Le cercle de Niono, dans la région de Ségou, au centre du Mali, où se trouve notamment le village de Farabougou, vit sous le joug des jihadistes depuis près de six mois. Mais dimanche soir, ces combattants jihadistes, de la Katiba Macina, liés à al-Qaïda au Maghreb islamique, y ont conclu un accord de cessez-le-feu avec les chasseurs traditionnels dozos, qui s’efforcent de sécuriser les populations mais sont également accusés d’exactions contre la communauté peule..
En vertu de cet accord, les habitants du cercle peuvent désormais circuler librement, aller aux champs ou vendre leur bétail ; libération de prisonniers dozos et autorisation pour les jihadistes d’aller prêcher dans les villages sont également prévus par l’accord, négocié sous l’égide du Haut Conseil islamique du Mali. Pour le moment, ce cessez-le-feu n’est valable que pour un mois, le temps pour les autorités d’étudier l’ensemble des demandes des deux parties.
Boubacar Ba est chercheur et directeur du Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel. Il suit de près la situation sécuritaire et les initiatives de médiation dans le Centre. Ce début d'accord lui semble viable : « On peut y croire parce que, dans le centre du Mali, aussi bien Mopti que Ségou, il y a déjà eu des accords, avec des intermédiaires. Ce qui est intéressant cette fois, c'est que les représentants des dozos sont venus avec ceux du Haut Conseil islamique et des personnes aux ressources avérées qui ont discuté avec les jihadistes de la katiba Macina, les vrais moudjahidines, et qui se sont entendus sur les modalités de gestion du conflit. Chaque acteur est venu avec ses conditions, ils se sont entendus. Je pense qu'il y a eu un modus operandi global sur lequel ils peuvent s'entendre sur une durée d'un mois. »
Farabougou, un renoncement de Bamako ?
Les jihadistes de la katiba Macina ont cependant une exigence principale : ils demandent à l’armée malienne, d’ici un mois, de quitter le village de Farabougou. Sans quoi, le cessez-le-feu prendra fin. Une exigence a priori très difficile à satisfaire pour les autorités nationales… « C'est une demande qui est apparemment difficile du point de vue de l'État malien. Demander à ce que l'État quitte un espace qui ressort du territoire est difficile. Mais maintenant, quand on voit d'où l'on voit après plusieurs mois d'embargo, d'enlèvements, de menaces, de morts... Moi je crois qu'un État stratège doit prendre en compte l'environnement et surtout regarder les conditions dans lesquelles les populations souffrent. Il doit être en mesure de comprendre et de s'adapter à une situation qui peut changer dans les mois et les années à venir. »
Est-ce que cela ne serait pas perçu comme un renoncement de l'État malien à exercer son autorité sur tout le territoire ? « Cela peut apparaître comme un renoncement mais analysons les rapports de force : aujourd'hui dans cette zone, de Farabougou à la frontière mauritanienne, ce sont les moudjahidines qui contrôlent, ce sont eux qui définissent les règles de gestion, qui dictent leurs lois. Donc c'est difficile, je le reconnais, mais il y a toujours des possibilités d'adaptabilité et de création des conditions pour que l'État puisse revenir, mais avec la confiance. »
Sollicité par RFI, le ministère de la Réconciliation nationale n’a pas souhaité s’exprimer à ce stade. Il indique devoir encore analyser le compte-rendu des négociateurs du HCI qui avaient été mandatés par les autorités.
En vertu de cet accord, les habitants du cercle peuvent désormais circuler librement, aller aux champs ou vendre leur bétail ; libération de prisonniers dozos et autorisation pour les jihadistes d’aller prêcher dans les villages sont également prévus par l’accord, négocié sous l’égide du Haut Conseil islamique du Mali. Pour le moment, ce cessez-le-feu n’est valable que pour un mois, le temps pour les autorités d’étudier l’ensemble des demandes des deux parties.
Boubacar Ba est chercheur et directeur du Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel. Il suit de près la situation sécuritaire et les initiatives de médiation dans le Centre. Ce début d'accord lui semble viable : « On peut y croire parce que, dans le centre du Mali, aussi bien Mopti que Ségou, il y a déjà eu des accords, avec des intermédiaires. Ce qui est intéressant cette fois, c'est que les représentants des dozos sont venus avec ceux du Haut Conseil islamique et des personnes aux ressources avérées qui ont discuté avec les jihadistes de la katiba Macina, les vrais moudjahidines, et qui se sont entendus sur les modalités de gestion du conflit. Chaque acteur est venu avec ses conditions, ils se sont entendus. Je pense qu'il y a eu un modus operandi global sur lequel ils peuvent s'entendre sur une durée d'un mois. »
Farabougou, un renoncement de Bamako ?
Les jihadistes de la katiba Macina ont cependant une exigence principale : ils demandent à l’armée malienne, d’ici un mois, de quitter le village de Farabougou. Sans quoi, le cessez-le-feu prendra fin. Une exigence a priori très difficile à satisfaire pour les autorités nationales… « C'est une demande qui est apparemment difficile du point de vue de l'État malien. Demander à ce que l'État quitte un espace qui ressort du territoire est difficile. Mais maintenant, quand on voit d'où l'on voit après plusieurs mois d'embargo, d'enlèvements, de menaces, de morts... Moi je crois qu'un État stratège doit prendre en compte l'environnement et surtout regarder les conditions dans lesquelles les populations souffrent. Il doit être en mesure de comprendre et de s'adapter à une situation qui peut changer dans les mois et les années à venir. »
Est-ce que cela ne serait pas perçu comme un renoncement de l'État malien à exercer son autorité sur tout le territoire ? « Cela peut apparaître comme un renoncement mais analysons les rapports de force : aujourd'hui dans cette zone, de Farabougou à la frontière mauritanienne, ce sont les moudjahidines qui contrôlent, ce sont eux qui définissent les règles de gestion, qui dictent leurs lois. Donc c'est difficile, je le reconnais, mais il y a toujours des possibilités d'adaptabilité et de création des conditions pour que l'État puisse revenir, mais avec la confiance. »
Sollicité par RFI, le ministère de la Réconciliation nationale n’a pas souhaité s’exprimer à ce stade. Il indique devoir encore analyser le compte-rendu des négociateurs du HCI qui avaient été mandatés par les autorités.