Il fallait s’y attendre. Il était presque évident que la politique s’inviterait un jour dans le stade qui porte le nom de l’un des hommes les plus politiques et l’un des hommes politiques les plus clivants de l’histoire du Sénégal.
Le tout, au détriment des inconditionnels du football et de l’équipe nationale, pris au piège des politiques pour l’unique match officiel des "Lions", prévu à Dakar, cette année.
À peine un an après son inauguration, le stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio fait l’objet de convoitises des deux camps politiques qui se regardent en chiens de faïence : l’Apr, parti au pouvoir et le Pastef, son principal adversaire. Conséquence : ce vendredi, l’enceinte de Diamniadio risque d’être transformée en tribune politique et les gradins en stands de meetings politiques.
Tout part de quelques posts sur les réseaux sociaux où certains jeunes, militants ou sympathisants du parti d’Ousmane Sonko, appellent à une manifestation pendant le match qui opposera le Sénégal au Mozambique, comptant pour la 3e journée des qualifications de la CAN 2023. Ces appels à manifester, considérés comme une tentative de sabotage et pris très au sérieux par le pouvoir, demandaient entre autres actions, de scander « Sonko Président » et/ou « Macky Sall dictateur ».
Face à la menace, le camp du pouvoir décide d’apporter la riposte. À l’issue du match des U23 contre le Mali, mercredi, l’injonction est donnée par de hauts responsables de l’Etat à la Fédération sénégalaise de football, de récupérer tous les tickets qui restaient encore invendus dans les différents points de vente ouverts, entre Dakar et Thiès (Cices, mairie Diamniadio, foyer des jeunes de Parcelles et les guichets de plusieurs stades de Dakar et Thiès). L’objectif de la manœuvre : racheter tous les tickets et les redistribuer à des militants du parti au pouvoir, pour s’assurer qu’aucune tentative de sabotage ne prospérera.
« Ils nous ont demandé de tout récupérer ! »
Selon nos informations, les responsables des différentes commissions concernées, notamment celles en charge des finances, de l’organisation et de la billetterie, ont été, vidéos et captures d’écran de menaces de sabotage à l’appui, mobilisés jusque très tard dans la nuit du mercredi au jeudi, pour procéder dans les meilleurs délais, à l’opération récupération des tickets. « Ils nous ont demandé de récupérer tous les billets de tous les points de vente, sous prétexte qu’il fallait éviter le sabotage qui se préparait», indique une source proche du dossier, qui a requis l’anonymat. « Après le match face au Mali, nous avons mis du temps à sortir du stade, pour faire la situation exacte de la vente des tickets. Séance tenante, injonction a été donnée d’arrêter la vente.»
Ainsi, tôt le matin du jeudi, les tickets étaient récupérés et les habitués du stade et autres inconditionnels de l’équipe nationale, ont eu la surprise de leur vie, en se voyant rétorquer qu’il n’y avait plus de tickets. Sans plus de détails, même si dans certains points de vente, les vendeurs finissent par… vendre la mèche : « C’est la fédération qui nous a demandé avec insistance, d’arrêter les ventes et de rendre tous les tickets », se désole l’un d’eux trouvé au guichet d’un des stades de la capitale.
Destination des tickets ? Sans aucun doute, ils ont été redistribués à différents responsables du parti au pouvoir, dont les hommes de main se sont empressés dès l’après-midi d’hier, d’annoncer une distribution gratuite de tickets et une mise à disposition de transport le jour du match. Parmi les responsables de l’Apr les plus en vue dans cette manœuvre politicienne : Doudou Kâ (ministre des transports aériens), Mamadou Guèye (Directeur des Domaines) ou encore Lat Diop (Directeur de la Lonase et membre du Comex de la fédération sénégalaise de football).
Faute de tickets, le groupe de supporters les Ultras renonce au match
Le problème, c’est que la manœuvre finit par priver les vrais amateurs du football, d’un des rares plaisirs de voir la sélection A jouer à domicile. Les Ultras, un des plus dynamiques groupes de supporters qui s’organisent, à leurs frais, pour pousser les "Lions" à la victoire, sont parmi les victimes collatérales. Dans un communiqué sur ses réseaux sociaux, ce groupe indique sommairement : « À cause de la difficulté de trouver des tickets d’entrée sur le marché, les Ultras sont au regret de ne pouvoir assister au match des "Lions" prévu ce vendredi. Nous marquons notre profonde desolation face à cette pénurie de tickets que rien ne justifie. »
Ironie du sort, cette situation aux airs d’ingérence politique, se tient pendant que la Secrétaire générale de la FIFA, la Sénégalaise Fatma Samoura, est en visite officielle à Dakar depuis lundi
Au sein du comité exécutif de la Fédération où siègent beaucoup de hauts responsables de la mouvance présidentielle (Augustin Senghor, Abdoulaye Sow, Lat Diop, Djibril Wade, Seydou Sané, pour ne citer que ceux-là), l’on nous souffle que certains membres ne sont pas d’accord sur le procédé, qui risque surtout de se mettre à dos les vrais inconditionnels du football. Mais les opposants à la mesure ont été rapidement mis en minorité ou craignent d’élever la voix contre la décision. De peur de représailles ?
Nos tentatives de joindre le ministre des Sports et le président de la Fédération sont restées vaines.
emediasn
Le tout, au détriment des inconditionnels du football et de l’équipe nationale, pris au piège des politiques pour l’unique match officiel des "Lions", prévu à Dakar, cette année.
À peine un an après son inauguration, le stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio fait l’objet de convoitises des deux camps politiques qui se regardent en chiens de faïence : l’Apr, parti au pouvoir et le Pastef, son principal adversaire. Conséquence : ce vendredi, l’enceinte de Diamniadio risque d’être transformée en tribune politique et les gradins en stands de meetings politiques.
Tout part de quelques posts sur les réseaux sociaux où certains jeunes, militants ou sympathisants du parti d’Ousmane Sonko, appellent à une manifestation pendant le match qui opposera le Sénégal au Mozambique, comptant pour la 3e journée des qualifications de la CAN 2023. Ces appels à manifester, considérés comme une tentative de sabotage et pris très au sérieux par le pouvoir, demandaient entre autres actions, de scander « Sonko Président » et/ou « Macky Sall dictateur ».
Face à la menace, le camp du pouvoir décide d’apporter la riposte. À l’issue du match des U23 contre le Mali, mercredi, l’injonction est donnée par de hauts responsables de l’Etat à la Fédération sénégalaise de football, de récupérer tous les tickets qui restaient encore invendus dans les différents points de vente ouverts, entre Dakar et Thiès (Cices, mairie Diamniadio, foyer des jeunes de Parcelles et les guichets de plusieurs stades de Dakar et Thiès). L’objectif de la manœuvre : racheter tous les tickets et les redistribuer à des militants du parti au pouvoir, pour s’assurer qu’aucune tentative de sabotage ne prospérera.
« Ils nous ont demandé de tout récupérer ! »
Selon nos informations, les responsables des différentes commissions concernées, notamment celles en charge des finances, de l’organisation et de la billetterie, ont été, vidéos et captures d’écran de menaces de sabotage à l’appui, mobilisés jusque très tard dans la nuit du mercredi au jeudi, pour procéder dans les meilleurs délais, à l’opération récupération des tickets. « Ils nous ont demandé de récupérer tous les billets de tous les points de vente, sous prétexte qu’il fallait éviter le sabotage qui se préparait», indique une source proche du dossier, qui a requis l’anonymat. « Après le match face au Mali, nous avons mis du temps à sortir du stade, pour faire la situation exacte de la vente des tickets. Séance tenante, injonction a été donnée d’arrêter la vente.»
Ainsi, tôt le matin du jeudi, les tickets étaient récupérés et les habitués du stade et autres inconditionnels de l’équipe nationale, ont eu la surprise de leur vie, en se voyant rétorquer qu’il n’y avait plus de tickets. Sans plus de détails, même si dans certains points de vente, les vendeurs finissent par… vendre la mèche : « C’est la fédération qui nous a demandé avec insistance, d’arrêter les ventes et de rendre tous les tickets », se désole l’un d’eux trouvé au guichet d’un des stades de la capitale.
Destination des tickets ? Sans aucun doute, ils ont été redistribués à différents responsables du parti au pouvoir, dont les hommes de main se sont empressés dès l’après-midi d’hier, d’annoncer une distribution gratuite de tickets et une mise à disposition de transport le jour du match. Parmi les responsables de l’Apr les plus en vue dans cette manœuvre politicienne : Doudou Kâ (ministre des transports aériens), Mamadou Guèye (Directeur des Domaines) ou encore Lat Diop (Directeur de la Lonase et membre du Comex de la fédération sénégalaise de football).
Faute de tickets, le groupe de supporters les Ultras renonce au match
Le problème, c’est que la manœuvre finit par priver les vrais amateurs du football, d’un des rares plaisirs de voir la sélection A jouer à domicile. Les Ultras, un des plus dynamiques groupes de supporters qui s’organisent, à leurs frais, pour pousser les "Lions" à la victoire, sont parmi les victimes collatérales. Dans un communiqué sur ses réseaux sociaux, ce groupe indique sommairement : « À cause de la difficulté de trouver des tickets d’entrée sur le marché, les Ultras sont au regret de ne pouvoir assister au match des "Lions" prévu ce vendredi. Nous marquons notre profonde desolation face à cette pénurie de tickets que rien ne justifie. »
Ironie du sort, cette situation aux airs d’ingérence politique, se tient pendant que la Secrétaire générale de la FIFA, la Sénégalaise Fatma Samoura, est en visite officielle à Dakar depuis lundi
Au sein du comité exécutif de la Fédération où siègent beaucoup de hauts responsables de la mouvance présidentielle (Augustin Senghor, Abdoulaye Sow, Lat Diop, Djibril Wade, Seydou Sané, pour ne citer que ceux-là), l’on nous souffle que certains membres ne sont pas d’accord sur le procédé, qui risque surtout de se mettre à dos les vrais inconditionnels du football. Mais les opposants à la mesure ont été rapidement mis en minorité ou craignent d’élever la voix contre la décision. De peur de représailles ?
Nos tentatives de joindre le ministre des Sports et le président de la Fédération sont restées vaines.
emediasn