Au début, quand le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne a affiché son intention de faire en sorte que l’édition 2015 des Vacances citoyennes soit une campagne inclusive, sans coloration politique, nous avions applaudi des deux mains.
Lorsque, également, en conférence de presse d’avant démarrage des Vacances citoyennes, le responsable de l’Alliance pour la République (Parti au Pouvoir) avait décidé de s’éloigner des contingences partisanes et d’inviter ses précurseurs auxdites Vacances, allant même jusqu’à tendre la main aux anciens ministres libéraux qui l’ont précédé dans ce Ministère, on s’était exclamé “bingo!”.
A cet effet, Actusen.com, débordant de séduction, avait même titré : “ce que Mame Mbaye Niang va faire pour ces Vacances citoyennes : pas si sûr qu’un autre ministre l’aurait fait en direction de ses prédécesseurs d’un défunt régime” .
Quand, aussi, lors de l’ouverture de la cérémonie officielle à Thiès, Mame Mbaye Niang avait fait venir des jeunes, des handicapés, des femmes et des hommes, de toutes obédiences, d’horizons divers, à la Salle de délibération de la Mairie de Thiès, pour assister au Forum sur l’emploi des jeunes, Actusen.com a été séduit.
Mais force est de constater que les déclarations d’intention du ministre ont vite viré au cauchemar. Pour cause, en lieu et place d’activités à connotation éducative, environnementale, préventive concernant certaines maladies comme le paludisme, on a eu droit à du folklore. Que ce soit à Thiès ou à Saint-Louis, le format des Vacances citoyennes s’inspire du “mbalax” du ministre-artiste Youssou Ndour.
Les jeunes ont dansé, chanté et rigolé, pendant des heures. Du pur loisir, quoi ! Mais la lancinante question qu’il faille se poser et à laquelle on aimerait avoir une réponse, c’est de savoir à quoi les intenses moments de concerts, fussent-ils du Roi du “Mbalax”, peuvent-ils servir à la Jeunesse sénégalaise ? Au nom de quoi, pour des activités aussi récréatives, le Trésor doit-il saigner, dans un contexte de raréfaction des ressources financières ?
De Thiès à Saint-Louis, on danse, rigole et chante : mais zéro activité citoyenne pouvant impacter sur le devenir du contribuable sénégalais
A cette litanie de questions, vient se greffer celle qui est de nature à fâcher plus d’un et qui consiste à savoir à combien Youssou Ndour et son orchestre ont-ils coûté à Gorgorlu, pour accepter de troquer Dakar, la capitale sénégalaise et ses boites de nuit contre les rigueurs hivernales de l’intérieur du pays. Combien le contribuable sénégalais a-t-il dû casquer, pour que les concerts de Youssou Ndour soient retransmis en direct sur la Tfm, avec tout ce que celui-ci devrait engendrer comme charges financières ?
Et tout ça pour ne se retrouver, en contre-partie, qu’avec du “mbalax”. Ni plus, ni moins ! Aucune leçon de civisme à inculquer à une jeune génération, dont une bonne composante est en déperdition. Aucun acte de nature à faire relever le niveau scolaire maladivement bas de nos élèves. Aucun arbre planté, aucune activité médicale pour prémunir de certaines maladies !
Tout au plus, on a eu droit à un Youssou Ndour tenant la main du ministre Mame Mbaye Niang, la brandissant comme un trophée de guerre, pour dire aux populations de Saint-Louis, “je vous confie le ministre Mame Mbaye Niang”.
Avec ces services de Youssou Ndour, si ce n’est pas un conflit d’intérêts, ça y ressemble à merveille
Si les services de Youssou Ndour étaient rémunérés à coup de millions (seul Mame Mbaye Niang a la réponse), le ministre-conseiller, artiste interplanétaire, ne ferait-il pas preuve d’un conflit d’intérêts. Au motif que s’il émarge mensuellement pour son statut de ministre-conseiller, rien ni personne ne saurait expliquer qu’il puisse, en même temps, consacrer ses heures perdues, à des concerts pour lesquels l’Etat pourrait être amené à faire saigner son portefeuille;
On sait que, sous le défunt régime libéral, les Vacances citoyennes avaient une forte dose politique et politicienne sur fond très souvent de violences inouïes entres jeunes du Parti démocratique sénégalais. Mais l’on assistait parfois à des activités qui cadraient souvent avec les lettres de noblesse des Vacances citoyennes. Ce fut le cas avec l’installation des camps-chantiers intégrés dans des zones du territoire national.
A l’intérieur de ces camps, les jeunes débattaient soit d’agriculture, soit de muraille verte, soit sujets liés à la Santé des populations. Tout ça, sous le regard des Mouvements nationaux et ou Associations de jeunesses sous la supervision des Services déconcentrés du Ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs».
On ne le dira jamais assez : le ministre Mame Mbaye Niang était bien parti, en décidant d’axer le thème de la présente édition sur : «Pour l’émergence du Sénégal, je m’engage.» . Alors, il n’est pas trop tard pour quitter la pente dans laquelle lui et les Vacances citoyennes sont en train de sombrer. Et pour ce faire, le ministre n’a nullement besoin d’aller chercher l’explication au Ciel. Il lui suffit juste de parler avec les jeunes de choses utiles, pouvant influer sur leur devenir, et réduire le “mbalax”. A défaut de pouvoir l’abandonner, parce que celui-ci relève d’une denrée nationale. A bon entendeur, salut !
Nafissatou DIEYE (Actusen.com)