Si la France était objectivement favorable au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), la Casamance aurait obtenu son indépendance. Ce postulat, comme dans la résolution de toutes équations en mathématiques, doit présider à l’appréciation du « problème casamançais » et à l’analyse de la situation qui prévaut de nos jours en Casamance. Car, tout compte fait, face au MFDC, l’allié le plus sûr de l’Etat sénégalais, ce sont sans conteste la France et tous les Gouvernements français successifs, qu’ils soient de gauche ou de droite. Et ce, en dépit de la présence relativement massive et agissante d’indépendantistes casamançais en France, dont un certain Mamadou « Nkrumah » Sané, réputé incarner l’aile la plus radicale du MFDC.
Or, héberger Nkrumah comme nombre d’autres indépendantistes casamançais, équivaut pour la France à prévenir tous actes ou actions préjudiciables aux intérêts du Sénégal. Et, croyez-moi, le Sénégal n’en espérait pas tant de son fidèle allié.
En ce qui concerne les Etats-Unis, le plus grand service qu’ils aient jamais rendu au MFDC, c’est d’avoir appris aux dirigeants du mouvement indépendantiste, puis fait admettre aux plus lucides d’entre eux, que leur erreur fut historiquement d’avoir considéré l’Etat français, dans ce qui oppose le MFDC à l’Etat sénégalais, comme un ennemi au même titre que celui-ci. Pour le reste, pour tout le reste, il faut reconnaître que les Etats-Unis s’intéressent au MFDC, uniquement, mais alors uniquement, dans le cadre de ses opérations de renseignement dans la Sous-région ouest-africaine, non compte tenu, cependant, que toute erreur politique ou diplomatique de la France serait ici, et notamment en Casamance, comme du pain béni pour l’administration américaine.
C’est donc dans ce contexte que des responsables du MFDC, aile intérieure et aile extérieure confondues, ont été approchés par les ‘‘services’’ américains. Certains parmi ces responsables du MFDC en ont eu la tête enflée, et de manière affreuse. Et, pour sûr, ils ne s’en remettront jamais, y compris surtout ceux qui passent pour l’élite par excellence du MFDC. De sorte que tous confondent ‘‘faire du renseignement’’ et ‘‘se mettre au service du MFDC contre le Gouvernement sénégalais’’ ; et, plus grave encore, ils parviennent à laisser à penser, c’est du moins ce qui se passe dans l’imaginaire de certains, que les incidents malheureux, qui ont opposé récemment l’armée nationale et des bandes armées en Casamance, augureraient (de) voire inaugureraient je ne sais quelle reprise des hostilités en Casamance, sous la bénédiction, pour les uns de la France, et pour les autres des Etats-Unis, quoique pour des motivations diversement opposées. Non ! Trois fois non ! De tout cela, il n’en est strictement rien.
En effet, les derniers accrochages militaires survenus en Casamance ne sont rien moins que des actes isolés doublés d’incidents fortuits, c’est-à -dire des accidents. Qui plus est, le MFDC ne s’inscrit aucunement dans la dynamique de la reprise de la guerre en Casamance. D’abord, parce que, globalement, il a beaucoup appris, et qu’il a mûri. Il a particulièrement appris que la guerre ne procure que souffrances, désolation, misère au peuple dont il prétend défendre les intérêts. Ensuite, parce que, malgré tout, il est devenu plus professionnel qu’amateur, plus politique qu’il n’avait été nationaliste jadis de manière caricaturale ou aveugle. Et enfin, parce l’aile intérieure du MFDC éprouve de moins en moins le complexe d’infériorité à l’égard de sa consœur extérieure, pour avoir notamment découvert les limites et autres carences avérées de cette dernière.
Tout cela pris en compte, toutes choses égales par ailleurs, ce qui est possible ou valable au nord Mali, ou sous d’autres cieux, ne saurait l’être chez nous, en Casamance.
Dakar, le 10 novembre 2015.
Jean-Marie François BIAGUI
Ancien Secrétaire Général du MFDC
Président du Mouvement pour le Fédéralisme
et la Démocratie Constitutionnels (MFDC-fédéraliste)
Or, héberger Nkrumah comme nombre d’autres indépendantistes casamançais, équivaut pour la France à prévenir tous actes ou actions préjudiciables aux intérêts du Sénégal. Et, croyez-moi, le Sénégal n’en espérait pas tant de son fidèle allié.
En ce qui concerne les Etats-Unis, le plus grand service qu’ils aient jamais rendu au MFDC, c’est d’avoir appris aux dirigeants du mouvement indépendantiste, puis fait admettre aux plus lucides d’entre eux, que leur erreur fut historiquement d’avoir considéré l’Etat français, dans ce qui oppose le MFDC à l’Etat sénégalais, comme un ennemi au même titre que celui-ci. Pour le reste, pour tout le reste, il faut reconnaître que les Etats-Unis s’intéressent au MFDC, uniquement, mais alors uniquement, dans le cadre de ses opérations de renseignement dans la Sous-région ouest-africaine, non compte tenu, cependant, que toute erreur politique ou diplomatique de la France serait ici, et notamment en Casamance, comme du pain béni pour l’administration américaine.
C’est donc dans ce contexte que des responsables du MFDC, aile intérieure et aile extérieure confondues, ont été approchés par les ‘‘services’’ américains. Certains parmi ces responsables du MFDC en ont eu la tête enflée, et de manière affreuse. Et, pour sûr, ils ne s’en remettront jamais, y compris surtout ceux qui passent pour l’élite par excellence du MFDC. De sorte que tous confondent ‘‘faire du renseignement’’ et ‘‘se mettre au service du MFDC contre le Gouvernement sénégalais’’ ; et, plus grave encore, ils parviennent à laisser à penser, c’est du moins ce qui se passe dans l’imaginaire de certains, que les incidents malheureux, qui ont opposé récemment l’armée nationale et des bandes armées en Casamance, augureraient (de) voire inaugureraient je ne sais quelle reprise des hostilités en Casamance, sous la bénédiction, pour les uns de la France, et pour les autres des Etats-Unis, quoique pour des motivations diversement opposées. Non ! Trois fois non ! De tout cela, il n’en est strictement rien.
En effet, les derniers accrochages militaires survenus en Casamance ne sont rien moins que des actes isolés doublés d’incidents fortuits, c’est-à -dire des accidents. Qui plus est, le MFDC ne s’inscrit aucunement dans la dynamique de la reprise de la guerre en Casamance. D’abord, parce que, globalement, il a beaucoup appris, et qu’il a mûri. Il a particulièrement appris que la guerre ne procure que souffrances, désolation, misère au peuple dont il prétend défendre les intérêts. Ensuite, parce que, malgré tout, il est devenu plus professionnel qu’amateur, plus politique qu’il n’avait été nationaliste jadis de manière caricaturale ou aveugle. Et enfin, parce l’aile intérieure du MFDC éprouve de moins en moins le complexe d’infériorité à l’égard de sa consœur extérieure, pour avoir notamment découvert les limites et autres carences avérées de cette dernière.
Tout cela pris en compte, toutes choses égales par ailleurs, ce qui est possible ou valable au nord Mali, ou sous d’autres cieux, ne saurait l’être chez nous, en Casamance.
Dakar, le 10 novembre 2015.
Jean-Marie François BIAGUI
Ancien Secrétaire Général du MFDC
Président du Mouvement pour le Fédéralisme
et la Démocratie Constitutionnels (MFDC-fédéraliste)