Affaire Cheikh Gadiaga-Moïse Rampino : Pourquoi cette prédilection pour des pontes des Impôts et de la Douane ?


Rédigé le Jeudi 28 Décembre 2017 à 13:30 | Lu 65 fois | 0 commentaire(s)



Une vulgaire affaire de chantage sous couvert de « journalisme ». Une affaire qui a foiré et qui aurait pu déstabiliser la République en ce que les personnes visées sont des piliers de l’Administration et du Gouvernement. Mais que ne ferait-on pas par appât du gain, par désir d’un argent facile d’autant plus inconsidérément flambé dans des endroits huppés de la place et en compagnie des plus belles nymphes in town qu’il n’a pas été gagné à la sueur du front ?


Affaire Cheikh Gadiaga-Moïse Rampino : Pourquoi cette prédilection pour des pontes des Impôts et de la Douane ?
Ce phénomène de « jet-setteurs », dans tout Etat sérieux, aurait fait l’objet d’une enquête des services de renseignements et de sécurité pour savoir d’où ces individus qui claquent de l’argent dans les boîtes de nuit, restaurants de classe et autres endroits chic, portent vêtements et chaussures griffées, accessoires de luxe, bref le « bling-bling », d’où ces individus, donc, tirent-ils ces sommes qu’ils dépensent sans compter. En tout cas, du temps du président Senghor, pour cent fois moins que ça, des fonctionnaires se sont retrouvés débarqués de leurs postes et, pour certains, jetés en prison. 
  
Pour dire que cette affaire Cheikh Gadiaga, Moïse Rampino et autres, est gravissime. Pour ce qui est de Gadiaga, voilà donc un individu sans activité professionnelle connue et qui vit comme un nabab, toujours tiré à quatre épingles, roulant dans des carrosses de luxe, fréquentant les endroits les plus sélect de la capitale,  accompagné de lianes aux corps de rêve. Et, bien sûr, il lui faut bien gagner l’argent nécessaire à l’entretien de ce train de vie princier. Condamné pour avoir  escroqué un homme d’affaires devenu par la suite son « ami », en faisant intervenir une complice imitant le timbre de la voix de l’ancien Premier ministre Mimi Touré, notre « jet-setteur », après bien des entourloupes, vient de nouveau de se faire arrêter par la Section de Recherches de la gendarmerie nationale. 
  
Sa dernière trouvaille pour soutirer de l’argent à d’honnêtes gens ? Exploiter le secteur de la presse et créer un site d’ « informations », lui l’analphabète qui ne sait même pas écrire son nom ! Qu’à cela ne tienne, il lui suffisait de trouver un plumitif pour écrire les torrents de saletés dans lequel il avait envie de faire patauger des pontes de la République et le tour était joué. La recette est simple : des histoires de « coucheries », comme aurait dit le général de Gaulle, mais qui sortent de son imagination tortueuse et diabolique. 

Après quoi, après publication de ces articles qui donnent envie de vomir, entre en jeu un troisième larron qui se propose, lui, d’arrêter les « révélations » du journaliste maître-chanteur, en usant de son entregent auprès de la personnalité jetée en pâture. Là aussi, rien que du classique : on propose à cette dernière de faire un geste, histoire de pousser le « journaliste » à lever le pied dans ses « révélations » ou à mettre le coude sur les dossiers qu’il détiendrait, et, à nous la cagnotte ! 
  
Dans cette affaire qui défraie la chronique et où au moins une autorité a dégainé cinq millions de francs, le chantage aurait pu continuer si le directeur général des Aéroports du Sénégal (ADS), M. Pape Maël Diop, n’avait pas pris son courage à deux mains pour porter plainte au niveau de la gendarmerie. L’enquête ouverte par les pandores a permis d’interpeler d’abord le mercenaire de la plume Rampino — qui s’est livré de lui-même — puis son « patron », l’« éditeur Cheikh Gadiaga. Un célèbre promoteur de lutte a été entendu hier par les gendarmes qui le soupçonnent d’avoir été l’intermédiaire qui allait persuader les autorités de passer à la caisse en échange de la cessation des attaques les ciblant. 
  
A côté du Dg des ADS, parmi les personnalités ciblées, on trouve, donc, le ministre de l’Economie et des Finances, M. Amadou Bâ, le directeur général des Impôts et Domaines, Cheikh Bâ, le directeur des Domaines, Mamadou Mamour Diallo, mais aussi, et curieusement, trois haut gradés de la Douane dont l’ancien Dg de ce corps, l’inspecteur général d’Etat Pape Ousmane Guèye, et les colonels Issa Niang et Lamine Sarr. Pourquoi donc cette prédilection pour les gabelous ? Et aussi pour le corps des Impôts et Domaines ? Mystère ! Ce qu’on sait, en revanche, c’est qu’avec l’arrivée d’un nouveau DG à la tête de la Douane, et aussi avec la fin de l’année, tout le monde subodore des affectations qui devraient intervenir incessamment. 
  
Dans ce cadre, on sait que les postes de chef de visite et chef de la subdivision de Dakar-Port sont présentés à tort au à raison, comme étant les plus « juteux » de l’administration douanière. Il se trouve que, comme par hasard, ces deux « stations » sont occupées par les colonels Issa Niang et Lamine Sarr, qui sont pratiquement les plus « massacrés » par notre « confrère » par intrusion, Cheikh Gadiaga ! Et puisque jamais deux sans trois, le troisième cœur de cible n’est autre que le DG sortant de la Douane, l’Ige Pape Ousmane Guèye. D’ici à ce que l’on voie derrière ces attaques plus que le fait du hasard… Comme s’il s’agissait, en effet, de déstabiliser des collègues placés à des positions stratégiques, pour obtenir leur limogeage en vue de pouvoir les remplacer ! On remarquera en passant qu’alors que leurs collègues sont traînés dans la boue, aucune structure regroupant des cadres de la Douane n’est montée au créneau pour les défendre, ne serait-ce que sur le principe. Curieux. 
  
Le même silence est de mise au niveau des Impôts et Domaines. Or ces deux corps n’ont pas, pour autant que l’on sache, le monopole des coucheries. Hélas pour leurs membres, l’opinion veut qu’ils (ces corps) soient les plus « juteux » de l’Administration ! Pour en revenir au manque de solidarité, récemment, lorsqu’un site avait insinué, voire plus affirmé, que des magistrats avaient été reçus en catimini au palais de la République pour régler les détails du procès Khalifa Sall, l’UMS, sous la houlette du très respecté président Souleymane Téliko, s’était fendue d’un communiqué pour les défendre. On pourrait faire le même reproche aux organisations représentatives de la corporation de journalistes qui laissent sans rien dire, des flibustiers envahir ce si noble métier… 
  
Tout cela pour dire quoi ? Que des aigrefins comme Cheikh Gadiaga continueront à prospérer — au propre et au figuré — et à vivre sur un grand train tant que des bailleurs embusqués, continueront d’armer leur main vengeresse. La gendarmerie a eu raison de mettre fin aux dérives délictuelles  de Cheikh Gadiaga et de son complice Moïse Rampino pour lequel l’opinion avait pourtant beaucoup de sympathie, du fait de sa position courageuse dans l’affaire Karim Wade. Il reste à souhaiter que la main du juge ne tremblera pas lorsqu’il rédigera la (lourde) sentence devant réprimer les agissements de Cheikh Gadiaga et compagnie… 




  
 « Le Témoin » quotidien


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