA. C’est un partenariat public-privé très important, dont l’investissement global est de 6 millions d’euros.
Le problème est que beaucoup d’opérateurs privés n’ont pas les moyens nécessaires et ne sont pas solvables. Les projets viables ne sont donc pas nombreux. C’est d’ailleurs inquiétant, car les investisseurs étrangers viennent avec beaucoup de moyens sur le continent. Et si les Africains, eux, n’ont pas les moyens d’investir, on risque d’assister à une « recolonisation économique ». Voici un exemple : vous ne voyez presque plus de sociétés sénégalaises opérer sur le port de Dakar.
Au môle 8, vous trouvez DP World [Dubai Port World] et le français Necotrans ; au môle 2, son compatriote Bolloré… Pourtant, beaucoup de sociétés sénégalaises opèrent dans le maritime, mais elles n’ont pas les reins suffisamment solides sur le plan financier.
Si les les Africaines n’ont pas les moyens d’investir , on risque d’assister à une « recolonisation économique »
Quelles solutions préconisez-vous ?
Nous devons faire des regroupements stratégiques, même si, en général, les entrepreneurs africains ne sont pas à l’aise dans ce genre de structures. Ensuite, les banques doivent faire confiance aux opérateurs. De toute façon, avec l’arrivée massive de fonds d’investissement sur le continent, elles n’auront plus le choix. Grâce aux emprunts obligataires, on constate d’ailleurs que les États lèvent eux-mêmes de plus en plus de fonds à meilleur marché et plus facilement.
La polémique autour de l’élection du président de la chambre de commerce et d’industrie de Dakar est-elle révélatrice du manque de cohésion au sein du secteur privé ?
Le regretté Mamadou Lamine Niang [président de l’organisme consulaire, décédé en juillet] a fait tout ce qui était en son pouvoir pour résoudre d’interminables conflits pendant son deuxième mandat, en vain. Mais on ne peut pas s’éterniser dans cette impasse qui dure depuis cinq ans. Il faut revoir la représentativité des uns et des autres et procéder à des élections transparentes.